Italie : l'AC Milan plonge dans le rouge profond

Des chiffres qui donnent le vertige, ou plutôt le mal des profondeurs : 146 millions d'euros de pertes annuelles, plus d'un demi-milliard englouti depuis 2014. Mal en point sportivement, l'AC Milan, ancien géant du football européen, est aussi en grande difficulté au plan économique.

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Vue générale de la "Casa Milan", le quartier général de l'AC Milan, à Milan, le 24 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Nous avons hérité d'un club que nous avons sauvé de la faillite, ce qui aurait signifié la rétrogradation en Serie D." En prononçant cette phrase mi-octobre, Ivan Gazidis, l'administrateur délégué du Milan, s'est attiré les foudres des tifosi du grand club lombard, mais aussi de certains de ses anciens dirigeants.

"Ce sont des choses à ne pas dire. Ou alors si on veut les dire, on va le faire aux chiottes et on ferme la porte", a répliqué Silvio Berlusconi, 30 ans de présidence et cinq Ligue des Champions avec le Milan.

Pourtant, les chiffres racontent effectivement un club en déroute financière, qui ne pourrait survivre sans l'injection massive de fonds par ses propriétaires, Berlusconi, puis brièvement le mystérieux homme d'affaires chinois Yonghong Li et aujourd'hui le fonds américain Elliott.

En 2014, Milan a perdu 91 millions d'euros, puis 89 en 2015 et 75 en 2016. Les pertes ont continué avec 32 millions sur le seul premier semestre 2017 avant le grand plongeon : 126 millions sur la saison 2017-18 et 146 millions pour 2018-19.

Intenable, la situation a été sanctionnée par l'UEFA qui, aux termes d'un accord avec le club, l'a exclu de la Ligue Europa à laquelle sa 5e place la saison dernière lui avait donné le droit de participer.

Il faut dire qu'avec 560 millions d'euros de pertes en cinq ans, le club rossonero est à des années-lumière des normes du fair-play financier, qui prévoient un déficit maximal de... 30 millions sur trois ans.

Sous contrôle

Pour faire face à la situation, Elliott a dû injecter 265 millions d'euros de juin 2018 à juin 2019, a révélé lundi 28 octobre Paolo Scaroni, le président du club, lors de l'assemblée générale des actionnaires.

Ivan Gazidis, l'administrateur délégué du Milan, avant le match de Serie A face au Torino, à Turin, le 28 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Le club est désormais stable", a pour sa part assuré Gazidis. Mais comment un géant comme le Milan, sept fois champion d'Europe, 18 fois champion d'Italie, a-t-il pu se retrouver dans une telle urgence financière ?

Sans doute justement parce qu'il se vit toujours comme un grand club alors qu'il n'a plus disputé la Ligue des Champions depuis la saison 2013-14. Dit autrement, Milan vit au-dessus de ses moyens.

Moins attractif du fait de résultats sportifs moyens, le club voit son chiffre d'affaires stagner autour de 250 millions d'euros annuels depuis plusieurs saisons, alors que la Juventus dépasse désormais les 600 millions d'euros et que l'Inter, la voisine et rivale, a franchi les 400 millions d'euros.

Sur 2018-2019, les revenus ont même baissé, passant de 255 à 241 millions d'euros. Dans le même temps, les coûts ne cessent eux d'augmenter.

"Nous faisons des pertes parce que nous avons une masse salariale très élevée. Nous devons prendre un virage et ramener cette masse salariale sous contrôle", a ainsi jugé Gazidis lundi 28 octobre.

Le projet stade

De ce point de vue, les derniers mercatos, menés par les duos Fassone-Mirabelli ou Leonardo-Maldini, ont lourdement pesé, les salaires de joueurs comme Bonucci, Higuain ou Bakayoko ou des transferts à près de 40 millions d'euros comme ceux de Piatek ou Paqueta semblant difficilement compatibles avec la réalité du classement.

Encore aujourd'hui, certaines anomalies perdurent. Avec Donnarumma, Milan a ainsi le gardien le mieux payé d'Italie. Et son remplaçant, Reina, est quatrième du classement. Au total, le club rossonero verse dix millions d'euros annuels à ses trois gardiens, contre 7,3 millions d'euros à la Juventus, 4 millions d'euros à l'Inter ou 3 millions d'euros à Naples, des équipes de Ligue des Champions.

Pour retrouver un meilleur équilibre financier, le projet de nouveau stade porté par les deux clubs milanais est l'une des pistes privilégiées.

"Tous les principaux clubs européens ont des revenus de stade supérieurs à 100 millions d'euros. Pour l'AC Milan et l'Inter ils se montent à environ 34 millions d'euros", a rappelé Scaroni lundi 28 octobre.

Mais le club entend aussi "investir dans de jeunes footballeurs pour en faire des joueurs de premier niveau", a de son côté expliqué Gazidis, rappelant que l'objectif d'Elliott restait de "ramener Milan en première ligne du football italien et mondial, sans mettre 10 ou 15 ans".

Pour cela, et comme pour tous les clubs d'Europe, le chemin passe par la Ligue des Champions. Actuellement 13e de Serie A, avec déjà cinq défaites en neuf matches et un changement d'entraîneur, Milan en est loin, très loin.

AFP/VNA/CVN

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