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Le médecin Kim Chi Na consulte un patient atteint du virus VIH. |
En attendant les résultats de son examen au Centre de médecine préventive du 11e arrondissement, un séropositif confie : “je serais très inquiet si les frais médicaux de mon traitement étaient pris en charge par l’assurance-maladie. La société où je travaille apprendra les informations relatives à ma santé, ces informations ne seront plus secrètes et je pourrais perdre mon emploi”.
Peur d’être reconnu
Ayant le même souci, H.V, un étudiant séropositif, dit que ses parents ne savent pas qu’il était porteur du virus du Sida. Mais s’il prend souscrit à l’assurance-maladie familiale, ses proches le découvriront. Il a ajouté : «je n'ose pas imaginer les choses qui pourraient se produire alors».
Selon Bùi Thi Anh Tu, vice-doyenne de la faculté de consultation et de soutien communautaire du 11e arrondissement, lors du processus de consultation pour l'assurance-maladie de ses patients, elle a entendu des avis et des soucis similaires. Sur 2.000 patients qui sont traités là, 74% possèdent une carte d'assurance-maladie, mais ne l’utilisent pas parce qu’ils ont peur de dévoiler certaines informations personnelles.
«De nombreux patients sont étudiants, fonctionnaires ou hommes d’affaires. Ils assument des positions importantes dans la société ou dans leur compagnie, donc, pour eux, la souscription à l'assurance-maladie n’est pas difficile. Mais ils ont très peur que leurs informations personnelles soient divulguées lorsqu'ils utilisent leur carte afin de bénéficier de soins de santé», a indiqué Mme Tu Anh.
Un patient prend des médicaments ARV, au Centre de médecine préventive du 11e arrondissement. |
Elle ajoute que certains patients souhaitent avoir deux cartes (une pour le traitement par médicaments antirétroviraux (ARV), et une autre, “normale”, pour assurer la discrétion sur leur état de santé. Toutefois, selon Mme Tu Anh, cela est impossible parce que la réglementation de l'assurance-santé ne prévoit pas cette possibilité.
En outre, Hô Chi Minh-Ville a fondé 16 cliniques externes situées au sein des hôpitaux locaux afin de faciliter l’accès au traitement du VIH par l’assurance-maladie, à côté des centres de médecine préventive qui proposent les deux services de prévention et de traitement.
Ces nouveaux établissements se chargeront également du traitement et des soins des malades. Cependant, jusqu'à maintenant, ils n'ont pas vraiment bénéficié d'un enthousiasme de la part des personnes visées : en plus de six mois d'activité, seulement 252 patients leur ont transmis leur dossier.
C'est l'Hôpital de Thu Duc qui en a pris en charge le plus grand nombre avec 180 patients, tandis que d'autres établissements comme ceux de Go Vâp, de Binh Tân et du 11e arrondissement n’en ont aucun... Selon les estimations du Centre municipal de prévention et de lutte contre VIH/SIDA (CMPLCVS), ce nombre est particulièrement faible lorsqu'on sait que près de 30.000 séropositifs et sidéens sont traités dans la ville.
Selon l’opinion d’un patient qui suit un traitement ARV au Centre de médecine préventive du 6e arrondissement, cette situation est normale. Il explique que lorsqu'il allait à la clinique de l’hôpital local sous couverture de l’assurance maladie, dès les premières formalités administratives, il devait faire une déclaration personnelle (nom, histoire de sa maladie…) aux cadres de l’hôpital. Or, ces informations personnelles seront, à un moment ou à un autre révélées facilement durant leur circulation au sein du système de gestion hospitalière. Il conclut en affirmant : “En général, j’aime le secret et être soigné en secret”. C’est le souhait de la majorité des personnes atteintes du VIH/SIDA.
Le médecin Kim Chi Na, doyenne de la faculté de consultation et de soutien communautaire du 11e arrondissement, partage : “En réalité, ma faculté est en état de surcharge. J’espère que mes patients migreront vers les cliniques des hôpitaux. Pourtant, actuellement, les hôpitaux n’ont pas encore de clinique spécifique et de personnel spécial pour ces patients. C’est un obstacle”.
Une prise de sang pour diagnostic du taux de présence du virus. |
1.000 cas non encore couverts
par l’assurance-santé
Selon les rapports du CMPLCVS, il y a encore près de 1.000 sur les 30.000 patients connus qui rencontrent des difficultés lorsqu’ils doivent justifier de leur identité pour pouvoir recevoir la carte d’assurance-santé, parce que ces cas n’ont aucune identification (Livret de famille, papiers d'identité...).
«Pour les patients qui n'ont pas de documents d'identité, même si l’État les aide à souscrire à l’assurance-santé, ils ne peuvent toujours pas être traités en raison du paiement des frais médicaux par l'intermédiaire de la carte d'assurance-maladie, qui dévoile leur identité», a souligné le médecin Duong Minh Hai, cadre du CMPLCVS. Ceci est un des problèmes sans solution à ce jour.
Mme Kim Chi Na s’inquiète de cette situation. Pour elle, il y a un risque que le traitement des séropositifs soit interrompu. Cela entraînera une augmentation du taux de résistance aux médicaments, et une possible évolution de l’épidémie dans la communauté.
Devant cette situation, le CMPLCVS coopérera avec les services de police pour créer des groupes de conseils pour étudier chaque cas particulier et aider à l’identification. En cas de force majeure, le CMPLCVS proposera à la ville d’offrir des médicaments ARV pris en charge à 100% afin que les traitements ne soient pas interrompus.