>>La lutte anti-drogue progresse, les efforts demeurent
Cours de céramique réservé à des toxicomanes à Hai Phong (Nord). |
Photo : Lâm Khanh/VNA/CVN |
«Le nombre de toxicomanes a tendance à augmenter et s’établit aujourd’hui officiellement à 210.000. Et encore, ce chiffre est sous-estimé», a lancé en guise d’introduction Nguyên Trong Dàm, vice-ministre du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales, lors d’un colloque sur «les dangers de la drogue et notre action», organisé récemment à Hanoï.
Tout le pays est touché
Selon lui, ce fléau social touche toutes les villes et provinces, 99% des arrondissements et districts, 70% des communes, quartiers et bourgs. Et le nombre de toxicomanes augmente chaque année de 6% à 8%.
«Ces dernières années, les drogues de synthèse ont déferlé au Vietnam. Facilement accessibles, ces psychotropes hautement additifs ciblent les jeunes qui sont à l’origine de nombre d’infractions pénales. Le phénomène +toxicomanie-délinquance+ est en constante expansion et une réelle menace pour l’ordre public. C’est pourquoi, la prévention et la lutte contre ce fléau exige beaucoup d’efforts», a souligné M. Dàm.
Les études du Centre d’assistance aux initiatives sur le développement communautaire (SCDI) montrent que l’âge moyen de début de consommation de stupéfiants est de 16 ans à Hanoï, Hai Phong, et de 17 ans à Hô Chi Minh-Ville.
Saisie de cannabis à l'aéroport international de Tân Son Nhât, Hô Chi Minh-Ville. |
Photo : Hoàng Hai/VNA/CVN |
De plus, le taux de rechute après sevrage reste élevé. Malgré le fait qu’en 2013, le gouvernement ait approuvé le projet «Renouvellement des activités de désintoxication au Vietnam en 2020», le taux de rechute oscille entre 70% et 80%.
D’après Nguyên Xuân Lâp, chef du Département de la prévention et de la lutte contre les fléaux sociaux, cette situation s’explique par la trop faible durée du processus de désintoxication dans les établissements spécialisés. En effet, une cure complète prend deux ans tandis que de nombreux établissements de sevrage communautaires proposent une thérapie... d’une semaine. On comprend mieux, dès lors, pourquoi la plupart de ces toxicomanes ne réussissent pas à sortir de leur dépendance sans soutien extérieur, qu’il s’agisse de la famille ou de la communauté.
Sortir de la toxicomanie n’est pas une utopie
Malheureusement, toujours selon les études de la SCDI, dans les trois métropoles que sont Hanoï, Hai Phong et Hô Chi Minh-Ville, 20% des toxicomanes souffrent de discriminations - quand ils ne sont pas purement et simplement rejetés - au sein de leurs propres familles. Il faut également savoir que le taux de toxicomanes admis dans les centres de sevrage reste limité : 7,1% à Hanoï, 20% à Hô Chi Minh-Ville et 10,1% à Hai Phong.
Considérant que la toxicomanie est une maladie, le Dr Lê Van Khanh, chef adjoint du Département de la prévention et de la lutte contre les fléaux sociaux, estime que sortir de ce cercle infernal n’est pas une utopie. Mais il faut pour cela instaurer une coopération entre les centres de sevrage, la famille et l’ensemble de la société. Il est nécessaire notamment de trouver les thérapies convenables à chaque toxicomane pour leur faire prendre conscience de leurs actes et de leurs conséquences, ce afin d’opérer un changement vis-à-vis de leur rapport à la drogue.
Selon le Dr Khanh, la réussite des cures dépend avant tout de la volonté des toxicomanes eux-mêmes. Les aides de leurs proches et de la communauté sont aussi importantes. En outre, il faut assurer les conditions en termes de bases matérielles, d’équipements et aussi de personnel. Il est également indispensable de déployer de vastes campagnes de communication sur la prévention et la lutte contre les impacts de la drogue.
Enfin, le Dr Khuât Thi Hai Oanh, directrice de la SCDI, a estimé que la désintoxication ne pourra être efficace que si l’ensemble de la communauté est mobilisée dans les activités de prévention. Autre facteur crucial : les compétences du contingent de cadres en la matière, aujourd’hui bien en deçà de celles requises.
Huong Linh/CVN
Hanoï au chevet des toxicomanes
Pour aider les toxicomanes à s’extirper de ce cercle infernal drogue - délinquance - traitement - rechute, la municipalité vient de décider d’assister ceux qui suivent une cure volontaire. Ces derniers perçoivent désormais 65% des frais de traitement et le reste est payé par leur famille. Un coup de pouce qui pourrait en aider plus d’un à retrouver la lumière.