>>Mini-sommet Merkel-Hollande-Renzi en Méditerranée pour relancer l'UE
Le président français François Hollande, le Premier ministre italien Matteo Renzi et la chancelière allemande Angela Merkel, le 22 août en Italie. |
Photo : EPA/VNA/CVN |
"Le risque majeur, ça vaut pour l'Europe comme pour les nations, c'est la dislocation, la fragmentation, l'égoïsme, le repli", a averti le chef de l'État français lors d'une conférence de presse commune avec la chancelière allemande et le chef du gouvernement italien sur le pont du porte-aéronefs Giuseppe Garibaldi, ancré au large de la petite île italienne de Ventotene.
L'Europe n'est "pas finie" depuis le coup de tonnerre du Brexit, la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, a asuré pour sa part le chef du gouvernement italien Matteo Renzi, hôte de ce mini-sommet à trois.
Le Brexit et ses conséquences sur l'avenir de l'UE avaient déjà rassemblé les trois dirigeants le 27 juin à Berlin où ils avaient appelé à une "nouvelle impulsion" pour l'Europe, au moment où les mouvements populistes ont le vent en poupe sur le vieux continent.
Mais forger une position commune à Bratislava, au cœur d'une Europe de l'Est qui regarde avec une grande circonspection tout projet de relance de l'intégration européenne, ne sera pas aisé.
"Il est très facile de se plaindre, de trouver des boucs émissaires. L'Europe est le bouc émissaire parfait", a lancé M. Renzi, rappelant que l'Europe signifiait aussi et avant tout "liberté, paix et prospérité".
"L'Europe est la plus importante opportunité qu'ont les jeunes générations", a-t-il encore assuré.
"Trois priorités"
M. Hollande a de son côté énuméré trois "priorités" pour parvenir à cette relance d'une Union européenne en pleine crise existentielle. La première, selon lui, doit être la sécurité avec la protection des frontières extérieures de l'UE grâce à un corps de gardes-frontières et de gardes-côtes.
La seconde, a-t-il poursuivi, doit être la défense avec "davantage de coordination, de moyens supplémentaires et de forces de projection". Et la troisième, la jeunesse avec un programme Erasmus d'échanges universitaires "amplifié".
Mais il faut aussi prendre des "mesures fortes pour relancer la croissance et lutter contre le chômage des jeunes", et "revenir à l'Europe des valeurs, plutôt qu'à celle de la finance", a averti de son côté le président du Conseil italien. Ce dernier ne cesse de dénoncer l'austérité et l'équilibre des comptes publics comme seul horizon en Europe, et réclame, à l'instar de la France, davantage d'investissements et de flexibilité en matière de discipline budgétaire.
Sur ce point, Mme Merkel est resté prudente, ne fermant pas toutefois la porte aux demandes de M. Renzi, à qui elle a aussi apporté un soutien appuyé.
"Je pense que le pacte de stabilité (budgétaire européen) prévoit vraiment beaucoup de flexibilité que nous pouvons utiliser de manière intelligente", a-t-elle assuré, renvoyant la "responsabilité" de la décision à la Commission européenne.
"L'Europe n'est pas encore dans tous les domaines l'endroit du monde le plus compétitif", a-t-elle aussi relevé, appelant le Vieux continent à aller de l'avant en matière de nouvelles technologies et de numérique.
Le président français a insisté pour sa part sur le plan Juncker de relance de l'investissement en Europe (315 milliards d'euros de 2015 à 2018). Il doit être selon lui "non seulement prolongé" mais également "amplifié". La France souhaiterait qu'il soit tout simplement doublé.
Les trois dirigeants devaient partager dans la soirée un dîner de travail à bord du Garibaldi, qui accueille l'état-major naval de l'opération européenne Sophia de lutte contre les passeurs de migrants en Méditerranée.
AFP/VNA/CVN