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Le regain de la pandémie en fin d'année, avec son cortège de nouvelles restrictions en Europe, a douché les espoirs de reprise rapide. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Six semaines ont passé depuis la dernière réunion de décembre et, selon Florian Hense, économiste chez Berenberg, la BCE "en reste à analyser l'impact de sa décision" qui a consisté à muscler son dispositif monétaire pour affronter la crise provoquée par la pandémie.
Sa principale arme, le programme d'achat d'urgence face à la pandémie (PEPP) déclenché en mars pour maintenir des conditions de financement favorables, a été recalibrée à 1.850 milliards d'euros et prolongée jusqu'en mars 2022. L'autre programme traditionnel de rachats d'actifs, le "QE, doit continuer au rythme de 20 milliards par mois sans horizon de temps. De même l'institution va accorder aux banques de nouvelles vagues de prêts bon marché, tandis que les taux d'intérêt naviguent à leur plus bas historique.
Une partie des liquidités déposées auprès de la BCE au lieu d'être distribuées via des crédits sont taxées à -0,5% depuis septembre 2019. Cet arsenal qui permet aux États, entreprises et ménages d'emprunter à bas coût pour stimuler l'investissement et l'emploi, sera selon toute attente confirmé jeudi 21 janvier.
Plus de risques
L'institution, qui joue les pompiers de la zone euro depuis le début de la crise sanitaire, n'est pas sous pression pour gonfler à nouveau ses interventions, s'accordent les observateurs.
Mais face à la presse, à partir de 13h30 GMT, "les capacités de communication de Christine Lagarde seront à nouveau mises à l'épreuve", souligne Carsten Brzeski, économiste chez ING.
Car le regain de la pandémie en fin d'année, avec son cortège de nouvelles restrictions en Europe, a douché les espoirs de reprise rapide.
La BCE devait juger que les risques sur l'activité sont "davantage orientés à la baisse qu'en décembre", souligne M. Brzeski.
La présidente de la BCE Christine Lagarde au One Planet Summit à Paris le 11 janvier. |
Les craintes sont alimentées par la propagation de nouveaux variants du virus, aux effets mal connus, ainsi que des livraisons plus lentes que prévu des premières doses de vaccins.
Or la présidente de la BCE veut croire que les prévisions de croissance, à savoir 3,9% du PIB de la zone euro en 2021, seront tenues.
La BCE veut "attendre de voir si les restrictions liées à la pandémie dureront jusqu'au deuxième trimestre" et "dans quelle mesure cela affectera la conjoncture", commente Fritzi Köhler-Geib, cheffe économiste de la banque publique KfW.
Euro fort
Avec plus de 1.000 milliards d'euros restant à dépenser au titre du PEPP, il y a de quoi "acheter autant d'obligations cette année que l'année dernière, tandis que les déficits publics devraient être plus faibles", estime Franck Dixmier, directeur des gestions obligataires d'Allianz Global Investors.
Les marchés obligataires restent calmes en dépit des crises gouvernementales en Italie et aux Pays-Bas. Cela "montre bien l'efficacité de la politique de la BCE pour contenir toute augmentation des taux longs", élément déclencheur de la crise des dettes en zone euro dans les années 2000, observe Eric Dor, directeur de recherche à l'Institut d'économie scientifique et de gestion (IESEG).
L'appréciation de l'euro pose cependant un casse-tête à la BCE qui n'arrive pas à faire remonter l'inflation vers 2% en glissement annuel, le niveau jugé adéquat pour aider l'activité. Depuis fin février, la monnaie unique s'est appréciée de plus de 10% face au billet vert. L'institution de Francfort doit jauger dans quelle mesure une nouvelle hausse de l'euro appellerait une réponse plus énergique de sa part.
Un euro fort fait baisser le coût des importations et rend les exportations moins compétitives. L'inflation, négative en zone euro d'août à décembre, ajoute à cette équation compliquée. Même si une remontée des prix est attendue en 2021, en lien avec le relèvement de la TVA en Allemagne et la perspective d'un retour à une vie plus normale, la portée de cette hausse devrait être limitée, selon les économistes.
AFP/VNA/CVN