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Une épave de véhicule de gendarmerie incendiée par les fêtards a été taguée pendant la rave-party qui s'est déroulée jusqu'au petit matin le 2 janvier à Lieuron (Ille-et-Vilaine). |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Dans la nuit de vendredi 1er à samedi 2 janvier le son de la techno qui retentissait depuis jeudi soir 31 décembre dans deux hangars transformés en boîte de nuit sauvage, s'est tu. Dès 05h30, les fêtards ont commencé à quitter ce hameau de la campagne bretonne et à 10h15 le site était sous contrôle des forces de l'ordre, a expliqué la préfecture d'Ille-et-Vilaine. La fête aura duré 36 heures.
Selon un tweet du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin les gendarmes ont établi "1.225 infractions COVID (masques-rassemblement-couvre feu) + 420 infractions diverses dont 225 en lien avec les stupéfiants."
"Les éléments recueillis ont permis de confirmer le caractère payant de la manifestation sous la forme d'une contribution et la présence importante de produits stupéfiants à l'occasion de cet évènement", a expliqué dans un communiqué le procureur de la République de Rennes, Philippe Astruc.
L'enquête s'est concentrée sur l'identification des organisateurs de la fête, a précisé le procureur. Une intervention a eu lieu à cette fin samedi 2 janvier à 15h00 à Iffendic (Ille-et-Vilaine) et "deux personnes, nées en 1998, sans antécédent judiciaire, ont été interpellées et placées en garde à vue".
"Une perquisition est en cours, qui a déjà permis de saisir une somme d’argent (paraissant en première analyse résulter du partage de la caisse de cet évènement) et des produits stupéfiants. Du matériel permettant l'installation de matériels de sonorisation a été saisi", a-t-il ajouté.
Les forces de l'ordre ont aussi procédé samedi 2 janvier au contrôle systématique de tous ceux qui sortaient du périmètre, à pied ou en voiture. Dans ce cadre, trois personnes sont en garde à vue "pour infractions à la législation sur les stupéfiants" et deux autres en tant que "détentrices de matériel – une table de mixage double platine et un groupe électrogène", a précisé M. Astruc.
L'intervention des forces de l'ordre s'est passée dans le calme samedi 2 janvier matin alors que les fêtards quittaient les lieux au fur et à mesure, les uns à pied, les autres en voiture.
"Ça fait un an qu'on ne peut plus rien faire", explique un des teufeurs, Antoine, 24 ans, commercial. Il fait partie d'un groupe de cinq bretons venus du Morbihan participer à cette fête.
Les traits tirés, une bière à la main, ils étaient "venus fêter le 31 ici parce que c’était une grosse teuf". "On savait ce qu'on risquait... il fallait faire la fête, depuis un an, tout est bloqué", lâche une fille du groupe, serveuse, âgée de 20 ans.
"Plus grosse fête de l'année"
Des gendarmes dispersent les participants de la rave-party qui s'est déroulée durant 36 heures à Lieuron (Ille-et-Vilaine), le 2 janvier. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"À un moment donné on se dit +je vais forcer mon Nouvel An+", renchérit Alexis, 22 ans, boulanger. "Normal qu'on en a parlé à l'étranger", notamment dans la presse américaine. "C'était la plus grosse fête de l'année", assure-t-il.
Côté judiciaire, le parquet de Rennes a ouvert une enquête notamment pour "organisation illicite d'un rassemblement festif à caractère musical", "mise en danger de la vie d’autrui", "violences volontaires sur personnes dépositaires de l'autorité publique", "travail dissimulé", "tenue illicite de débit de boisson" ou encore "infractions à la législation sur les stupéfiants et notamment la facilitation de l'usage".
L'Agence régionale de santé (ARS) de Bretagne rappelle samedi 2 janvier dans un communiqué que ce rassemblement "présente un très fort risque de diffusion de la COVID-19" et invite notamment les fêtards à "observer sans délai un isolement à domicile strict de sept jours" et à se faire tester à l'issue.
"Ils ont mis leur vie en danger, leur santé, il faut maintenant que ces personnes préservent leur entourage", a expliqué Emmanuel Berthier, préfet d'Ille-et-Vilaine et de Bretagne, lors d'une conférence de presse samedi 2 janvier matin à Lohéac, près de Lieuron, expliquant qu'était venu le temps de la "responsabilité retrouvée"
Les organisateurs avaient mis en place "une organisation extrêmement fugace, avec des points de chute nombreux", a expliqué lors de la conférence de presse le général commandant la région de gendarmerie de Bretagne, Pierre Sauvegrain.
Jeudi soir 31 décembre, les gendarmes avaient tenté en vain d'empêcher cette installation, la préfecture évoquant "la violente hostilité de nombreux teufeurs". Un véhicule de la gendarmerie a été incendié et trois gendarmes légèrement blessés après avoir essuyé des jets de bouteilles et de pierres.