La préservation de la musique des ethnies minoritaires passe par la transmission

Le secteur de la culture, des sports et du tourisme procède actuellement à répertorier les patrimoines culturels immatériels dans l'ensemble du pays, dont la musique traditionnelle des ethnies minoritaires.

Selon le Professeur Trân Quang Hai, musicologue vietnamien résidant en France, la musique en général et celles des minorités ethniques en particulier est dotée d'une force invisible. Elle passe par delà les différences de langue, les distances qui nous séparent, la couleur de peau et les religions. C'est un courant qui s'écoule lentement, d'âme en âme, du coeur de l'un à celui de l'autre, aidant les gens à se rapprocher et à s'aimer.

Le Vietnam est un pays multiethnique ayant une riche musique folklorique. La musique des minorités ethniques est née, s'est maintenue et développée tant au travail que dans la vie quotidienne. Ce sont les douces berceuses du delta du fleuve Rouge, le chant narré des Dao rouges, les chansons des enfants gardiens de buffles et des canards de l'ethnie Giay, ou encore le chant giao duyên (chant pour la première rencontre entre le garçon et la jeune fille) des ethnies San Chay, San Diu, Nùng...

Le maintien et la vulgarisation des différents courants musicaux des ethnies minoritaires se traduisent par la représentation scénique, à travers les airs folkloriques et les instruments de musique apportés par les minorités aux marchés de l'amour. Une manière habile de présenter la musique des ethnies minoritaires à un public plus large.

Il faut tout faire pour préserver l'identité de la musique des minorités ethniques, car "il y a péril en la demeure", selon Svanibor Pettant, un chercheur slovène. D'après lui, l'environnement musical du Vietnam change. La musique des minorités ethniques s'oriente vers une nouvelle tendance. "Et ce changement est irrésistible", souligne-t-il.

Enseignement de la musique traditionnelle dans les écoles

Reconnaissant le changement de l'environnement musical comme une évidence, Tô Ngoc Thanh, président de l'Association des lettres et des arts folkloriques, affirme que la préservation et la restauration de l'environnement musical des ethnies minoritaires doivent être rattachées au sentiment et à la conscience de la population. Si l'on veut y parvenir, il faut enseigner la musique des minorités ethniques aux jeunes, comme le suggère le Professeur Trân Quang Hai. Car, d'après lui, ce genre musical est négligé dans le système scolaire. "L'enseignement doit être effectué à tous les niveaux de la scolarité. À l'école maternelle, les petits seront initiés à la musique au travers de chansons accompagnées de jeux d'enfant. Du primaire au lycée, les élèves apprendront la musique typique de chaque région comme le chant +trông quân+, le chant +quan ho Bac Ninh+ ou le chant +xoan+ issus du delta du fleuve Rouge, les airs populaires du Centre, les chants alterné du Sud, etc.", souligne le Professeur Trân Quang Hai.

Selon le musicologue Larry Francis Hillarian, l'introduction de la musique traditionnelle dans les écoles a connu un éclatant succès à Singapour. Ce type de musique avait été complètement oublié sur l'île mais actuellement, la musique musulmane Malay, qui a été introduite au programme scolaire à raison de 40-45 minutes hebdomadaire, devient peu à peu un incontournable de la vie quotidienne des Singapouriens.

Le musicologue finlandais Kai Aberg souligne pour sa part l'importance du rôle de la famille dans la transmission de la musique à la jeune génération. Il cite l'exemple des immigrants Gipsy de Suisse en Finlande où ils ont formé l'ethnie Kaale. La plupart des Gipsy, une communauté qui compte environ 10.000 personnes, sont capables de danser et de chanter grâce à la transmission de la musique traditionnelle au sein de la famille. Les groupes qu'ils ont formé donnent des représentations un peu partout afin d'affirmer leur identité culturelle. Ces efforts encourageants ont été récompensés. Plusieurs organisations et instituts de la musique de Finlande ont donné des cours sur la musique Gipsy et le nombre d'inscriptions augmente de jour en jour.

Les expériences internationales et la réalité de la vie musicale au sein de la communauté des minorités ethniques prouvent que l'enseignement de la musique traditionnelle dans le système éducatif national est un des enjeux pour la préservation et la valorisation de l'identité culturelle des ethnies minoritaires du Vietnam.

Giang Ngân/CVN

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