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L'Opéra Bastille de Paris a fait entrer à son répertoire la rare "Fille de neige" de Rimski-Korsakov. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Créée en 1882 à Saint-Pétersbourg, Snegourotchka (fleur, flocon de neige) est le troisième des quinze opéras composés par Nikolaï Rimski-Korsakov (1844-1908), celui qu'il considérait comme le plus abouti.
Pourtant, le public parisien a dû attendre 1908 pour le voir représenté (en français, à l'Opéra Comique), et il ne l'a plus revu sur scène après des représentations en 1929 au Théâtre des Champs-Élysées.
L'Opéra national de Paris répare son oubli en présentant ce "conte de printemps" huit fois jusqu'au 3 mai - la représentation du 25 avril sera diffusée en direct dans des cinémas - avec une distribution relevée et dans une production d'un maître de la scène lyrique européenne, Dmitri Tcherniakov.
Ce "quadra" moscovite fou d'opéra russe aime dépoussiérer les ouvrages et décaler le regard du spectateur, avec audace quoique sans irrespect.
Ici, le metteur en scène ne force pas sur la dimension fantastique du récit, né dans l'imagination du dramaturge Alexandre Ostrovski. La Dame Printemps et le Père Gel sont des Russes contemporains qui devisent, dans le studio de danse où madame enseigne, sur l'avenir de leur fille Snegourotchka, bientôt envoyée en forêt auprès d'une communauté paysanne ou néorurale qui s'est donnée le nom de Bérendeï pour retrouver un mode de vie ancestral.
Le conte panthéiste se fait oublier sous le drame amoureux réaliste, mais le propos reste lisible tout au long d'un spectacle très vivant, d'une grande acuité psychologique. Jusqu'au saisissant embrasement final en hommage au dieu Soleil.
"Flocon" léger dans la vocalisation quoiqu'assez dense de timbre et joliment vibré, la soprano russe Aida Garifullina, teint de porcelaine et taille de brindille, fait des débuts à l'Opéra de Paris attendus et acclamés.
Martina Serafin ne tremble pas devant Kupava, l'amoureuse contrariée, imposant sa présence scénique et son métal tranchant. Forfait pour toute la série, le ténor mexicain Ramon Vargas a laissé sa place à l'Ukrainien Maxim Paster, certes moins connu mais assurant avec autorité les répliques du tsar Bérendeï.
Dans la fosse de l'Opéra Bastille, Mikhail Tatarnikov dirige une partition généreuse (trois heures de musique), à l'instrumentation riche, en écho à la nature, marquant un goût prononcé pour le folklore avec ses chœurs, ses danses... Trop de son parfois, pas assez de théâtre ? Cette Fille de neige, pourtant, ne manque pas de grâce.
AFP/VNA/CVN