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Sherine Tadros, directrice du bureau à New York d'Amnesty International, s'exprime lors d'une conférence de presse aux Nations unies, le 18 octobre, sur l'affaire du journaliste saoudien tué Jamal Khashoggi. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Au lendemain des aveux de l'Arabie Saoudite qui ont suscité une vague de scepticisme, Donald Trump allant jusqu'à dénoncer des "mensonges", le président turc Recep Tayyip Erdogan est monté au créneau.
"Nous cherchons la justice ici, et toute la vérité sera révélée (...), la vérité nue", a-t-il lancé lors d'un rassemblement à Istanbul.
M. Erdogan a précisé qu'il ferait une déclaration sur cette affaire mardi au parlement.
Les explications de Ryad sur la mort du journaliste critique du prince héritier Mohammed ben Salmane et exilé aux États-Unis sont loin d'avoir convaincu les grandes capitales occidentales.
Dans un communiqué commun, Londres, Paris et Berlin ont estimé dimanche 21 octobre qu'il y avait "un besoin urgent de clarification" sur les circonstances de la mort "inacceptable" du journaliste, âgé de 59, au consulat saoudien à Istanbul.
Après avoir qualifié de "crédible" la version des Saoudiens, le président américain Donald Trump a évoqué "des mensonges", jugeant que "leurs histoires partent dans tous les sens".
"Il y a eu manifestement tromperie et mensonges", a-t-il déclaré dans un entretien au Washington Post, journal auquel collaborait Jamal Khashoggi.
Dans la soirée, la présidence turque a fait savoir que MM. Erdogan et Trump avaient eu un entretien téléphonique et qu'ils étaient d'accord sur la "nécessité d'éclaircir" l'affaire Khashoggi.
Après sa disparition le 2 octobre, les autorités saoudiennes ont finalement admis samedi ce que tout le monde redoutait: le journaliste a bien été tué dans le consulat.
C'est le procureur général Saoud al-Mojeb qui a confirmé sa mort. "Les discussions entre lui et les personnes qui l'ont reçu au consulat ont débouché sur une bagarre et sur une rixe à coups de poing, ce qui a conduit à sa mort", a-t-il dit, cité par l'agence SPA.
Chronologie de l'affaire Jamal Khashoggi, le journaliste saoudien disparu, dont l'Arabie saoudite a reconnu la mort. |
Signe de contradictions persistantes, le directeur d'un centre de réflexion proche du pouvoir saoudien, Ali Shihabi, a affirmé que Khashoggi était mort étouffé des suites d'un "étranglement".
Dans un premier temps, les autorités saoudiennes avaient affirmé que le journaliste était ressorti vivant du consulat.
Des responsables turcs ont, eux, donné une autre version affirmant que Jamal Khashoggi avait été torturé et assassiné par une équipe de 15 agents saoudiens venus spécialement de Ryad. Selon des journaux turcs, son corps a été démembré.
"Pourquoi ces quinze hommes sont-ils arrivés ici? Pourquoi dix-huit personnes ont-elles été arrêtées?", a demandé dimanche le président turc.
"erreur monumentale"
Dans le contexte de cette affaire, Ryad a annoncé le limogeage du numéro deux du Renseignement saoudien, le général Ahmed al-Assiri, et de trois autres hauts responsables de ces services, ainsi que d'un conseiller "médias" à la cour royale, Saoud al-Qahtani. Dix-huit suspects saoudiens ont été interpellés.
Mais des analystes occidentaux ont vu dans ces limogeages et arrestations une tentative de désigner des boucs émissaires et d'épargner le prince héritier, considéré comme l'homme fort du royaume.
Mohammed ben Salmane n'était "pas informé" de l'opération, non-autorisée par le pouvoir, a affirmé dimanche le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir, dans un entretien à la chaîne américaine Fox News.
AFP/VNA/CVN