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La hausse des prix du pétrole, des métaux et les menaces de guerre commerciale sont un souci pour les entreprises américaines qui viennent d'annoncer leurs résultats pour le premier trimestre |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Arconic, qui s'est séparée il y a 18 mois du fabricant d'aluminium Alcoa pour se spécialiser dans la fourniture de matériaux composites pour les industries automobiles et aéronautiques, a ainsi révisé à la baisse ses prévisions de bénéfice pour l'année. L'entreprise est victime de la hausse des prix de ce même aluminium, visé par des droits de douanes de 10% imposés par l'administration Trump et des sanctions contre le producteur russe Rusal.
La compagnie aérienne American Airlines, de son côté, constate que les prix du pétrole ont grimpé "très vite", ce qui l'a également amenée à une révision à la baisse des anticipations de bénéfice pour l'année. Kraft Heinz (condiments, soupes) mentionne pour sa part des pressions sur les prix du transport, des emballages et de l'essence, tout en maintenant ses prévisions alors que Mondelez (snacks, biscuits) souffre de l'augmentation des prix du cacao.
La compagnie aérienne American Airlines constate que les prix du pétrole ont grimpé "très vite", ce qui l'a également amenée à une révision à la baisse des anticipations de bénéfice pour l'année |
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Une hausse plus forte que prévu de l'inflation inquiète, car elle amènerait la Banque centrale américaine à remonter ses taux plus rapidement, ce qui aurait pour conséquence de ralentir l'économie américaine et mondiale. La Fed a toutefois donné un peu de mou lors de sa dernière réunion en indiquant qu'elle laisserait les prix augmenter un peu plus que 2% (l'objectif qu'elle s'est fixé) avant de réagir, une politique qualifiée de "symétrique". Mais elle prévoit toujours de remonter ses taux encore au moins deux fois cette année.
Marge pour augmenter les prix
Jim Corridore, analyste chez CFRA Research, précise que l'inflation "n'est pas ce qui [les] inquiète le plus", soulignant que les entreprises profitent actuellement de ventes en progrès et de l'impact de la réforme fiscale entrée en vigueur en décembre. "Pour l'instant, cela ne nous inquiète pas plus qu'auparavant, mais c'est quelque chose qu'il faut surveiller", souligne-t-il.
Des fèves de cacao, au 3e Salon du chocolat, le 15 février 2015 à Milan |
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Patrick O'Hare, de Briefing.com, estime toutefois que "le risque d'une accélération des pressions inflationnistes augmente", en raison en partie de la hausse des coûts du travail, même si celle-ci reste encore mesurée comme l'ont montré les chiffres de l'emploi publiés vendredi 4 mai. "Les entreprises qui font état de la hausse du coût des matières premières ont le choix soit de les assumer en réduisant leurs marges bénéficiaires, soit de les répercuter sur leurs clients", souligne-t-il. "Si elles choisissent la deuxième option, alors leurs clients les répercuteront sur les leurs et ainsi de suite, ce qui aboutira à une inflation plus généralisée".
3M, le fabricant d'adhésifs et de matériel médical et de bureau, juge ainsi qu'une forte demande pour ses produits lui laisse encore de la marge pour augmenter ses prix. Un rapport de la Banque mondiale publié en avril a conclu que les prix des matières premières devraient augmenter "plus que prévu" en 2018, notamment pour le pétrole, les métaux et les céréales.
La banque Goldman Sachs juge, elle, que les matières premières connaissent une trajectoire haussière du fait d'une longue période de sous-investissement, mais que les acteurs du marché retardent actuellement leurs achats pour ne pas les effectuer au pic de la hausse. Le Pdg d'American Airlines Doug Parker a ainsi indiqué que la compagnie attendait de voir si l'augmentation des prix du pétrole perdurait avant de la répercuter sur le prix de ses billets.
Pour le constructeur automobile Ford, le surcoût lié à la hausse du coût des matières premières devrait être de l'ordre de 1,5 milliard de dollars cette année. "Nous allons voir deux années d'augmentations assez fortes", a indiqué le directeur financier Bob Shanks, soulignant que cette prévision ne prenait pas en compte les tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium imposés par l'administration Trump en mars. Mais celle-ci "a dans l'ensemble déjà été prise en compte par les marchés", estime-t-il.