La course d’obstacles des roses équatoriennes pour arriver sur les étals du monde

D’abord la pandémie, puis les conséquences du conflit en Ukraine et les semaines de manifestations dans le pays. En Équateur, les producteurs de fleurs surmontent les obstacles les uns après les autres pour continuer à exporter leurs roses dans le monde entier.

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Une employée de l’entreprise Hoja Verde porte un bouquet de roses à Cayambe, en Équateur.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Nous avons vécu de nombreuses crises locales et internationales. Nous sommes en crise, mais nous savons comment gérer", assure Eduardo Letort, à la tête de l’entreprise Hoja Verde, qui produit chaque année 35 millions de roses

de 120 variétés différentes.

Quatrième source de revenus du pays sud-américain, les roses ont rapporté 927 millions d’USD en 2021, un record historique. L’Équateur, où quelque 600 entreprises font pousser 450 variétés de roses, est le troisième producteur mondial après les Pays-Bas et la Colombie.

"Ça a été des années très dures, mais nous, les producteurs de fleurs, nous sommes très résistants. Nous avons réussi à nous adapter, nous sommes devenus plus efficaces", explique M. Letort dans sa pépinière à Cayambe, une localité andine proche de Quito.

Dans ce secteur très concurrentiel, les producteurs équatoriens ont notamment exploré de nouveaux marchés, en profitant de l’excellente réputation de leur production. Ils ont aussi rationalisé l’utilisation des engrais face à la hausse des prix, d’abord en raison de la pandémie, puis à cause de la crise en Ukraine, la Russie étant un des principaux fournisseurs de fertilisants.

Avantage sur le marché

En juin, alors que la mobilisation des indigènes contre le coût de la vie et le prix des carburants se durcissait, les manifestants s’en sont pris parfois à des cargaisons de roses. Des fleurs ont aussi dû être jetées car elles pourrissaient sur place, faute de pouvoir être exportées en raison des blocages de route.

Les producteurs de fleurs sont concentrés sur 5.800 ha dans la région d’altitude de la Sierra. En 2020, malgré la pandémie de COVID-19, les ventes ont représenté 827 millions d’USD, une baisse moins forte qu’attendue par rapport à 2019 (880 millions).

Une employée de l’entreprise Dümmen Orange travaille à la production de roses dans la pépinière Hacienda La Serena à Guachala (Équateur).
Photo : AFP/VNA/CVN

"Nous avons constaté que les fleurs, malgré la pandémie, sont devenues un produit nécessaire. Les gens voulaient de la couleur, des senteurs dans leur maison, c’est vraiment devenu un produit de première nécessité", souligne M. Letort, qui envoie 5% de sa production en France.

Sans compter les demandes pour les enterrements en hausse en raison du COVID-19. Début 2022, les exportations avaient déjà bien rebondi. Entre janvier et mai, elles ont généré 432 millions d’USD, contre 417 millions sur la même période en 2021.

De haute taille, jusqu’à 90 cm, arborant des boutons aux pétales abondants et colorés, des feuilles d’un vert brillant, les roses équatoriennes sont considérées comme les plus belles du monde.

"En raison de la qualité, de la couleur, de la taille, nous avons toujours un avantage sur le marché, confie Socorro Martinez, à la tête de l’entreprise néerlandaise Dümmen Orange, située à Guachala.

Mais la grève de 18 jours lancée par les mouvements indigènes contre la vie chère a terni un peu cet optimisme.

Pour le président de l’Association des producteurs et exportateurs Expoflores, Alejandro Martinez, l’année 2022 “s’annonçait très bonne malgré la question de la Russie, avec des baisses, mais avec une potentielle reprise en fin d’année”. "Avec la grève (indigène), cela va être beaucoup plus compliqué" de maintenir les résultats espérés, prédit-il.

En 2021, la Russie était le deu-xième plus grand marché pour les fleurs équatoriennes (20%), derrière les États-Unis (40%). Après le conflit en Ukraine, les achats russes sont tombés à 10%, selon M. Letort, qui est aussi représentant local d’Expoflores.


AFP/VNA/CVN

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