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Le secrétaire d'État américain John Kerry (gauche) et le président nigérian Muhammadu Buhari, le 23 août à Abuja. |
Pour sa troisième visite diplomatique au Nigeria en moins de deux ans, John Kerry s'est rendu tout d'abord dans l'extrême nord du pays, à Sokoto, où il a réitéré l'engagement des États-Unis aux côtés du géant de l'Afrique de l'Ouest, avant de rencontrer le président Muhammadu Buhari à Abuja.
Dans son discours, le chef de la diplomatie américaine a loué les victoires de l'armée nigériane sur les "terroristes de Boko Haram", soulignant que le Nigeria avait récupéré "le contrôle d'une grande partie de son territoire".
Mais il a mis en garde les militaires nigérians, régulièrement accusés d'abus contre les droits de l'homme ou d'usage excessif de la force : "La répression entraîne la défiance, elle entraîne le mépris et engendre des terroristes", a-t-il ajouté.
"L'armée doit renforcer son engagement envers les valeurs que défendent cette région et le Nigeria dans son ensemble : l'intégrité, la bonne gouvernance, l'éducation, la compassion, la sécurité et le respect des droits de l'homme", a-t-il ajouté.
Cette remarque est arrivée quelques heures après une annonce faite par l'armée, selon laquelle le leader du groupe jihadiste, Abubakar Shekau, a été "mortellement blessé" dans un raid aérien.
Shekau, dont le leadership à la tête de Boko Haram a récemment été mis en cause, a été touché à l'épaule lors de ce raid mené vendredi 19 août sur la forêt de Sambisa, base-arrière du groupe, selon un communiqué du porte-parole de l'armée nigériane Sani Usman.
"J'ai dit blessé, s'il y a d'autres développements, je vous le ferai savoir", a ajouté l'officier interrogé par l'AFP.
Trois commandants de Boko Haram - Abubakar Mubi, Malam Nuhu et Malam Hamman - ont aussi été tués et plusieurs autres blessés, a ajouté le porte-parole.
Poursuite de l'aide américaine
John Kerry a rencontré des leaders religieux et gouverneurs des États du Nord, où l'on pratique la loi islamique de la charia, invitant chrétiens et musulmans à "se comprendre" et mener "la guerre contre l'ignorance".
La veille, dans l'État de Zamfara (Nord), huit personnes avaient été lynchées par la foule pour avoir tenté d'aider un homme accusé de blasphème.
Cela demande "beaucoup d'efforts et une bonne gouvernance", a ajouté le secrétaire d'État, assurant que les États-Unis poursuivraient leur coopération militaire et humanitaire avec le pays le plus peuplé d'Afrique avec plus de 170 millions d'habitants.
Début août, le gouvernement américain avait annoncé ajouter 37 millions de dollars supplémentaires d'aide au nord-est du Nigeria pour répondre à la grave crise alimentaire causée par l'insurrection de Boko Haram.
L'enveloppe s'ajoute aux 318 millions de dollars déjà versés depuis 2015 par Washington.
"Les États-Unis, en partenariat avec le gouvernement nigérian et des donateurs internationaux, se sont engagés à ouvrir des écoles pour les enfants déplacés par le conflit, leur offrir des repas, un soutien psychologique (...) pour qu'ils puissent un jour devenir des citoyens à part entière", a promis John Kerry.
Il a ensuite rencontré M. Buhari dans la capitale fédérale, félicitant le président élu l'an dernier pour son "bon départ à tous les niveaux de gouvernement".
Le dirigeant nigérian a promis de poursuivre sa lutte contre la corruption, une de ses priorités, "dans le respect de la loi".