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Le quartier londonien historique de la finance vu depuis le City Hall, tandis que le soleil se couche sur Londres le 8 mai. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Le secteur financier va jouer un rôle vital dans le fait de déterminer si le monde va réussir la transition vers une économie faiblement carbonée durable", souligne l'étude.
"À ce jour, ni le gouvernement ni aucun régulateur n'a pris de mesures adéquates pour s'attaquer au problème des émissions mondiales financées par les institutions financières privées au Royaume-Uni et s'assurer qu'elles alignent leurs activités aux ambitions" du pays, à savoir la neutralité carbone d'ici 2050, ajoute-t-elle.
"Nos résultats montrent que les émissions de CO2 associées aux sociétés financières analysées s'élèvent à 805 millions de tonnes", avec un peu plus de la moitié pour les banques, le reste pour les gestionnaires d'actifs, d'après leurs données publiées à partir de 2019, précisent WWF et Greenpeace.
Cela représente "presque 1,8 fois les émissions produites à l'intérieur du Royaume-Uni", détaille l'étude.
C'est plus que les émissions de l'Allemagne et du Canada, relève l'étude, et un peu moins que celles de l'Iran, 8e pays le plus émetteur de CO2.
L'étude porte sur 15 banques et dix gestionnaires d'actifs qui sont présents au Royaume-Uni mais pas toutes des institutions britanniques.
La City est le quartier de Londres où se trouve le siège de la plupart des grandes banques installées au Royaume-Uni mais le terme évoque fréquemment l'ensemble du secteur financier du pays.
L'étude n'inclut pas les assurances et dit donc sous-évaluer largement l'empreinte carbone de la finance britannique, qui devrait selon elles être considérée comme un "secteur à fortes émissions de carbone" comme les secteurs pétrolier, minier, aérien, etc.
"Au lieu de cela certaines banques et institutions financières prennent des engagements volontaires de réduire leurs émissions de CO2, dont beaucoup se sont révélées relever du 'greenwashing'" et sont insuffisantes, poursuit l'étude.
"Prévoir une transition vers la neutralité carbone sans tenir compte du secteur financier est comme mettre un pansement à un patient qui a besoin d'une opération à cœur ouvert", fait valoir Tanya Steele, directrice exécutive de WWF.
Elle appelle le gouvernement britannique à "montrer la voie" à l'heure où il organise pour novembre à Glasgow la prochaine grande réunion environnementale internationale, la COP26, en exigeant des "institutions financières d'avoir un plan pour parvenir à la neutralité carbone incluant leurs investissements".
Un porte-parole de l'association sectorielle UK Finance a réagi à l'étude en assurant que "les établissements de prêts prennent leurs responsabilités envers la société très au sérieux et, aux côtés du gouvernement et de la Banque d'Angleterre, jouent un rôle prédominant dans la transition vers une finance à l'impact carbone neutre".
L'association rappelle que le mois dernier de grands acteurs de la finance ont affiché leur ambition d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050, formant la Net Zero Banking Alliance, présidée par l'ex-gouverneur de la Banque d'Angleterre Mark Carney, devenu envoyé spécial de l'Onu pour le climat et l'un des organisateurs de la COP26.
Une initiative accueillie froidement par les ONG écologistes qui parlent de "diversion".
L'organisation City of London, qui représente le quartier londonien historique de la finance, a réagi en affirmant avoir "été de l'avant dans la lutte contre le changement climatique", faisant valoir que "Londres est régulièrement classé parmi les principaux centres mondiaux de finance verte".
Un rapport d'une autre ONG écologiste, Reclaim Finance, accusait début mai les grandes banques britanniques, malgré leurs annonces en faveur de la neutralité carbone, d'être à "l'avant-garde du financement du pétrole, charbon et autres hydrocarbures".
Une autre étude menée par plusieurs ONG en mars avait pointé l'augmentation des financements accordés aux producteurs d'énergies fossiles par les grandes banques entre 2016 et 2020.
AFP/VNA/CVN