>> Zone euro : l'inflation reflue en février après quatre mois de hausse
>> La BCE doit rassurer sur son engagement à maintenir la stabilité des prix
>> Christine Lagarde appelle à "une marche vers l'indépendance" de l'Europe
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La présidente de la Banque centrale européenne Christine Lagarde, lors d'une conférence de presse, à Francfort. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les perspectives en zone euro "se sont détériorées du fait de l'intensification des tensions commerciales", a constaté l'institution de Francfort à l'issue de sa réunion de politique monétaire.
L'offensive tarifaire de Donald Trump pèse sur l'économie, avec un "risque de baisse des exportations, des investissements et de la consommation", a résumé sa présidente Christine Lagarde, ajoutant que le climat financier dégradé pourrait freiner encore davantage l'activité.
Ce choc en puissance a convaincu les gardiens de l'euro de donner une nouvelle bouffée d'oxygène en baissant les coûts d'emprunt : le taux de dépôt, qui fait référence, a été abaissé de 25 points de base, à 2,25%, un niveau qui n'est plus jugé pénalisant pour l'économie.
Dans un contexte "d'incertitudes exceptionnelles", qui a vu Donald Trump enchaîner les annonces et revirements spectaculaires, l'institution se garde d'anticiper ses prochaines décisions et va plus que jamais continuer à s'appuyer sur les "données" pour "déterminer, réunion par réunion", l'orientation de la politique monétaire.
"Nous devons être prêts à faire face à l'imprévisible", a souligné Christine Lagarde, prônant "agilité" et "réactivité".
"La voie reste largement ouverte à de nouvelles baisses de taux", selon Ulrike Kastens, analyste chez DWS, certains observateurs voyant le taux de dépôt ramené à 1,75% dans les prochains mois.
Depuis juin 2024, la BCE a abaissé ses taux à sept reprises, inversant un cycle de resserrement monétaire amorcé deux ans plus tôt pour lutter contre l'inflation provoquée par la crise en Ukraine et ses répercussions énergétiques.
Lors de leur dernière réunion en mars, les gardiens de l'euro laissaient entendre qu'ils n'excluaient pas une pause dans ce cycle de baisse des taux, leur optimisme reposant sur les projets de relance budgétaire en Allemagne, premier pays de la zone euro.
Le gouvernement du futur chancelier allemand Friedrich Merz prévoit des centaines de milliards pour la défense et les infrastructures, un investissement qui pourrait soutenir l'industrie et la croissance en zone euro, a souligné jeudi 17 avril Mme Lagarde.
Inflation au second plan
À Francfort, siège de la BCE, les inquiétudes concernant la hausse des prix sont passées au second plan : la désinflation est "en bonne voie", observe la BCE, avec une inflation dans les 20 pays membres de la zone euro qui s'est établie à 2,2% en mars se rapprochant de la cible de 2%.
Et l'effet de la guerre commerciale sur les prix est encore incertain, souligne Christine Lagarde : une baisse de la demande pourrait faire refluer l'inflation tandis qu'une fragmentation des chaînes d'approvisionnement mondiales pourrait au contraire pousser les prix à la hausse.
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Une différence avec les États-Unis où le président de la Réserve fédérale (Fed) américaine Jerome Powell a estimé mercredi 16 avril que les droits de douane entraîneront "très certainement une hausse temporaire de l'inflation".
Il s'est attiré les foudres de Donald Trump selon lequel le patron de la Fed aurait dû baisser les taux "depuis longtemps déjà, comme la BCE".
Face à cette attaque contre l'indépendance des banques centrales, Christine Lagarde a affiché sa solidarité avec son "estimé" collègue américain.
"Les baisses de taux, à elles seules, ne suffiront pas à protéger l’économie de la zone euro face aux bouleversements et défis historiques actuels", prévient Carsten Brzeski, expert chez ING.
Une raison pour laquelle Mme Lagarde a lancé en toute fin de conférence de presse un appel appuyé aux Européens pour qu'ils s'attellent enfin aux réformes structurelles attendues de longue date, telles que le renforcement de la compétitivité ou l'union des marchés de capitaux.
AFP/VNA/CVN