Selon une première estimation le 13 mai de l'Office européen des statistiques Eurostat, le Produit intérieur brut (PIB) a progressé de 0,8% au premier trimestre. La zone euro fait mieux que le Royaume-Uni (+0,5%) et les États-Unis (+0,4%).
Le rattrapage a été plus fort que prévu après un quatrième trimestre décevant (+0,3%), où le froid avait plombé le secteur de la construction. Eurostat ne donne pas de détails mais plusieurs pays évoquent une amélioration de la demande intérieure (consommation des ménages et investissements des entreprises).
Certains économistes y voient le signe d'un rééquilibrage de la croissance, jusqu'ici beaucoup soutenue par la reprise mondiale, et se prennent à espérer atteindre 2% cette année.
Plus prudente, la Commission européenne, qui publiait parallèlement le 13 mai ses prévisions économiques de printemps, table toujours sur seulement 1,6% cette année et 1,8% en 2012.ii "La reprise économique en Europe est solide" et pourrait même se traduire par des améliorations "graduelles" sur le marché du travail, a commenté le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn. Mais il a évoqué une série de risques et d'incertitudes liées aux bouleversements politiques au Moyen-Orient, au séisme japonais, aux tensions sur les marchés... Bruxelles a également revu à la hausse sa prévision d'inflation pour cette année, à 2,6% contre 2,2% auparavant.
Les économistes tiennent pour acquis dans les prochains mois un nouveau relèvement du taux directeur de la BCE, gardienne de la stabilité des prix en zone euro. Mais cela pénalisera en premier lieu les pays dits "périphériques", jugés fragiles par les marchés qui continuent de les malmener. Le Portugal vient de demander une aide financière extérieure, et un an après le sauvetage de la Grèce, les spéculations enflent sur un nouveau train d'aides, voire d'une restructuration de sa dette.
La bonne performance globale de la zone euro au premier trimestre cache d'ailleurs d'importantes disparités. Les pays du "cœur" de la zone ont tiré la croissance. En Allemagne comme en France, l'économie a renoué avec ses niveaux d'avant la crise : leur PIB a progressé respectivement de 1,5% et 1%. La croissance atteint également 1% en Autriche et 0,9% aux Pays-Bas. Mais en périphérie, elle déçoit en Italie (0,1%), et si elle accélère en Espagne, c'est à un maigre 0,3%.
Sous l'effet notamment des mesures d'austérité budgétaires, l'économie portugaise est entrée officiellement en récession (-0,7% après -0,6% au quatrième trimestre 2010). Et si la Grèce a surpris en affichant un PIB en hausse de 0,8%, plusieurs économistes soulignent que cela suit un quatrième trimestre encore plus mauvais qu'estimé initialement.
Bruxelles a d'ailleurs encore dégradé ses prévisions pour la Grèce, estimant que le pays subira cette année une contraction économique plus forte que prévu jusqu'ici (-3,5%) et réduira moins vite ses déficits. "Avec les divergences qui continuent à se creuser dans la région, une forte croissance ne résoudra pas la crise budgétaire", prévient Jonathan Loynes, économiste chez Capital Economics.
aFP/VNA/CVN