La BCE baisse ses taux pour contrer la menace déflationniste

La Banque centrale européenne (BCE) a fait une incursion en terrain inconnu jeudi 5 juin en portant son taux de dépôt en territoire négatif, une mesure qu'aucune banque centrale d'envergure n'avait expérimentée jusqu'ici.

Outre son principal taux directeur, celui auquel se refinancent les banques à ses guichets, abaissé à 0,15% (contre 0,25%), un nouveau plus bas historique, l'institution monétaire de Francfort a baissé son taux de prêt marginal à 0,40% (contre 0,75%).

Et surtout elle a porté sous zéro son taux de dépôt, à -0,10%, une mesure inédite pour une grande banque centrale. Il stagnait à 0% depuis juillet 2012.

Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne (BCE) lors d'un discours au forum de la BCE, le 26 mai à Sintra, au Portugal

Ces mesures étaient largement attendues par les analystes et les marchés face à l'inflation très faible qui prévaut depuis des mois en zone euro et à une croissance qui peine à décoller (+0,2% au premier trimestre).

La hausse des prix s'est élevée à 0,5% en mai, selon une première estimation, après 0,7% en avril et 0,5% en mars. Soit très loin de l'objectif de la BCE qui est d'assurer une inflation proche mais en dessous de 2%, gage de stabilité des prix et de progression de l'activité économique.

Encourager la croissance

Ses responsables, après avoir longtemps espéré un rebond qui éloignerait la menace d'un glissement en déflation de la région, synonyme de baisse généralisée des prix et salaires et par conséquent de l'activité économique, ont finalement admis qu'il se faisait trop attendre et qu'une intervention était nécessaire.

En portant son taux de dépôt à un niveau négatif, la BCE espère pousser les banques à prêter davantage aux entreprises et ménages, afin d'encourager la croissance. En effet, les banques vont être désormais contraintes de payer pour stocker leur argent auprès de la BCE.

La BCE espère aussi peser sur le niveau de l'euro, qui s'est nettement apprécié depuis quelques mois. En effet, si les banques sont dissuadées de laisser leurs euros à la BCE, elles pourraient chercher des placements ailleurs, dans d'autres monnaies, faisant baisser la valeur de la monnaie unique européenne.

"Mais cela aidera t-il à faire repartir l'économie?", s'est interrogé Carsten Bzreski, économiste de la banque ING. "Probablement pas mais la BCE a montré sa détermination et sa capacité à agir", selon lui.

Un avis largement partagé par ses confrères. Marco Bargel, chef de la stratégie d'investissement de Postbank, estimait ainsi mercredi que les mesures attendues étaient davantage de l'ordre du "symbole". "Mais la BCE se doit de faire quelque chose, sinon les marchés seraient très déçus".

L'euro a tout cas baissé après l'annonce sur les taux tandis que les places boursières ont enregistré un sursaut.

D'autres annonces

D'autres annonces seront faites lors de la conférence de presse mensuelle du président de l’institution monétaire de Francfort, Mario Draghi, a ajouté le porte-parole de l'institution.

Selon les analystes, il pourrait annoncer entre autres un nouveau crédit à long terme (LTRO) aux banques, soumis cette fois à la condition qu'elles prêtent à leur tour contrairement à deux LTRO à trois ans lancés précédemment par la BCE. Une prolongation d'un an, jusqu'à mi-2016, de plusieurs opérations de prêts illimités de court terme aux banques est aussi envisagée.

Par ailleurs, M. Draghi doit dévoiler les nouvelles projections de croissance et d'inflation réalisées par ses services. Pour le moment, elle table sur une hausse du PIB de 1,2% en 2014, de 1,5% en 2015 et de 1,8% pour 2016. Quant aux prix, elle attend pour l'instant une hausse de 1% en 2014, puis de 1,3% en 2015 et 1,5% en 2016, des chiffres qui seront sans doute révisés en baisse de l'avis des analystes.

AFP/VNA/CVN

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