La célèbre maison-jardin An Hiên à Huê

D’architecture traditionnelle, la maison-jardin An Hiên permet de humer l’atmosphère de Huê (province de Thua Thiên-Huê, Centre) d’autrefois. Elle est étroitement liée à une personne bien connue : Mme Nguyên Dinh Chi.

An Hiên signifie «la maison de la paix». La maison-jardin An Hiên est située 58, rue Nguyên Phuc Nguyên, dans le hameau de Xuân Hoà (commune de Huong Long). Elle a changé à plusieurs reprises de propriétaire. Avant 1895, elle était la résidence privée de la 18e fille du roi Duc Duc. Après 1895, elle est revenue à Pham Dang Khanh (ou Pham Dang Thâp), neveu de l’archiduc Pham Dang Hung sous le règne du roi Gia Long. En 1920, Mme Khâm Diêp a pris la relève.

La maison-jardin An Hiên.


En 1936, M. Tham Tê, fils de Mme Diêp, l’a vendu au gouverneur de la province de Hà Tinh (Centre), Nguyên Dinh Chi. Après sa mort, sa femme Dào Thi Xuân Yên - ou Mme Nguyên Dinh Chi - a continué de se charger de l’entretien et de la préservation de cet ouvrage, jusqu’à sa mort en 1997. Grâce à elle, An Hiên est devenue une des adresses culturelles de l’ancienne capitale impériale Huê. Actuellement, ce sont sa belle-fille et ses quatre petits-fils (résidant en France) qui en ont héritée.
Une maison typique du vieux Huê
S’étendant sur 4.608 m² et donnant sur la rivière des Parfums, An Hiên est une maison-jardin typique de Huê. Sa principale caractéristique est l’harmonie. Cette maison de plain-pied a un toit orné de têtes de tigre et des dessins stylisés sur les deux côtés. Au milieu de l’entrée et sous le toit trônent les deux idéogrammes «An Hiên» en morceaux de céramique verts et blancs sur fond noir. Au-dessus deux chauves-souris déploient leurs ailes tout en regardant vers le bas.
Dans la pièce centrale repose l’autel des ancêtres. Le chemin qui mène à la maison mesure 34 m de long et traverse un espace verdoyant. Des arbres fruitiers typiques de Huê, mais aussi des centaines de fleurs, des plus banales comme jasmin, églantier, grenade, tournesol aux plus élégantes comme les orchidées. Et puis aussi des rosiers importés d’Europe, des fleurs de myrte sauvage et un camélia offert par l’Association japonaise des floriculteurs.
La propriétaire la plus connue de la maison-jardin An Hiên est Mme Nguyên Dinh Chi ou Mme Tùng Chi (nom de jeune fille : Dào Thi Xuân Yên). Cette dame, aujourd’hui décédée, est née dans la province de Binh Dinh (Centre) mais avait un amour spécial pour Huê. Outre le culte de son mari défunt, les soins aux enfants et la lutte contre les envahisseurs, Mme Chi a accordé une grande attention à la préservation des valeurs culturelles de Huê.

Le chemin menant à la maison-jardin An Hiên.


Son mari, Nguyên Dinh Chi (né en 1888), a été reconnu en 1912 cu nhân (licencié) sous le règne du roi Duy Tân, puis a occupé le poste de chef du district d’An Nhon (Binh Dinh). Sa première femme est morte jeune. Un jour que ce mandarin allait à son travail, il a vu la famille de Dào Thai Hanh donnant volontairement de l’eau aux passants. Admiratif devant cette générosité désintéressée, il lui a rendu visite. Le résultat de cette rencontre fortuite fut le mariage entre Nguyên Dinh Chi et Dào Thi Xuân Oanh (née en 1903).
Une patronne spéciale
Mais le bonheur conjugal fut de courte durée. Mme Xuân Oanh est décédée en 1934. M. Chi a continué de nourrir seul ses enfants. À ce moment là, Dào Thi Xuân Yên, petite soeur de Mme Xuân Oanh, a passé le concours provincial pour obtenir le titre de tu tài (bachelier). Elle est devenue la première femme de la région du Centre à remporter ce titre. De nombreux jeunes mandarins et intellectuels de Hanoi et de Huê ont souhaité se marier avec elle. Cependant, elle a décidé d’épouser son beau-frère qui est décédé cinq ans après.
À l’âge de 30 ans, Mme Xuân Yên a dû s’occuper seule de ses enfants, de sa mère et de sa jeune soeur. Elle a occupé de nombreuses fonctions importantes, dont rectrice du lycée de filles Dông Khanh de Huê, députée des VIe et VIIe législatures de l’Assemblée nationale et aussi membre du Comité central du Front de la Patrie. «Ma vie est faite de deux grandes fidélités : l’une avec mon mari et l’autre avec l’oeuvre révolutionnaire du pays», a-t-elle dit.

Quê Anh/CVN

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