La citronnelle, choix idéal pour les sols salins

Avec la sécheresse et les remontées d’eau salée qui affectent de plus en plus fortement le delta du Mékong, plusieurs régions de la province de Tiên Giang adaptent leurs cultures en privilégiant la citronnelle, une plante tolérante au sel, au lieu de cultiver uniquement du riz.

Le changement climatique entraîne la montée du niveau des mers qui menace la production rizicole du delta du Mékong. Le district de Tân Phu Dông, dans la province de Tiên Giang, est l’une des localités les plus affectées ces dernières années par la salinisation des terres qui en résulte, aggravée par la sécheresse. Ici, au lieu de trois campagnes rizicoles par an, une seule est possible désormais, et avec de faibles rendements de l’ordre de 30 à 40 quintaux par hectares.

En saison sèche, qui succède à la période de remontée de l’eau de mer, soit pendant six mois consécutifs, les agriculteurs doivent laisser leur sol en friche.

Depuis 2013, les agriculteurs ont trouvé une issue : substituer au riz la citronnelle, une plante très tolérante à la sécheresse et aux sols salinisés.

Dans le district de Tân Phu Dông, entre décembre et mars, on voit des buissons de citronnelle partout. Non seulement dans les champs, mais aussi dans les cours des maisons, le long des allées, des chemins vicinaux, dans les vergers ou, encore, sous les pieds des cocotiers. Phu Thanh, Phu Dông et Tân Phu sont les trois communes qui pratiquent le plus cette culture.

La citronnelle est une plante convenant très bien aux terres salines du delta du Mékong.

La citronnelle qui se commercialise bien

«En raison de la salinisation et du manque d’eau douce, le rendement en riziculture est très faible. J’ai donc décidé, après la campagne d’automne-hiver, de cultiver de la citronnelle le reste de l’année, car cette plante, qui est à la fois un condiment et une plante médicinale, tolère mieux la salinisation des sols que le riz», explique Truong Van Hùng, l’un des pionniers de cette pratique, qui vit dans le village de Bà Lam de la commune de Phu Thanh.

D’après M. Hùng, actuellement, la citronnelle se vend bien car les tiges fraîches sont un condiment ou un ingrédient traditionnel dans la cuisine du Sud-Est asiatique. Sèche, on en extrait une huile essentielle qui est utilisée telle quelle ou en pharmacie. Il précise que la citronnelle est le choix idéal pour des sols salins, car cette plante au cycle cultural court est facile à cultiver et résiste bien à la sécheresse et aux conditions climatiques rigoureuses, tout en ayant un rendement élevé.

Depuis 2013, Truong Van Hùng a décidé de convertir 2,5 ha de rizières en champs de citronnelle totalisant 50.000 pieds. «La récolte, après quatre mois, est de 1,2 kg de tiges fraîches par pied. Avec un prix de vente de 4.000 dôngs le kilo, je réalise un chiffre d’affaires d’environ 150 millions de dôngs par an,
c’est-à-dire trois fois plus qu’avec le riz
», révèle-t-il.

Une culture à généraliser

La citronnelle est une plante qui permet aux agriculteurs de Tân Phu Dông de conserver, voire d’augmenter leurs revenus dans une conjoncture où la riziculture est de plus en plus obérée par la salinisation des terres. «Cette année, les superficies de citronnelle à Tân Phu Dông sont de plus de 800 ha, soit 200 ha de plus que l’année dernière. Notre district est aujourd’hui la localité possédant la plus grande superficie de citronnelle de toute la province de Tiên Giang», explique Nguyên Van Hai, chef du bureau de l’agriculture et du développement rural de Tân Phu Dông, qui est aussi devenu le premier fournisseur de Hô Chi Minh-Ville avec 20.000 tonnes par an.

Outre Truong Van Hùng, beaucoup d’autres agriculteurs réussissent dans cette culture. Pham Minh Hùng, du village de Giông Keo dans la commune de Phu Thanh, consacre lui aussi 1,1 ha à la citronnelle avec un rendement total de 37 tonnes, pour un chiffre d’affaires de 70 millions de dôngs. Dans ce même village, Nguyên Van Trung exploite 1,6 ha qui dégage plus de 100 millions de dôngs par an.

Nguyên Van Hai affirme que dans l’immédiat, Tân Phu Dông considère la citronnelle, avec le riz, le cocotier et le pommier cannelle, comme les plantes majeures pour la période 2015-2020. «Nous comptons porter les superficies de citronnelle à environ 1.000 ha. La localité appelle aussi les entreprises à construire des usines de transformation», annonce-t-il.

Bonne nouvelle pour les agriculteurs de Tân Phu Dông, le district a reçu le dossier d’un investisseur souhaitant construire une unité d’extraction d’huile essentielle de citronnelle.

Linh Thao/CVN

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