La Française Isabelle Yacoubou (à droite), le 26 juin à Budapest. |
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Les Bleues ont "un peu exorcisé" les démons de 2013, pour reprendre les mots d'Isabelle Yacoubou, en infligeant leur première défaite du tournoi aux tenantes du titre espagnoles le soir du 26 juin en demi-finale (63-58).
Mais pour que le passé ne revienne pas insidieusement les hanter, encore faut-il cette fois-ci qu'elles aillent jusqu'au bout, et ramènent à la France le troisième titre européen de son histoire, après ceux de 2001 et 2009.
Ce serait le deuxième titre personnel pour quatre joueuses emblématiques des "Braqueuses" - Céline Dumerc, Sandrine Gruda, Endy Miyem et Yacoubou (Anaël Lardy aurait aussi gagné les deux titres) -, un surnom né un soir de juin 2009 en Lettonie.
Dumerc, la capitaine, veut croire que l'exemple de 2013 leur servira. "On était à la maison, et peut-être qu'on avait abordé cette finale en pensant que le plus dur était fait. Sauf que pas du tout", se rappelle "Caps".
"Cette année, c'est différent", estime-t-elle. "On connaît les qualités de coeur, d'investissement des Serbes. Et il n'y a pas le même engouement autour de nous qu'en 2013. Donc, on est beaucoup plus focalisé sur ce qui se passe sur le terrain".
Une victoire dimanche ferait de la France la nation la plus titrée au plan continental avec la Russie (2003, 2007 et 2011), et devant l'Espagne (1993 et 2013), depuis l'éclatement du bloc soviétique.
Elle détiendrait ainsi les deux titres européens. Son équipe masculine avait remporté le premier titre de son histoire en 2013 en Slovénie, après un parcours assez similaire, marqué par une victoire sur l'Espagne, tenante du titre, en demi-finale.
Mais pour voir une telle issue se concrétiser, les Bleues devront garder à l'esprit que l'équipe de France féminine a perdu deux fois plus de finales européennes qu'elle n'en a gagnées. Elle a aussi été médaillée d'argent en 1970, 1993, 1999 et 2013.
Deux femmes entraîneurs
La Serbie, dont le meilleur résultat dans un Championnat d'Europe était une 4e place en 2013, n'aura pas grand-chose à perdre dans ce match qui distribuera un ticket direct pour les JO-2016 à Rio.
Elle essaiera de devenir le premier pays issu de l'ex-Yougoslavie à décrocher l'or européen. La Yougoslavie n'a jamais été sacrée championne d'Europe, mais a été quatre fois finaliste (1968, 1978, 1987, et 1991), s'inclinant à chaque fois contre l'URSS.
Les deux équipes ont connu un parcours tortueux dans cet Euro. La France n'a subi qu'une défaite, au deuxième tour contre la Turquie (56-66). Mais elle n'a survolé aucune rencontre et n'a commencé à exploiter pleinement son potentiel qu'en quarts contre la Russie (77-74).
La Serbie a fini seulement quatrième de son groupe au deuxième tour, après avoir perdu deux de ses trois matches. Mais elle s'est reprise magnifiquement en quarts contre la Turquie (75-63), médaillée de bronze en 2013, et a enchaîné en demie face au Bélarus (74-72).
Cette finale aura la particularité d'opposer les deux seuls entraîneurs féminins de l'Euro. Valérie Garnier avait succédé en 2013 à Pierre Vincent à la tête de l'équipe de France. Marina Maljkovic dirige depuis 2012 la sélection serbe.
Celle-ci connaît fort bien la France, son autre pays de coeur. Elle y a vécu quand son père Bozidar entraînait le CSP Limoges (1992-1995), qu'il a emmené au titre de champion d'Europe en 1993. Et elle est depuis deux ans la coach de Lyon.
Elle professe un jeu libre et audacieux, bien à son image de femme extravertie, qui convient aux gros talents individuels que sont Ana Dabovic, Sonja Petrovic ou Jelena Milovanovic.
La Serbie, qui devrait être soutenue par une salle remplie de ses supporteurs, sait aussi faire déjouer ses adversaires en les harcelant très haut sur le terrain. Mais elle manque de taille et de muscles à l'intérieur, ce dont pourraient profiter Sandrine Gruda (18 points, 8,6 rebonds de moyenne) et ses coéquipières.
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