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Le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, commente devant la presse les résultats de l'entreprise pour 2020, le 24 février à Saint-Denis. |
"C'est moins pire que ce qu'on avait craint, mais ce ne sont pas de bons résultats", a sobrement commenté le PDG Jean-Pierre Farandou devant des journalistes, mercredi 24 février.
"Le groupe a souffert de la crise. Il a souffert, mais il ne s'est pas effondré", a-t-il relevé, notant qu'"il a fait plus que jamais preuve de son utilité publique".
La SNCF avait déjà perdu 801 millions d'euros en 2019, année plombée par la grève contre la réforme des retraites en décembre et des effets comptables défavorables.
En 2020, le chiffre d'affaires a reculé de 14,6% à 29,975 milliards d'euros, pénalisé par les effets de la crise sanitaire (-6,8 milliards) et dans une moindre mesure par la fin de la grève en janvier (-400 millions).
"À l'intérieur du groupe, nous avons le bénéfice de la diversification de nos activités", a relevé M. Farandou. "La SNCF, ce n'est pas que le TGV, et heureusement!"
La filiale de logistique Geodis (logistique) a plus que résisté avec un chiffre d'affaires en hausse de 4,5%, à 8,4 milliards d'euros.
Les autres composantes du groupe public ont vu fondre leurs revenus : -28% pour SNCF Voyageurs (TGV, TER et banlieue parisienne), -8% pour Keolis (transports publics), -12% pour le fret, -9% pour SNCF Réseau et -4% pour les gares.
La grande vitesse ferroviaire, dont la SNCF tire habituellement ses bénéfices, a été particulièrement malmenée par la crise sanitaire, avec une baisse du trafic de 48%, et - du fait des "petits prix" consentis pour regagner le cœur des voyageurs - un recul du chiffre d'affaires plus marqué de 54%, à 3,7 milliards d'euros. La perte de chiffre d'affaires pour les TGV est estimée à 4,8 milliards.
Rebond à l'automne ?
"La mobilité internationale est à l'arrêt et le marché français au ralenti", a déploré la direction.
Les activités conventionnées, trains régionaux et Keolis, ont moins souffert, même si elles ont aussi perdu près de la moitié de leurs voyageurs.
Au niveau du résultat d'exploitation, le TGV s'est enfoncé dans le rouge. SNCF Réseau a résisté et Geodis a su tirer son épingle du jeu.
La "marge opérationnelle" est restée positive à l'échelle du groupe grâce aux effets d'un drastique programme de réduction des charges, de 2,5 milliards d'euros, a relevé la direction.
"Nous avons peigné l'ensemble de nos dépenses et cherché à optimiser l'utilisation de notre cash", a expliqué le directeur financier Laurent Trevisani.
"Nous avons renoncé à des projets", a-t-il ajouté, précisant que la direction avait "sanctuarisé" ceux qui concernent la sécurité et la préservation de l'outil industriel. La SNCF a aussi poursuivi ses projets participant à sa "politique de rebond" pour l'après-crise, selon lui.
Le groupe compte notamment toujours lancer son TGV à bas coût Ouigo en Espagne courant mai.
La SNCF a toutefois dû alourdir à nouveau sa dette, que l'État venait d'alléger de 25 milliards au 1er janvier. Celle-ci s'élevait à 38,1 milliards au 31 décembre.
La direction table désormais sur une "reprise d'activité progressive (...) à partir de l'automne, avec un plein effet en 2022", selon M. Trevisani. Ce qui devrait lui permettre de tenir ses engagements de stabilité financière.
Jean-Pierre Farandou préfère cependant ne pas avancer de pronostics pour 2021.
Il compte surtout rebondir sur le marché des déplacements de loisirs, grâce notamment à une refonte de la tarification à l'été, afin de "grignoter" des parts de marchés face à l'automobile.
Le patron de la SNCF ne pense pas devoir en appeler à nouveau à l'État, au-delà des 4,7 milliards d'euros attribués au ferroviaire dans le plan de relance du gouvernement, qui serviront surtout à rénover le réseau.
"Notre posture n'est pas de quémander en permanence de l'argent public", a-t-il affirmé.
AFP/VNA/CVN