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Un opérateur du gestionnaire du réseau de transport d'électricité RTE sur une ligne à haute tension à Areches-Beaufort, le 6 septembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Comme ses voisins européens, l'État français va continuer à dépenser des milliards d'euros pour atténuer l'impact de la pire crise énergétique en Europe depuis les années 1970.
Un chèque énergie exceptionnel sera versé à la fin de l'année à 40% des ménages, soit 12 millions de foyers : 200 euros pour les 20% les plus modestes, et 100 euros pour les autres 20%.
Dans la première version du bouclier tarifaire, le tarif réglementé de l'électricité avait augmenté de 4% en février 2022, et celui du gaz avait été gelé au niveau d'octobre 2021. Non seulement les ménages, mais aussi les copropriétés, les logements sociaux, les petites entreprises et les plus petites communes, environ deux tiers d'entre elles selon Élisabeth Borne, bénéficieront de ce tarif plafonné à 15% l'an prochain.
Sans ce "bouclier", les tarifs auraient augmenté de 120% selon le gouvernement. L'État paiera la différence : cela lui en coûtera 45 milliards d'euros "brut" en 2023, mais 16 milliards d'euros en "net", en déduisant 29 milliards d'euros de reversements des entreprises productrices d'énergie renouvelable - selon un mécanisme que la Commission européenne voudrait généraliser en Europe pour récupérer une partie des "superprofits" des énergéticiens.
La cheffe du gouvernement français a fait part de ses craintes en cas d'"hiver particulièrement froid cumulé à des difficultés d'approvisionnement". Mais elle a insisté sur le fait que "dans les scénarios les plus probables, si chacun prend ses responsabilités et fait preuve de la sobriété nécessaire, il n'y aura pas de coupure".
Pour sa première conférence de presse depuis sa nomination à Matignon, Élisabeth Borne a souligné que les factures moyennes augmenteraient "de l'ordre de 25 euros par mois pour les ménages qui se chauffent au gaz" contre 200 euros sans bouclier, et d'environ "20 euros par mois" pour l'électricité, contre 180 euros sans bouclier.
Pour ceux qui se chauffent au fioul ou au bois, une aide votée cet été au Parlement sera versée d'ici la fin de l'année.
Le gouvernement a en revanche rappelé qu'aucun chèque alimentaire spécifique n'était prévu prochainement, mais une "une aide exceptionnelle de rentrée" de 100 euros par foyer, majorée de 50 euros par enfant, destinée aux bénéficiaires des minima sociaux, sera versée jeudi 15 septembre à 10,88 millions de foyers.
Par ailleurs, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, n'a pas exclu mercredi 14 septembre de maintenir en 2023 des aides sur le carburant, en fonction de l'évolution des cours du pétrole. Elles seraient toutefois "ciblées, notamment sur ceux qui n'ont pas d'autre choix que leur voiture pour aller travailler".
La hausse des tarifs réglementés de 15% a été critiquée comme trop élevée par les oppositions, de Marine Le Pen, cheffe des députés RN, dénonçant une "double peine pour les Français" qui vont subir la hausse tout en finançant le bouclier tarifaire, à Olivier Faure au PS ou au député LFI Manuel Bompard qui a fustigé un gouvernement faisant "payer le peuple et l'État pour ménager les ultrariches et les profiteurs de crise".
Pas de "perte de contrôle"
Sous l'effet de la crise en Ukraine, les flux de gaz russe se sont taris vers l'Europe, ce qui fait craindre des pénuries dans l'hiver et provoque une envolée des prix sur les marchés. Or, ce sont les prix du gaz qui entraînent ceux de l'électricité.
Les gestionnaires des réseaux français de gaz (GRTgaz) et d'électricité (RTE) ont mis en garde mercredi 14 septembre contre des risques de coupures si l'hiver était froid. Un hiver moyen serait plus confortable.
Un gazoduc en Europe. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La différence entre le gaz et l'électricité est qu'il faut économiser dès maintenant le gaz, pour faire durer les réserves déjà constituées le plus longtemps possible.
Concernant l'électricité, RTE n'a pas "totalement exclu" le risque de coupures, estimant qu'elles pourraient être évitées "en baissant la consommation nationale de 1 à 5% dans la majorité des cas, et jusqu'à 15% dans les situations météorologiques les plus extrêmes".
Il s'agit pour les entreprises, collectivités et particuliers de baisser ou reporter la consommation de chauffage, d'éclairage ou de cuisson, notamment lors des pics de consommation, entre 08h00 et 13h00 et entre 18h00 et 20h00.
Le problème de la France est que 26 de ses 56 réacteurs nucléaires sont à l'arrêt en raison de travaux ou de problèmes de corrosion. EDF a redit mercredi 14 septembre que les réacteurs à l'arrêt rouvriraient au cours de l'hiver, une fois les opérations de maintenance terminées, mais tout retard dans ces redémarrages accentuerait les risques de coupure.
La sobriété s'imposera quoiqu'il arrive, y compris au-delà de cet hiver : EDF, selon un audit externe, aura encore de nombreux chantiers à gérer l'hiver prochain et... jusqu'en 2025.
AFP/VNA/CVN