La crise Arabie-Iran s'étend et inquiète la communauté internationale

La communauté internationale s'inquiète de plus en plus de l'aggravation de la crise entre l'Iran et l'Arabie saoudite, qui s'est étendue mardi 5 janvier avec la décision du Koweït de rappeler son ambassadeur à Téhéran.

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Des manifestants iraniens incendient une partie de l'ambassade saoudienne à Téhéran, le 2 janvier.

Voisin et allié traditionnel de Ryad, le Koweït est devenu le cinquième pays arabe à rompre ou à réduire ses relations avec l'Iran, après l'Arabie, les Émirats arabes unis, le Soudan et Bahreïn. Ce dernier a aussi suspendu toutes les liaisons aériennes avec l'Iran, suivant ainsi l'exemple de l'Arabie saoudite.

Ces pays protestent contre les attaques contre les missions diplomatiques saoudiennes en Iran à la suite de l'exécution samedi 2 janvier en Arabie du chef religieux chiite saoudien Nimr al-Nimr.

La chaîne de télévision saoudienne El-Akhbariya a annoncé mardi que tous les membres de la mission diplomatique saoudienne en poste en Iran avaient regagné Ryad.

Le Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui réunit les six monarchies de la région et dont seul Oman n'a pas réagi aux évènements, a convoqué une réunion extraordinaire de ses chefs de la diplomatie samedi 2 janvier à Ryad pour discuter "des conséquences de l'attaque" contre les représentations saoudiennes en Iran.

Et dimanche 3 janvier, les ministres arabes des Affaires étrangères se réuniront au Caire à ce sujet.

Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a quant à lui proposé l'aide de son pays pour "apaiser" les tensions.

Téhéran a minimisé l'effet des annonces de l'Arabie et de ses alliés arabes, affirmant que c'est Ryad qui pâtirait le plus de la situation.

"La rupture des relations par l'Arabie saoudite et ses vassaux n'a aucun effet sur le développement de l'Iran", a affirmé Mohammad Bagher Nobakht, le porte-parole du gouvernement.

La communauté internationale craint que cette escalade n'accentue encore les conflits du Moyen-Orient. Washington, Moscou et les pays européens ont appelé les rivaux chiite et sunnite au calme.

La crise entre Ryad et Téhéran pourrait entraîner "une série de conséquences néfastes dans la région", a mis en garde l'ONU.

Profonde inquiétude

Des Irakiens manifestent contre l'exécution de Nimr al-Nimr le 3 janvier à Téhéran.

Réuni lundi 4 janvier à New York, le Conseil de sécurité a également exprimé "sa profonde inquiétude" et demandé à Téhéran de "protéger les installations diplomatiques et consulaires et leur personnel".

L'ambassadeur saoudien à l'ONU, Abdallah al-Mouallimi, avait demandé au Conseil de sécurité de condamner le saccage des missions diplomatiques saoudiennes alors que la mission iranienne avait exprimé les "regrets" de Téhéran et promis de "prendre les mesures pour que de tels incidents ne se reproduisent pas".

La déclaration du Conseil n'a fait en revanche aucune mention de l'exécution de Nimr, exécuté avec 46 autres personnes condamnées pour "terrorisme", dont la majorité pour des attentats attribués au réseau jihadiste sunnite Al-Qaïda.

Le président iranien Hassan Rohani a de nouveau réagi mardi 5 janvier en affirmant que l'Arabie saoudite ne pouvait pas répondre "aux critiques en coupant des têtes". "J'espère que les pays européens qui réagissent toujours aux questions liées aux droits de l'homme feront leur devoir", a-t-il ajouté.

L'exécution de Nimr a provoqué des mouvements de colère dans le monde chiite, notamment à Téhéran, où 3.000 personnes ont manifesté lundi 4 janvier en huant la famille sunnite régnante d'Arabie saoudite.


AFP/VNA/CVN

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