Juncker fragilisé par le scandale "Luxleaks" d'évasion fiscale

Les révélations sur le système d'évasion fiscale massif mis en place au Luxembourg au profit des multinationales fragilisent Jean-Claude Juncker au moment où il prend la tête d'une Commission européenne dont il veut affirmer le rôle.

Jeudi 6 novembre, il a annulé au dernier moment sa participation à une conférence à Bruxelles.

M. Juncker a été pendant 18 ans, entre 1995 et 2013, Premier ministre du Luxembourg, considéré comme un des principaux paradis fiscaux dans le monde. Pendant cette période, entre 2002 et 2010, selon une enquête publiée par 40 médias internationaux, le Grand-Duché a passé des accords fiscaux avec 340 multinationales, dont Apple, Amazon, Ikea, Pepsi, Heinz, Verizon ou AIG, afin de minimiser leurs impôts.

Jean-Claude Juncker, nouveau président de la Commission européenne, lors d'une conférence de presse, le 5 novembre à Bruxelles

Cette polémique, quelques jours seulement après l'entrée en fonction de M. Juncker, complique sa tâche alors même qu'il a promis de renforcer la Commission en la rendant "plus politique", mais aussi de relancer une économie européenne en panne avec un grand plan d'investissement de 300 milliards d'euros.

D'emblée, il a cherché à affirmer son rôle face aux États, en assurant qu'il n'accepterait "pas les critiques injustifiées". Il s'en est pris au Britannique David Cameron et à l'Italien Matteo Renzi. "Je ne suis pas un type qui tremble devant les Premiers ministres", a-t-il dit.

Jeudi 6 novembre, M. Juncker a été accusé par le groupe des Verts au Parlement européen de "conflit d'intérêt". Les services de la Commission enquêtent pour savoir si le Luxembourg a accordé, à travers la pratique du "ruling", des "subventions déguisées" au géant américain de vente sur internet Amazon et au groupe italien Fiat.

L'exécutif européen est prêt à sanctionner le Luxembourg, s'il y a lieu, a affirmé son porte-parole, Margaritis Schinas, lors d'un point de presse s'efforçant de protéger M. Juncker. "On est en terrain connu, celui de la législation sur les aides d'État", a-t-il martelé, assurant que c'était la commissaire à la Concurrence, Margrethe Vestager, et elle seule, qui était chargée du dossier.

M. Juncker est "serein", a-t-il assuré, affirmant la détermination du nouveau chef de l'exécutif européen à renforcer l'harmonisation fiscale européenne.

AFP/VNA/CVN

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