La nouvelle vie des Thai à Nghê An

Grâce à l’attention des autorités centrales et locales, ainsi qu’aux efforts déployés par la population pour surmonter les difficultés, le village de Na Ngân (province de Nghê An, au Centre), qui compte tous des minorités ethniques Thai, rayonne de plus en plus chaque jour.

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Le village de Na Ngân, dans le district de Tuong Duong, province de Nghê An (Centre).
Photo : VNA/CVN

Sur les neuf villages que compte la région reculée de la province de Nghệ An (Centre), Na Ngân est le plus difficile d’accès. Situé à plus de 20 km du centre de la commune de Nga My, district de Tuong Duong, ce village isolé n’est accessible que par une piste de terre escarpée qui longe les pentes de la montagne Pù Hiêng. Il compte actuellement plus de 150 foyers avec plus de 750 habitants, tous de l’ethnie Thai. Bien qu’il soit isolé du monde extérieur, grâce à l’attention des autorités et à la volonté de ses habitants, Na Ngân a prospéré et la vie économique de la population s’améliore progressivement.

Riche tradition ethnique

Il nous a fallu plus d’une heure pour parcourir le long chemin de terre escarpé bordé de profonds ravins. Après un long et pénible voyage à travers la forêt, nous avons finalement atteint l’entrée du village de Na Ngân.

Depuis le sommet de la colline, le village se dévoile avec ses toits en tôle, ses herbes hautes et ses tuiles rouges, au pied de la montagne de Pù Hiêng, entouré par les immenses montagnes de Pù Huông.

On remarque les vastes rizières qui s’étendent le long de la vallée, bénéficiant de l’apport de limon des sources en amont de la rivière Nâm Ngân.

Une femme de l’ethnie Thai vanne le riz. 
Photo : VNA/CVN

Selon les anciens du village, depuis les années 1950, des groupes ethniques Thai provenant de districts comme Con Cuông et Quê Phung se sont installés ici, attirés par la rivière Nâm Ngân, l’eau abondante, le sol fertile et une vallée relativement plate. Le nom du village de Na Ngân se traduit en langue thai par “les champs au bord de la rivière Nâm Ngân”. Au-delà de l’agriculture et de la pisciculture, la rivière a joué un rôle important dans le façonnement du village de Na Ngân pour le peuple Thai, reflétant le dicton “Les Thai vivent au rythme de l’eau, les Xa vivent au rythme du feu et les H’mông vivent au rythme de la brume”.

En traversant un petit pont en bois simple qui traverse la rivière Nâm Ngân, les visiteurs pénètrent dans une petite région à forte culture Thai. Les maisons sur pilotis et les toits en bois de Po mu (Fokiena hodginsii), recouverts de mousse, sont uniques et attirent l’attention des touristes.

Selon Kha Van Luân, le village compte actuellement six maisons sur pilotis dont les toits sont en bois de Po mu. Elles ont été les premières à être construites dans le village et sont habitées depuis des décennies par de nombreuses générations. Leur style architectural unique rappelle fortement l’identité culturelle du peuple Thai.

Ces maisons sur pilotis sont devenues des modèles pour les familles qui construisent leurs propres maisons, en s’inspirant de cette architecture. Ainsi, bien que ces maisons sur pilotis aient été construites à des années d’intervalle, elles présentent toujours des similitudes en termes de forme, d’architecture, de décoration et d’aménagement intérieur. Tout cela constitue un ensemble cohérent.

Kha Van Luân explique que les habitants du village sont tous de l’ethnie Thai et qu’ils ont la tradition de construire leurs maisons sur pilotis. Les premières maisons sur pilotis construites remontent à 70 ans.

Fier d’être propriétaire d’une maison sur pilotis avec un toit en bois de Po mu, Vi Van Tuong fait savoir : “Les motifs et les décorations sculptés sur les poutres et les chevrons sont réalisés par des artisans qualifiés. Malgré les années qui passent, les couleurs des motifs et des décorations restent toujours vives et fraîches“. Na Ngân est un village où règne la générosité, l’ouverture d’esprit, le respect et l’hospitalité. Même en tant qu’étrangers, nous avons été accueillis comme des membres à part entière du village, lors de notre première visite.

D’après M. Luân, les villageois ont leur propre cuisine traditionnelle, et à l’occasion des fêtes, ils préparent de la pâte de poisson, des gâteaux ronds de riz gluant noir et des gâteaux carrés de riz gluant farcis de fleurs. Pour ces célébrations, ils organisent aussi des danses folkloriques.

Efforts pour sortir de la pauvreté

Un cours de mathématiques pour les élèves en 5e année à l’École primaire de Nga My.
Photo : VNA/CVN

Avec Na Ca, Canh et Xôp Kho, Na Ngân est l’un des quatre villages pauvres de la commune de Nga My. Isolés et disposant de moyens de transport limités, ses habitants dépendent principalement de l’agriculture à petite échelle et de l’élevage de bétail et de volaille.

Bien que la proportion de ménages pauvres et quasi-pauvres soit encore élevée, les habitants ont développé ces dernières années des modèles économiques autonomes et sortent progressivement de la pauvreté.

Un changement remarquable est aujourd’hui la présence de deux écoles maternelle et primaire au centre, ce qui garantit que 100% des élèves soient scolarisés. En 2016, l’électricité est arrivée à Na Ngân pour la première fois, marquant un tournant important dans la transformation du village et mettant fin à une longue période où les habitants devaient utiliser des lampes à huile, des groupes électrogènes et des générateurs à turbine alimentés par l’eau.

Une réalisation remarquable à mentionner est la construction en 2010 d’une route reliant la zone centrale de la commune de Nga My au village de Na Ngân, passant par des villages comme Na Ca, Na Canh, Xôp Kho. Bien qu’il s’agisse d’une petite piste étroite avec des pentes raides, des ravins profonds, glissante et, les jours de pluie, seulement praticable en moto, elle a permis de raccourcir le temps de trajet jusqu’au village.

Luong Van Tiên, ancien chef du village de Na Ngân, ainsi que les enseignants de la première génération qui se sont aventurés dans le village, se souviennent parfaitement des défis qu’ils ont dû relever avant la construction de la route. Longeant le ruisseau Nậm Ngân, ils ont dû transporter des motos pour traverser le cours d’eau de nombreuses fois. Ces trajets étaient éprouvants, exigeant un départ matinal, et les villageois n’atteignaient le village que le soir. Pendant la saison des inondations, le déplacement était encore plus difficile.

Luong Van Ot, actuel chef du village de Na Ngân, note que des progrès considérables ont été réalisés depuis lors. Aujourd’hui, la plupart des ménages ont accès à des équipements tels que téléviseurs et motos, et beaucoup possèdent des charrues pour l’agriculture. Le village compte trois familles qui tiennent des épiceries, répondant ainsi aux besoins essentiels des habitants.

Les anciennes maisons sur pilotis à l’architecture typique de la culture Thai sont bien préservées dans le village de Na Ngân.
Photo : VNA/CVN

Outre l’élevage de bétail et de volaille, les villageois exploitent les ressources du ruisseau Nâm Ngân pour élever des poissons tels que la carpe et le tilapia. L’extension des zones de culture d’herbe et des plantations de bananes garantit une source stable de nourriture pour le bétail. De plus, les villageois utilisent les terres situées le long du cours d’eau Nâm Ngân pour cultiver diverses plantes, dont le manioc et le maïs. À certaines saisons, ils s’aventurent en forêt pour récolter des pousses de bambou et du miel, qu’ils vendent sur le marché pour compléter leurs revenus.

La principale aspiration des villageois est d’élargir et d’améliorer la piste qui relie la zone centrale de la commune de Nga My au village de Na Ngân. Ce développement comprendrait la construction de ponts solides sur les sections où le ruisseau Nâm Ngân croise la route, ce qui faciliterait les déplacements des habitants. Ces améliorations de l’infrastructure sont essentielles pour stimuler le commerce, renforcer les activités économiques et rompre avec l’approche traditionnelle d’autosuffisance du village. Nous avons quitté Na Ngân alors que le soleil se couchait sur la chaîne de montagnes de Pù Hiêng et que l’air froid remplissait déjà la vallée. Les volutes de fumée s’élevaient des cuisines, enveloppant les vieilles maisons sur pilotis en créant une atmosphère paisible.

Xuân Tiên - Huong Linh/CVN

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