Une mauvaise alimentation et des heures de travail sédentaire dans les rues paralysées de la capitale thaïlandaise ont conduit de nombreux agents de la circulation à l’embonpoint, voire pire. La police a donc mis en place un programme sur deux mois qui a déjà convaincu près de 60 volontaires.
Un agent de la circulation thaïlandais travaille à Bangkok. |
Après deux semaines, le sergent-major Nitas Saisaard, 48 ans, a déjà perdu six kilos sur ses 144 de départ, et près de 8 cm de tour de taille.
«Quand je gère la circulation, quand je suis au milieu de la route, entre les voitures, je suis parfois touché, frôlé par les rétroviseurs», explique-t-il alors que la sueur dégouline sur son front.
Les cours, qui comprennent notamment yoga et aérobic deux fois par semaine, semblent bien marcher. Mais il a dû aussi renoncer à ses plats frits favoris et au riz, remplacés par un régime à base de fruits et de soupe.
«J’ai pris du poids parce que je mangeais beaucoup, tard le soir» après le travail, poursuit le policier, qui avait déjà par le passé tenté en vain d’affiner sa silhouette.
Encas gras et bon marché
La police de Bangkok souhaite que les agents dont le tour de taille dépasse 90 cm s’inscrivent aux cours de gym pour perdre au moins 10 kilos. Elle promet même une prime de 120 euros à ceux qui auront les meilleurs résultats.
La police de Bangkok souhaite que les agents dont le tour de taille dépasse 90 cm s’inscrivent aux cours de gym pour perdre au moins 10 kilos. |
«Les supérieurs de la police ont vu que nos agents étaient trop corpulents, alors ils ont décidé qu’ils devaient perdre du poids», explique le lieutenant-colonel Sujit Suksamai, qui suit également le programme.
«Quand un policier est trop gros, il ne peut pas travailler vite. Réduire la graisse les rend plus forts, en meilleur santé, et plus rapides».
«Des policiers plus minces gagneraient davantage la confiance du public», renchérit Kawita Kruenjit, qui dirige certains des cours dans un hôpital privé de Bangkok.
«Quand le public voit ces gros policiers, il se dit +comment vont-ils courir après les méchants?+»
Les policiers, eux, mettent leur surpoids sur le compte du stress de vacations de 15 heures, au cœur d’une des villes les plus embouteillées du monde.
«Mais c’est surtout leur appétit pour les encas gras et bon marché des stands de rue qui les perd», estime Doungrut Wattanakitkraileart, de l’Université Mahidol de Bangkok.
Plus de la moitié des 265 poli-ciers de la circulation qu’elle a interrogés en 2011 dans un district de la capitale affichaient un taux excessif de cholestérol.
«La nourriture en vente près des postes de police n’est pas saine, elle est grasse et salée», poursuit-elle, mettant également en avant des salaires peu élevés qui ne facilitent pas les régimes sains.
Le nouveau programme «Fit and Firm» («En forme et ferme») change petit à petit certaines habitudes, même pour ceux qui ne sont pas vraiment obèses.
«La première fois, après 45 minutes d’aérobic non stop, tout mon corps était courbaturé. Mais maintenant (...), je peux le faire sans m’arrêter», note le sergent-major Wichien Noppan, 90 kilos. «Nous devons nous montrer en public, alors avoir l’air classe est la priorité, et notre apparence et notre silhouette doivent être fermes». Mais pour le sous-lieutenant Banyong Wannawong, 130 kilos, les habitudes ont la vie dure.
«Mes plats préférés font grossir», lâche-t-il en avalant un curry thaï et du riz blanc dans sa cabine de surveillance, sur un carrefour encombré de la capitale. «Je pourrais en manger moins, mais je n’en profiterais pas autant».
AFP/VNA/CVN