>>Le télescope spatial James Webb en chiffres
>>Le télescope James Webb va livrer l'image "la plus profonde" de l'univers
Vue d'artiste du télescope James Webb dans l'espace, qui doit livrer ses premières images scientifiques et en couleur mardi |
La NASA avait annoncé vendredi 8 juillet le nom des cinq premières cibles cosmiques choisies. Mais les images, qui promettent d'être spectaculaires, ont elles été jusqu'ici jalousement gardées, afin de créer le suspense.
"Ces images en haute résolution montreront la lumière de galaxies vieilles de plus de 13 milliards d'années, formées peu après le Big Bang", a déclaré lundi après-midi 11 juillet la porte-parole de Joe Biden, Karine Jean-Pierre.
Le président américain doit révéler lui-même la première image scientifique prise par James Webb, lors d'un événement à la Maison Blanche à 17h30 heure locale (21h30 GMT), en présence du patron de l'agence spatiale américaine, Bill Nelson.
Ce dernier avait promis fin juin que cette pochette-surprise contiendrait "l'image la plus profonde jamais prise de notre Univers".
Bijou d'ingénierie d'une valeur de 10 milliards d'USD, James Webb a parmi ses missions principales l'exploration des premiers âges de l'Univers.
Les autres images seront ensuite révélées lors d'un événement en ligne de la Nasa mardi matin 12 juillet. Elles doivent à la fois impressionner le grand public par leur beauté et démontrer aux astronomes du monde entier toute la puissance des instruments scientifiques embarqués.
Les experts pourront alors commencer à interpréter des données collectées à l'aide de logiciels dédiés, donnant le top départ d'une grande aventure scientifique.
"Lorsque j'ai vu les images pour la première fois (...), j'ai appris d'un coup trois nouvelles choses sur l'Univers que je ne savais pas avant", a confié à l'AFP, Dan Coe, l'un des rares chanceux dans la confidence. "Ça m'a complètement soufflé", a confié cet astronome au Space Telescope Science Institute de Baltimore, chargé des opérations de James Webb .
Ce télescope va "transformer notre compréhension de l'Univers", a-t-il témoigné.
En couleur
La première image attendue lundi 12 juillet pourrait être celle d'un champ profond, c'est-à-dire d'une image prise avec un long temps d'exposition afin de détecter les plus faibles lueurs, selon une source scientifique.
La NASA avait annoncé vendredi qu'un tel cliché de l'amas de galaxies SMACS 0723 serait réalisé. Agissant comme une loupe, sa particularité est de pouvoir faire apparaître des objets très lointains situés derrière lui - un effet appelé lentille gravitationnelle.
Les noms des autres objets cosmiques observés sont tout aussi poétiques qu'envoûtants : la nébuleuse de la Carène et de l'anneau austral (de gigantesques nuages de gaz et de poussières où se forment les étoiles), et le Quintette de Stephan (un groupement compact de galaxies).
Les couleurs probablement majestueuses qui seront dévoilées sur les photographies ne seront toutefois pas directement celles observées par le télescope.
La lumière se décompose en différentes longueurs d'ondes, et James Webb fonctionne lui dans l'infrarouge, que l'oeil humain ne peut percevoir. Les couleurs infrarouges seront donc "traduites" dans des couleurs visibles.
Grâce à ces observations dans l'infrarouge proche et moyen, James Webb pourra voir à travers des nuages de poussière impénétrables pour son prédécesseur, le mythique télescope spatial Hubble. Lancé en 1990 et toujours en fonctionnement, celui-ci a bien une petite capacité infrarouge mais opère surtout dans la lumière visible et les ultraviolets.
"Même quand Hubble réussissait à prendre l'image d'une galaxie lointaine, il n'était pas capable de distinguer un écureuil d'un éléphant", a résumé David Elbaz, astrophysicien français.
Autres grandes différences entre les deux télescopes : le miroir principal de James Webb est près de trois fois plus grand que celui de Hubble et il évolue bien plus loin : à 1,5 million de km de la Terre, contre 600 km pour Hubble.
Autres mondes
Mardi, la première spectroscopie du télescope James Webb doit également être rendue publique, une technique utilisée pour déterminer la composition chimique d'un objet lointain. En l'occurrence, WASP-96 b, une planète géante composée essentiellement de gaz et située en dehors de notre système solaire.
Une image prise en 2010 par le télescope Hubble d'une partie de la nébuleuse de la Carène, située à plus de 7.600 années-lumière. |
Les exoplanètes (des planètes en orbite autour d'une autre étoile que notre Soleil) sont aussi l'un des axes de recherches principaux de James Webb. Environ 5.000 ont été découvertes depuis 1995, mais elles restent très mystérieuses.
Le but est d'étudier leur atmosphère afin de déterminer si certaines pourraient se révéler être des mondes habitables et propices au développement de la vie.
La publication de ces premières images marquera le début officiel du tout premier cycle d'observation scientifique du télescope.
Plusieurs centaines de projets d'observation, proposés par des chercheurs du monde entier, ont déjà été retenus par un comité de spécialistes pour cette première année de fonctionnement.