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Le siège de la Banque du Japon à Tokyo, le 11 mai 2015. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Depuis septembre 2016, elle avait opté pour le statu quo, contrastant avec ses homologues, la Banque centrale européenne (BCE) et la Réserve fédérale américaine (Fed).
Mais cette fois, des rumeurs avaient laissé entrevoir la possibilité d'inflexions pour tenter de minimiser les effets secondaires négatifs de ses mesures sur les marchés et les banques.
Au final, la BoJ garde globalement le même cap mais dit "renforcer le cadre" pour pouvoir continuer son ambitieux programme, cinq ans après le lancement d'une vaste réforme monétaire qui a échoué.
L'ensemble de ses mesures sont reconduites, à commencer par son massif programme de rachats obligataires, situé autour de quelque 80.000 milliards de yens par an (plus de 600 milliards d'euros), en le modulant pour que le taux des obligations d'État à 10 ans se maintienne autour de 0%.
Prévisions d'inflation abaissées
Mais la banque centrale japonaise ajoute que ce taux pourra désormais "évoluer à la hausse et à la baisse dans une certaine mesure" et qu'elle conduira ses achats "de manière flexible", ce qu'elle fait déjà en réalité.
Elle a également décidé de revoir son programme de rachats de fonds cotés en Bourse (ETF) afin de "diminuer les risques" de distorsion sur les marchés.
Elle réduit par ailleurs le montant des dépôts de banques concernés par le taux d'intérêt négatif (-0,1%), mesure destinée à inciter les établissements bancaires japonais à allouer des prêts aux entreprises et aux consommateurs plutôt que de déposer leurs liquidités dans ses coffres.
Parallèlement à ces ajustements, la BoJ a abaissé ses prévisions d'évolution des prix, nouvel aveu d'échec dans sa quête d'une inflation de 2% alors que les prix à la consommation (hors ceux des denrées périssables) ont augmenté de seulement 0,8% en juin.
Dans son rapport actualisé, elle anticipe désormais une hausse de 1,1% sur l'exercice d'avril 2018 à mars 2019, au lieu de 1,3% attendu auparavant. La projection pour l'année suivante passe de 1,8% à 1,5% (en excluant l'impact d'une hausse de la TVA, qui doit passer de 8% actuellement à 10% en octobre 2019).
Un long combat contre la déflation
La BoJ reconnaît donc implicitement qu'elle n'atteindra pas sa cible en 2019/20, comme elle le souhaitait auparavant, et prévient qu'elle "compte maintenir les très bas niveaux actuels des taux d'intérêt sur une longue période".
"La BoJ est maintenant prête à un long combat contre la déflation ou la désinflation", a commenté pour l'agence Bloomberg Shigeto Nagai, analyste d'Oxford Economics.
De son côté, Taro Saito, de l'institut NLI, a critiqué un communiqué confus, qui a échoué à envoyer un message clair aux marchés.
De fait, certains y ont vu au contraire les prémices d'un resserrement monétaire. "Les ajustements étaient mineurs mais c'est peut-être le début d'un grand changement", a déclaré à l'AFP Hideo Kumano, économiste de l'institut de recherche Dai-ichi Life.
Le gouverneur Haruhiko Kuroda, qui doit s'exprimer devant la presse à 06h30 GMT, devra donc fournir des éclaircissements.
Il sera aussi interrogé sur les raisons d'une inflation aussi poussive. Dans le document publié à l'issue de sa réunion de deux jours, la Banque du Japon met en cause "l'expérience prolongée de faible croissance et de déflation" vécue par le Japon après l'éclatement de la bulle financière au début des années 1990.
"L'idée que les salaires et les prix n'augmenteront pas rapidement est devenue ancrée dans l'économie, et cela prend du temps pour changer ces facteurs", souligne la BoJ.