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Grande première pour Netflix et Amazon, avec trois films en sélection officielle. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La Fédération nationale des cinémas français (FNCF) a appelé vendredi 14 avril à "une clarification rapide" afin de s'assurer que les deux œuvres "pourront sortir dans les salles de cinéma en respectant le cadre réglementaire en vigueur".
Le Festival de Cannes a annoncé jeudi 13 avril que deux films Netflix, Okja du Sud-Coréen Bong Joon-ho et The Meyerowitz Stories de l'Américain Noah Baumbach, faisaient partie des 18 longs métrages en lice pour la Palme d'or.
Ils seront disponibles sur la plateforme, mais nul ne sait s'ils sortiront également en salles, dans quel pays et quand. Sollicité par l'AFP, Netflix n'a pas souhaité commenter.
Une "situation unique et inédite", a reconnu jeudi 13 avril le délégué général du festival de Cannes, Thierry Frémaux. "Nous ne disons pas que (ce) choix est un choix acté, définitif et représentatif ou symbolique de quoi que ce soit", a-t-il déclaré, préférant insister sur la qualité des films.
Netflix avait déjà fait son entrée en 2015 dans un autre grand festival de cinéma, la Mostra de Venise, avec Beasts of no nation, sur les enfants-soldats en Afrique, sorti en France uniquement sur la plateforme.
"Netflix veut clairement la mort des salles", s'est emporté le distributeur et patron du Pacte, Jean Labadie, alors que le PDG de Netflix, Reed Hastings, n'hésite jamais à s'en prendre aux propriétaires de salles qui "étranglent le cinéma".
"Si la Palme d'or devait passer sur Netflix un mois après sa sortie en salles, je pense que ce serait dévastateur" pour le cinéma, a-t-il déclaré
Les exploitants de salles craignent que ces films ne sortent sans respecter la fameuse chronologie des médias. En France, un film ne peut être diffusé sur une plateforme de vidéo à la demande par abonnement (SVOD) comme Netflix, Amazon ou Canalplay, que 36 mois après la sortie en salles.
Cette réglementation "permet de donner à une œuvre le temps d'exister et les moyens de se financer", estime le producteur Alain Rocca, également président d'UniversCiné, une plateforme de SVOD française.
Et de rappeler que ce dispositif "régule les rapports de force entre producteurs, réalisateurs, distributeurs et spectateurs".
Des négociations sont en cours avec le CNC pour affiner ce cadre, sans le remettre en cause.
Nouvelle génération
Deux films Netflix, "Okja" et "The Meyerowitz Stories", faisaient partie des métrages en lice pour la Palme d'or. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Ce dispositif est en revanche dénoncé avec virulence par Vincent Maraval, l'un des patrons du producteur et distributeur Wild Bunch, poil à gratter du cinéma français. Il y voit un "combat d'arrière-garde limité à l'Hexagone".
"On ne doit pas imposer notre méthode de vision des films à une autre génération" qui peut préférer les écrans personnels (tablette, ordinateur, voire téléphone portable) aux salles obscures.
Surtout que Netflix et Amazon défendent le cinéma indépendant, souligne-t-il, en soutenant financièrement des réalisateurs comme l'Américain Jim Jarmusch dont le dernier film Paterson a été distribué par Amazon.
Principalement axées sur les séries, les Américaines Amazon et Netflix se sont tournées vers le cinéma en 2015.
Elles ont commencé à investir dans l'exclusivité des droits. Au point de devenir les premiers acquéreurs du festival américain du cinéma de Sundance.
Leur approche est toutefois différente : Netflix veut à terme proposer ses films en même temps en salles et en ligne, tandis qu'Amazon préfère une sortie en salles suivie d'une mise en ligne.
"Être sur Netflix, ça veut dire voir son film disponible sur une longue durée. Même si le film cartonne, au bout de six semaines, il est enlevé des salles", estimait fin 2016 la réalisatrice de Divines, Houda Benyamina.
Acheté par Netflix, son film, Caméra d'or 2016, est disponible sur la plateforme, forte de 93 millions d'abonnés, sauf pour les abonnés français qui ne pourront y accéder qu'en 2019... chronologie des médias oblige.