Le 25 novembre a été une journée inoubliable de la délégation sportive vietnamienne à Canton. Deux jours avant la clôture des 16es ASIAD, la karatéka Lê Bich Phuong, 18 ans, a décroché l'or, la première et unique médaille d'or vietnamienne.
La surprise était énorme sur les tatamis, d'autant que les 16es ASIAD étaient sa première compétition internationale. Or, la jeune fille aux yeux pétillants de malice, au sourire spontané a remporté trois combats consécutifs, d'abord contre une Sud-Coréenne (4-0), une Ouzbèque (3-1) puis une Chinoise (8-0). En finale, face à la championne du monde en titre, la Japonaise Kobayashi Miki, Bich Phuong est restée sereine, frappant avec exactitude comme elle l'avait fait avec ses précédentes adversaires. C'est sur un score de 4-3 que Bich Phuong s'est ouverte la première marche du podium.
Passion
Issue d'une famille paysanne du district de Gia Lâm (Hanoi), Bich Phuong n'a pas connu une vie aisée. Elle a un frère quatre ans plus jeune qu'elle. Pour faire vivre la famille, ses parents doivent, outre la production agricole, faire des travaux d'appoint tels que petit commerce pour la mère et maçonnage pour le père.Bich Phuong a fait connaissance avec le karaté lors des 23es Jeux sportifs de l'Asie du Sud-Est (SEA Games), en 2003. À cette époque, les épreuves de karaté ont eu lieu à la Maison des compétition de Gia Lâm, pas loin de chez elle. "Mes amies et moi sommes allées voir les combats, se souvient la jeune sportive. En voyant les vainqueurs monter sur le podium, je me suis très heureuse, et j'ai ressenti l'envie d'être à leur place".
En 2005, Bich Phuong commence le karaté. Au début, ses parents voient en ce sport un moyen pour leur fille de se bâtir une bonne santé. Chaque jour, pour venir à son cours de karaté dans le centre-ville de Hanoi, Bich Phuong doit parcourir plus de 25 km, et c'est son père qui se chargeait de l'y emmener à moto. Ses maîtres ont vite découvert le talent inné de Bich Phuong. La même année, elle intègre l'équipe des jeunes karatékas de Hanoi. En 2006, Lê Công, l'entraîneur de l'équipe de karaté de l'Armée, lui propose d'intégrer son groupe. C'est alors que la jeune fille décide de tout faire pour devenir une karatéka professionnelle. Avec au menu des entraînements quotidiens de six à sept heures, sauf le week-end.
Sacre
En mars 2010, Bich Phuong incorpore l'équipe nationale. "Lê Bich Phuong est une jeune sportive, mais elle a plusieurs points forts : habileté, résistance, confiance en soi, responsabilité et maîtrise du combat", se souvient son entraîneur Lê Công.
Les coups de pied fulgurants de Bich Phuong sont le fruit de longs et fastidieux entraînements. Constatant une certaine faiblesse des coups de poing de son élève, l'entraîneur Lê Công a décidé de renforcer sa technique de pied. Pendant les entraînements, ses coéquipiers la bombardaient de coups de poing pour qu'elle réagisse avec des coups de pied. À l'issu de ces séances, la jeune sportive avait toujours les jambes en compote. Le fameux dicton "c'est en forgeant que l'on devient forgeron" s'applique aussi au karaté, et la persévérance de Phuong a porté ses fruits.
Autre clé de sa victoire face à la championne du monde, selon Bich Phuong, c'est l'habileté et la souplesse. "Il faut savoir se déplacer adroitement pour éviter les coups de l'adversaire. Et de saisir les bonnes opportunités pour lancer le coup décisif", précise la jeune championne d'Asie.
Bich Phuong n'a pas déçu son maître, avec son titre de championne d'Asie chez les moins de 55 kg. Après cette victoire, elle est plus que jamais motivée pour se perfectionner, conserver son titre et, pourquoi pas, conquérir d'autres sommets. Mais dans l'immédiat, la jeune fille a dit à ses parents d'utiliser ses primes pour acheter des meubles pour la maison, préparer le Têt traditionnel et bien s'occuper de son jeune frère. Après la finale, lorsqu'un journaliste chinois lui a demandé à qui elle pensait le plus, la nouvelle championne d'Asie a répondu tout de suite : "Maman!".
"Lê Bich Phuong est une jeune sportive, mais elle a plusieurs points forts : habileté, résistance, confiance en soi, responsabilité et maîtrise du combat", se souvient son entraîneur Lê Công.
Hoàng Hoa/CVN