>>Éruption du volcan Nyiragongo, la lave atteint Goma
>>En Islande, l'éruption se transforme en grandioses geysers de lave
Des habitants de Goma découvrent les dégâts provoqués par une coulée de lave du volcan Nyiragongo, le 23 mai en RDC. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Après avoir fui par milliers l'éruption dans la nuit, "la majorité des gens sont rentrés ou sont en train de rentrer chez eux", a raconté un habitant. Ils gardent un œil prudent sur l'imposante montagne dominant la ville, où aucune activité notable n'était constatée dans la soirée.
"Mais il reste les sinistrés qui n'ont plus de maisons. Ils ont tout perdu, ils restent là, par familles, coincés devant les boutiques le long des routes, ils sont très nombreux, des centaines de personnes...", selon ce témoin.
À la tombée de la nuit, ils étaient des centaines à s'apprêter à passer la nuit dans la rue, sur des matelas emportés dans leur fuite, regroupés par endroits par famille, village ou affinités. Apparemment sans avoir reçu d'aide humanitaire.
Une délégation forte de plusieurs ministres, venue de Kinshasa, est attendue tard dans la soirée à Goma, selon le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya.
Après deux réunions d'urgence du gouvernement, qui "suit avec attention la situation", il a promis une "action plus énergique". "L'urgence pour le moment est d'apporter l'assistance aux populations déplacées", a-t-il affirmé à la presse dimanche 23 mai soir, annonçant au passage le retour à Kinshasa du président Félix Tshisekedi qui a interrompu une tournée européenne.
L'immense coulée de lave a cessé sa progression dans le courant de la nuit de samedi 22 à dimanche 23 mai dans le faubourg de Buhene, qui marque la limite Nord-Est de Goma.
"La ville a été épargnée", a déclaré dans la matinée le gouverneur militaire de la province, le général Constant Ndima.
De nombreuses habitations ont été englouties par la lave rocheuse et noirâtre, large de plusieurs centaines de mètres, semblable à un énorme chewing-gum de réglisse avalant tout sur son passage.
Des malheureux dont les maisons étaient partiellement noyées sous la lave, ont tenté pendant toute la journée de récupérer quelques maigres effets, arrosant avec une simple bassine d'eau la roche brûlante enserrant les parcelles.
"Les maisons bougent"
Des amas de tôles tordues par la fournaise jonchent ici et là la roche encore fumante, s'étendant à perte de vue. La lave s'est arrêtée à quelques encablures de l'aéroport de Goma.
Quinze personnes sont mortes : neuf personnes accidentées, deux calcinées, quatre prisonniers tués alors qu'ils tentaient de s'évader, a indiqué dimanche 23 mai soir le porte-parole du gouvernement.
Au total, 17 villages ont été touchés, la principale route de la région, reliant Goma au Nord de la province, et une ligne à haute tension ont été coupées, selon M. Muyaya, qui déploré "beaucoup de pertes de biens et de marchandises".
Selon l'UNICEF, "plus de 150 enfants ont été séparés de leurs familles et l'on craint que plus de 170 d'autres ne soient disparus".
Les habitants des quartiers "en zone rouge", c'est à dire proches de la coulée de lave dans le Nord-Est de Goma, n'ont pas été autorisés à rentrer.
Au fil de la journée, les rues de Goma ont retrouvé leur animation habituelle, la population gardant un œil sur le volcan. Mais des tremblements de terre, parfois très forts, ont secoué la ville à intervalles réguliers, se multipliant à un rythme inquiétant dans l'après-midi et jusqu'en début de soirée. Plusieurs de ces secousses ont été ressenties jusqu'à Kigali, la capitale du Rwanda voisin.
"Cela créé la psychose dans les populations, ce sont de grosses secousses, même les maisons en dur bougent", a raconté un témoin.
L'éruption samedi 22 mai soir sur un flanc du volcan Nyiragongo a pris tout le monde de court, y compris les autorités, forcées d'ordonner l'évacuation de la ville.
Des dizaines de milliers de personnes ont fui vers le poste-frontière avec le Rwanda, tout proche, au sud de Goma, ou vers le Sud-Ouest, en direction de la région du Masisi.
La précédente éruption majeure du Nyiragongo, le 17 janvier 2002, avait fait une centaine de morts. L'éruption de ce samedi ressemble à bien des égards au scénario d'il y 19 ans.
Comme en 2002
Samedi 22 mai soir, deux coulées de lave sont descendues, l'une vers l'est, dans des zones habitées mais non urbaines, vers la frontière toute proche avec le Rwanda, et l'autre vers le sud, pour atteindre la limite de Goma dans la nuit.
Éruption du volcan Nyiragongo, près de Goma, le 22 mai. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Selon une source onusienne, citant un volcanologue, l'éruption de ce week-end "est exactement la même que celle de 2002" : "aucun signe avant-coureur, seule la lave dans le cratère s'est vidée".
La région de Goma est une zone d'intense activité volcanique, avec six volcans, dont le Nyiragongo et le Nyamuragira qui culminent respectivement à 3.470 et 3.058 mètres.
L'éruption la plus meurtrière du Nyiragongo, en 1977, avait fait plus de 600 morts.
Le Nyiragongo n'était plus surveillé depuis sept mois, faute de financements et de budget du gouvernement pour soutenir l'Observatoire de volcanologie locale, selon le directeur de cet organisme.
AFP/VNA/CVN