>> Le chaleureux "kenavo" des Tri Yann à 50 ans de scène
Jean-Paul Corbineau lors d'un concert de Tri Yann, en septembre 2021 à Nantes. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Jean-Paul est décédé d'une longue maladie", a dit Jean Chocun, citant la famille du défunt et confirmant une information d'Ouest France.
"On est sous le choc avec Jean-Louis" Jossic, le troisième "Jean" fondateur de Tri Yann, "on savait que Jean-Paul était malade mais on espérait", a ajouté M. Chocun, très ému.
Après 50 ans de scène, Tri Yann avait fait ses adieux au public le 12 septembre 2021 à Nantes, mettant fin à une carrière à la longévité exceptionnelle pour ce groupe qui avait largement contribué à populariser la musique bretonne avec ses nombreux tubes.
"Les gens nous portaient. Ils étaient à la fois heureux et malheureux de nous voir partir et nous on était à la fois heureux et malheureux de leur dire au revoir", avait lancé après cet ultime concert Jean-Paul Corbineau, déjà malade.
"Son état s'était amélioré et pendant les derniers concerts, il allait bien. On avait pu faire ça dans les meilleures conditions", se souvient Jean Chocun.
"Nous perdons l'un de nos plus grands ambassadeurs bretons. Jean-Paul Corbineau, c'était le rigolo qui avec ses deux compères savait raconter notre histoire celte et faire rayonner notre musique et notre identité bretonne à travers le monde", a salué dans un communiqué le président de la région Bretagne, Loïg Chesnais-Girard.
"Nous nous souviendrons de sa voix de troubadour, qui sublimait les complaintes du répertoire du groupe, mais aussi de ces longs cheveux blancs qui lui donnaient cette si belle allure de barde", a réagi pour sa part la maire de Nantes, Johanna Rolland.
"Notre émotion est grande tant l'aventure artistique, culturelle, humaine de Tri Yann a marqué l'histoire récente de notre ville", poursuit-elle.
Succès populaire
La première prestation du trio avait eu lieu en décembre 1970 près de Carnac (Morbihan), devant une poignée d'amis. Jean-Paul, alors acheteur pour un supermarché à Nantes, Jean Chocun, assistant administratif à la Compagnie Générale Transatlantique, et Jean-Louis Jossic, prof d'histoire-géo, enchaînent ensuite les bals bretons.
Le groupe breton Tri Yann sur scène, avec de gauche à droite Jean-Paul Corbineau, Jean-Louis Jossic et Jean Chocun, en septembre 2021. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Très vite, ils se font appeler les Tri Yann an Naoned (les Trois Jean de Nantes en breton).
Fans de Bob Dylan et d'Hugues Aufray, ils se démènent pour moderniser la musique bretonne et celtique et la sortir de son ghetto, pour "en faire quelque chose de plus populaire, de plus ouvert", racontait en 2020 Jean-Paul Corbineau.
Cette musique était à l'époque vue comme "une musique de ploucs avec des costumes, des coiffes...", selon Jean-Louis Jossic.
À leur début, ils sont critiqués parce qu'ils chantent surtout en français, considérés par certains puristes comme n'étant pas assez bretons, mais le succès populaire fait vite taire les grincheux.
Le premier album de Tri Yann s'écoulera en quelques heures et, dès 1972, ils font l'Olympia en première partie de Juliette Gréco, devenant dans la foulée musiciens professionnels.
Après des albums plutôt acoustiques, mêlant reprises de chansons traditionnelles et compositions personnelles, Tri Yann amorce un virage plus rock qui reste l'un de ses signes distinctifs.
Tri Yann a à son actif plus de trois millions d'albums vendus, des concerts au Zénith, à Bercy, et même au Stade de France, ainsi que dans de nombreux pays étrangers. En France, ils ont battu le record de longévité des Frères Jacques.
"On n'a jamais trouvé naturel et normal le succès qu'on a eu", souriait Jean-Paul Corbineau en évoquant les 50 ans de carrière des trois amis.
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