La BD vietnamienne peut-elle sortir de sa bulle ?

Les bandes dessinées vietnamiennes n’ont que (trop) rarement de l’écho à leur sortie. Art inscrit entre littérature et cinéma, les auteurs du cru font leurs premiers pas sur la voie du professionnalisme, sur la pointe des pieds.

Combinaison astucieuse entre littérature et arts graphiques, les BD vietnamiennes sont les dernières-nées de l’édition nationale. Malheureusement, elles n’intéressent que peu les maisons d’édition, les jeunes les délaissant au profit des mangas japonais, des manhwas sud-coréens, des comics américains, voire même des manhuas chinois.

L’expo «La BD : de la conception à la réalisation» en juin dernier à Hanoi.

Le Vietnam manque des éléments nécessaires pour développer cet art si spécifique. En premier lieu, les dessinateurs se font rares, faute d’écoles de formation spécialisées. Il n’existe en effet que deux établissements d’enseignement supérieur qui forment les professionnels de la BD, tous à Hô Chi Minh-Ville.

Le premier Festival national de la BD en 2010 restera un événement inoubliable pour les dessinateurs vietnamiens, qui ont pu rencontrer et échanger avec l’artiste belge d’origine vietnamienne Vinh Khoa, avec pour résultat la création, ensemble, d’une série de cartes postales en l’honneur du Millénaire de Hanoi. Le dernier Festival de la BD, organisé en juin, a marqué une nouvelle étape puisque nos dessinateurs ont pu présenter une exposition intitulée «La BD : de la conception à la réalisation» avec plus de 30 planches faites par 11 auteurs.

Des traits encore flous

Attention toutefois à ne pas se réjouir trop vite tant le chemin à parcourir semble long et semé d’embûches. De nombreux dessinateurs vietnamiens estiment que l’avenir de la BD est des plus flous. En effet, dans notre pays, la BD reste hélas le plus souvent considérée comme un simple sous-produit de la culture et de l’éducation.

Pourtant, si l’on regarde ailleurs, la BD est un vrai secteur commercial, un pan entier de l’industrie de loisirs avec un secteur de production et de commercialisation entièrement dédié à sa cause. Le manhwa de la Corée du Sud est certainement l’exemple le plus parlant, dans la mesure où son développement est relativement récent. Aujourd’hui, il trône aux côtés de la musique et des séries télévisées, avec un rayonnement planétaire. Une bien belle vitrine pour le Pays du Matin Calme.

Pour en arriver là, la République de Corée a envoyé ses producteurs, puis scénaristes et dessinateurs faire des études aux États-Unis et au Japon. Car la réalisation d’une bande dessinée moderne ne dépend plus d’un seul homme, il faut toute une équipe autour, comme on le voit depuis longtemps au Japon avec les mangas à succès publiés dans l’hebdo spécialisé Weekly Jump, puis en tomes séparés (l’on pense à Dragon Ball, One Piece, Naruto, pour les plus célèbres.). L’autre aspect réside dans la diversité des thèmes abordés dans les Manhwa, mais aussi dans les traits des personnages, très variés d’une publication à l’autre.

Si elle parvient à s’inspirer du modèle de la Corée du Sud, la BD vietnamienne pourrait rapidement voir la lumière au bout du tunnel, à condition de ne pas lésiner sur les moyens. Sinon, l’avenir risque fort de s’écrire en pointillés...

Hoàng Hoa/CVN

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