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"Nous avons besoin de davantage de voix africaines dans les conversations internationales à propos de l’économie mondiale, la démocratie et la gouvernance, le changement climatique, la santé et la sécurité", a affirmé Judd Devermont, le directeur exécutif aux Affaires africaines du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche. Les États-Unis évoqueront le rôle de l’Union africaine avec l’Inde, qui présidera le G20 en 2023. L’Afrique du Sud est actuellement le seul pays africain à figurer au G20, né dans sa forme actuelle lors de la crise financière de 2008.
Le sommet de trois jours à Washington sera l'occasion d'annoncer de nouveaux investissements entre les États-Unis et les pays africains. Les parties prenantes doivent notamment parler de sécurité alimentaire - aggravée par la guerre en Ukraine -, du changement climatique mais aussi de démocratie et gouvernance.
Mais ce sommet est peut-être surtout le moment de démontrer que les États-Unis s'intéressent encore à l'Afrique. Cette année, sous l’ère Biden, il se tient huit ans après le premier du genre. Il avait eu lieu en 2014 sous la présidence de Barack Obama.
L'ancien président Donald Trump ne faisait lui pas mystère de son désintérêt pour le continent africain. Tandis que Joe Biden, chantre du multilatéralisme, entend replacer l'Afrique au cœur de la diplomatie mondiale.
L’actuel dirigeant américain soutient l'idée d'un siège pour l'Afrique au Conseil de sécurité de l'ONU et il appellera lors du sommet à ce que l'Union africaine soit formellement représentée au G20, a indiqué un conseiller présidentiel.
"Cette décennie sera décisive. Et les années à venir vont déterminer la manière dont sera réorganisé le monde", a affirmé le “Monsieur Afrique” du Conseil de sécurité nationale, Judd Devermont. Proche de l’exécutif américain, il souhaite souligner que l'administration Biden "croit fermement que l'Afrique aura une voix déterminante".
La “stratégie Afrique” de Biden face à la Russie et la Chine
Le sommet intervient dans le sillage d'une nouvelle stratégie "Afrique" dévoilée l'été dernier. Cette méthode portée par Joe Biden prévoit notamment une refonte de la politique des États-Unis en Afrique subsaharienne, pour y contrer la présence chinoise et russe. Lors d'une tournée en Afrique cet été, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken avait appelé à créer un "véritable partenariat" avec l'Afrique.
Ces déclarations viennent en réponse aux investissements chinois et russes sur le continent africain ces dernières années. La Chine est le premier créancier mondial des pays pauvres et en développement et investit massivement sur le continent africain, riche en ressources naturelles. De même, la Russie y a fortement augmenté sa présence, y compris en envoyant des mercenaires, et cultive des liens étroits avec certaines capitales, notamment celles qui avaient décidé début mars de ne pas apporter leurs voix à une résolution des Nations unies condamnant l'invasion de l'Ukraine, gros point de tension avec les États-Unis.
"Il est clair qu'on est critiqués par ceux qui s'interrogent sur le fait de savoir pourquoi on a invité tel ou tel gouvernement avec qui on a des soucis", admet Molly Phee, du département d'État. "Mais cela reflète la volonté du président Biden et du secrétaire d'État Blinken d'avoir des discussions respectueuses y compris avec ceux avec qui on a des différences", ajoute-t-elle.
La haute diplomate a dit notamment s'attendre à une "discussion robuste" sur la loi de programmation sur la "croissance en Afrique" votée en 2000 et liant la levée de tarifs douaniers aux progrès démocratiques. Cette loi arrive à échéance en 2025.
Mvemba Phezo Dizolele, Center for Strategic and International Studies à Washington. Pour Mvemba Phezo Dizolele, qui dirige le programme Afrique au Center for Strategic and International Studies à Washington, le sommet "présente de réelles opportunités mais aussi certains risques". "C'est l'occasion de montrer à l'Afrique que les États-Unis sont vraiment à l'écoute", observe-t-il. "Mais l'attente étant très forte, la question sera de savoir si les choses vont réellement changer".
AFP/VNA/CVN