>>Tao, doyenne mondiale du yoga et modèle de longévité
>>Emma Morano, dernière survivante du XIXe siècle, fête ses 117 ans
Emma Morano était la dernière survivante connue du XIXe siècle et doyenne de l'humanité. Ici photographiée le 14 mai 2016 à Verbania, dans le Nord de l'Italie. |
Photo : Reuters/VNA/CVN |
"Elle a eu une vie extraordinaire et nous nous souviendrons toujours de sa force pour aller de l'avant", a déclaré Silvia Marchionini, la maire de Verbania, petit village du Nord de l'Italie où Emma Morano s'est éteinte après avoir connu trois siècles et deux millénaires.
Selon le Gerontology Research Group (GRG), la doyenne de l'humanité est désormais une Jamaïcaine, Violet Brown, née le 10 mars 1900. Et, toujours d'après ce groupe de recherches américain sur les personnes âgées, Emma Morano, née le 29 novembre 1899, était la dernière personne connue dans le monde à avoir vu le jour avant 1900.
Elle était un exemple de ces personnes qui "semblent vieillir à un rythme inférieur à la normale, peut-être à peine quelques fractions de moins, mais cela fait la différence", a expliqué Robert Young, l'un des responsables du GRG.
Cette forte tête, restée autonome jusqu'à ses 115 ans, attribuait sa longévité à ses décennies de célibat et à son improbable régime : trois œufs par jour pendant près d'un siècle.
De son vivant, Emma Morano a vu défiler 11 papes, trois rois d'Italie et 12 présidents de la République, même si elle est restée loin du record de 122 ans de la Française Jeanne Calment.
Très indépendante, elle s'est séparée de son mari violent juste après la mort de leur unique fils à l'âge de quelques mois. C'était en 1938, plus de 30 ans avant la légalisation du divorce en Italie.
Elle a ensuite vécu seule, à une époque où cela ne se faisait pas, travaillant jusqu'à ses 75 ans dans une fabrique de sacs en toile de jute. Et ne s'est résolue qu'à l'âge de 115 ans à accepter l'aide d'une infirmière à plein temps, dans son petit appartement au bord du lac Majeur.
Elle y avait reçu l'AFP à l'automne 2016. Entre une grande armoire couverte de boîtes en carton et une série hétéroclite d'images pieuses, cette femme conservait son diplôme de "Doyenne de l'humanité" délivré par le Guinness et une la montrant avec son médecin, Carlo Bava, des œufs à la main.
Car rares seraient les diététiciens à recommander le régime d'Emma Morano.
Souffrant d'anémie lorsqu'elle avait 20 ans - juste après la Première guerre mondiale -, elle avait reçu d'un médecin le conseil de manger trois œufs par jour, deux crus le matin et un en omelette à midi.
Plus de 100.000 œufs
L'Italienne Emma Morano, le 14 mai 2016 à Verbania, dernière survivante connue du XIXe siècle et doyenne présumée de l'humanité, décédée le 15 avril 2017 à 117 ans. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Elle a scrupuleusement suivi ces recommnadations, avalant au fil du temps plus de 100.000 œufs, avant de se découvrir dans ses dernières années une passion ravageuse pour les biscuits.
"Emma a toujours mangé très peu de légumes, très peu de fruits", racontait le Dr Bava, qui l'a suivie pendant près de 30 ans et attribuait quant à lui la longévité de sa patiente à la génétique, dans la mesure où beaucoup de membres de sa famille ont vécu très vieux.
Son régime aurait en effet dû lui détruire le foie et les poussières de l'usine de toile de jute lui ravager les poumons. "Mais avec Emma, je pense qu'elle aurait pu manger du gravier et vivre très longtemps", plaisantait le médecin.
La régularité de son quotidien et son caractère bien trempé ont également aidé. Ainsi, la vieille dame n'a jamais accepté de mettre les pieds dans un hôpital, ne serait-ce que pour une opération de la cataracte.
Elle voyait et entendait très mal, s'exprimait avec difficulté et passait une grande partie de ses journées à dormir. Mais son esprit était resté très alerte, avec un solide sens de l'humour.
"Ca va ma coiffure ?", avait-elle demandé avant de souffler les bougies de son 117e anniversaire en novembre 2016. "Ce qui m'impressionne le plus, c'est sa mémoire. Elle n'oublie rien", racontait alors Yamile Vergara, l'infirmière colombienne qui prenait soin d'elle. "Sa thérapie, c'est la bonne humeur", ajoutait-elle. "Je la fais rire et elle me fait rire. Rire, c'est le meilleur remède. Elle est très drôle !".