La noria, symbole culturel des montagnes du Nord

La roue à eau ou noria, installée sur les berges des ruisseaux, constitue une image emblématique des régions montagneuses du Nord dont Bac Kan. Face à la rapide modernisation du réseau hydraulique, cet ouvrage nécessite des mesures de préservation.

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Les roues à eau sont étroitement liées à la vie des habitants ethniques du Nord.

Située à plus de 160 km de Hanoï, Bac Kan est une province montagneuse abritant plusieurs ethnies minoritaires dont les Tày, Nùng, Sán Chi et Cao Lan, qui depuis des siècles cohabitent sur cette terre riche en atouts naturels comme culturels. Chaque ethnie possède des us et coutumes qui lui sont propres et qui font partie de la diversité culturelle de Bac Kan.

Pour les habitants locaux, con nuoc est le terme désignant les roues à eau dont l’axe est en bois. Il s’agit d’un astucieux système d’irrigation qui permet d’alimenter les rizières. La con nuoc est également considérée comme le symbole culturel par excellence des ethnies montagnardes. Ces norias gigantesques contribuent en effet à créer un trait unique au cœur des magnifiques paysages naturels des montagnes du Nord.

Création prodigieuse

Personne ne sait vraiment à quand remonte la roue à eau en bambou. Cette machine hydraulique, plutôt simple et rudimentaire, composée uniquement d’un cercle avec un axe en bois, de palettes en bambou et d’auges, reflète la créativité prodigieuse des montagnards dans leur adaptation aux conditions difficiles. Le relief des régions montagneuses du Nord est tourmenté. Les habitants ne peuvent pas appliquer les mêmes structures (construction d’ouvrages d’irrigation, de barrage…) que dans les régions de plaines pour l’irrigation de leurs rizières et la conduite de l’eau jusqu’aux foyers. C’est ainsi que les habitants ont eu l’idée de créer un outil facilitant l’approvisionnement à partir des matières disponibles.

Le bois est privilégié pour la fabrication de l’axe de la roue. Le bois doit être droit, solide et capable de résister à l’eau et aux aléas climatiques. Les palettes, quant à elles, sont en bambou. En outre, c’est en se basant sur la taille de la roue à eau que l’on détermine la longueur et le nombre de palettes. Unenoria haute de 5 m a par exemple besoin de 40 à 45 palettes d’une longueur de 2 m chacune. Autour de l’axe, des trous sont percés pour les palettes. Ces dernières doivent être posées de manière régulière pour garantir l’équilibre de la roue. On utilise ensuite le rotin pour former le cercle à l’image d’une roue. Les autres parties dont les pales et auges en bambou doivent également être correctement montées afin que la roue puisse fonctionner sans accroc.

Icône culturelle

Femmes Thaï, dans la province de Son La (Nord), à côté des norias.

À présent, les ouvrages hydrauliques et d’irrigation dans les districts de Bac Kan se sont modernisés. Les montagnards n’utilisent plus d’instruments rudimentaires dans la production agricole. La con nuoc est ainsi devenue davantage un ouvrage emblématique au service de la présentation des traditions provinciales. Le district de Pac Nam dispose du plus grand nombre de roues à eau, avec 50 pièces. "La roue à eau n’est pas uniquement un instrument de travail mais représente également une particularité de la culture locale", déclare l’artisan Hoàng Hoa, originaire du district de Bach Thông, province de Bac Kan.

La con nuoc était autrefois indissociable de la vie montagneuse. C’est grâce à cet ouvrage que les rizières autrefois peu fertiles sont désormais luxuriantes. Selon Ly Van Leo, un fabricant chevronné de Khuôi Be, son village compte à présent dix roues à eau. Chaque année, après le Nouvel An lunaire, les villageois se mobilisent dans la conception de nouvelles con nuoc pour remplacer les anciennes. Chaque fabrication nécessite plusieurs jours. Ayant hérité d’un savoir-faire ancestral, Ly Van Leo est fort d’une expérience de dix ans dans la conception de con nuoc. À ce jour, il ne peut se rappeler combien il en a faite à Khuôi Be.

Si ces roues à eau rudimentaires ont peu à peu laissé la place aux réseaux de canaux et d’irrigation modernes, elles continuent cependant de revêtir une signification immatérielle importante et sont devenues le symbole culturel de toute une terre.

À l’avenir, la province de Bac Kan compte installer des norias géantes sur les berges du fleuve Câu, à des fins touristiques. "Nous considérons la roue à eau comme l’icône culturelle des ethnies de Bac Kan. Elle associe étroitement la vie et la production agricole de plusieurs générations. Ainsi, préserver ces roues géantes, c’est préserver une belle coutume ethnique tout en nous permettant de développer le tourisme local", a déclaré Nguyên Anh Tuân, chef du Bureau de la culture et de l’information du district de Pac Nam.

Texte : My Anh - NDEL/CVN
Photos : VNA/CVN

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