La banque centrale américaine lance un avertissement sur l'inflation

La banque centrale américaine a laissé ses taux inchangés mercredi 31 janvier au cours de la dernière réunion monétaire présidée par Janet Yellen mais a lancé un (petit) avertissement sur l'inflation qui laisse présager de futurs tours de vis.

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La présidente de la Fed, Janet Yellen, à Washington, le 31 janvier.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le communiqué de la Fed change un peu de ton par rapport à décembre, quand elle avait décidé d'augmenter ses taux d'un quart de point. L'institut monétaire dit désormais s'attendre à ce que l'inflation "remonte cette année pour se stabiliser à moyen terme autour de la cible de 2%".

Une phrase qui va renforcer le sentiment des marchés qu'une hausse des taux d'intérêt au jour le jour, actuellement entre 1,25 et 1,50%, se prépare pour la prochaine réunion monétaire de mars, qui se fera sous la houlette de Jerome Powell, le successeur de la première présidente de la plus influente banque centraler du monde.

Les acteurs financiers vont aussi se demander si la cadence de renchérissement du coût du crédit ne va pas s'accélérer avec quatre prochaines hausses pour 2018 au lieu des trois relèvements d'un quart de point de pourcentage prévus jusqu'ici.

La Fed a d'ailleurs remarqué que "les mesures de compensation de l'inflation basées sur le marché ont augmenté ces derniers mois" même si elles "restent basses". L'inflation mesurée par l'indice PCE en décembre était de 1,7% sur un an.

Le Comité monétaire (FOMC) note aussi que l'activité économique a progressé à "un rythme solide", et souligne les "robustes" gains d'emplois de même que les dépenses des ménages et investissements des entreprises.

Le communiqué ne mentionne pas explicitement l'impact du stimulus fiscal adopté par l'administration Trump ni l'optimisme des marchés boursiers qui ont affiché record sur record ces derniers mois.

"Les responsables monétaires paraissent un peu plus optimistes que dans leurs précédents communiqués", a relevé Omer Esiner, économiste pour Commonwealth Foreign Exchange. "Ils ont mentionné que l'inflation allait remonter cette année et de façon notable, ont abandonné la mention que l'inflation allait demeurer sous la cible des 2% à court terme", a-t-il ajouté.

Pour Michael Pearce de Capital Economics, "cette dernière réunion du Comité résume bien tout le mandat de Mme Yellen. La politique monétaire reste accommodante mais il y a des indices qu'elle va graduellement se resserrer à l'avenir".

Les analystes de Barclays Research estiment que "la caractérisation de l'économie est le signal le plus fort que le FOMC va relever les taux en mars" mais ils jugent encore très "modeste" l'ajustement du ton sur l'inflation.

Transition

Les membres du Comité ont voté à l'unanimité pour le maintien des taux lors de cette dernière réunion dirigée par Janet Yellen, 71 ans, qui se retire samedi après quatre ans à la tête de la puissante banque centrale.

La première femme à avoir jamais dirigé la Fed --une démocrate qui a passé une grande partie de sa carrière à la banque centrale et avait été nommée par Barack Obama-- est remplacée par Jerome Powell, un avocat d'affaires et ancien banquier de 64 ans, choisi par Donald Trump.

M. Powell n'est pas inconnu des marchés financiers puisqu'il a été gouverneur de la Fed pendant cinq ans et a toujours suivi la politique monétaire prônée par Mme Yellen. Il sera officiellement intronisé lundi.

Le gouvernement publie vendredi les chiffres de l'emploi pour décembre. Les prévisions tablent sur un taux de chômage stable à 4,1%, son plus bas niveau depuis 17 ans, et 180.000 créations d'emplois, un chiffre encore soutenu. L'enquête mensuelle de la firme ADP a montré mercredi de solides embauches pour janvier à 234.000, supérieures aux attentes des analystes.

Après une expansion de 2,3% en 2017, l'économie des États-Unis devrait afficher une croissance de 2,6% en 2018, selon les prévisions médianes des économistes.

Mais le président Donald Trump assure que l'activité peut avancer plus rapidement, bien au-dessus de 3%, grâce aux déréglementations et aux réductions d'impôts sur les sociétés et les revenus même si celles-ci vont coûter près de 1.500 milliards de dollars au budget sur 10 ans.

Selon le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin, la réforme de la fiscalité, très favorable aux entreprises dont le taux d'imposition passe de 35% à 21%, vise notamment "à doper la croissance des salaires", a-t-il dit devant une commission du Congrès mardi. Quelque 250 sociétés ont, à la suite de ces mesures, accordé des primes ou augmentations de salaires et trois millions de salariés en ont bénéficié, selon lui.

AFP/VNA/CVN

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