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Match universitaire entre Arkansas (en blanc) et Alabama, à Tuscaloosa le 26 octobre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les enjeux sont considérables, car le football américain et le basket universitaires génèrent des milliards d'USD de revenus annuels aux États-Unis, une manne dont les athlètes ne perçoivent rien aujourd'hui. Ils bénéficient néanmoins d'une prise en charge du coût de leurs études.
Fin septembre, le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, avait provoqué un premier séisme en ratifiant un texte autorisant la rémunération des athlètes universitaires dans son État, à compter de 2023.
Réuni mardi 29 octobre, le conseil d'administration de la National Collegiate Athletic Association a voté à l'unanimité pour permettre aux athlètes étudiants de toucher des droits d'image et de signer des contrats publicitaires, selon un communiqué.
Il a immédiatement mandaté les divisions de l'organisation afin qu'elles travaillent à une mise à jour de leurs règlements, d'ici janvier 2021 au plus tard.
La NCAA n'a rien dit dans l'immédiat des modalités pratiques de cette rémunération, ni d'un éventuel plafond.
Comme pour la loi votée en Californie, il ne s'agit pas de rémunérer les athlètes universitaires pour leurs prestations sur le terrain, mais pour l'utilisation de leur nom et de leur image en dehors, notamment par des marques qui investissent dans le sport.
"Un début"
L'instance dirigeante a insisté sur ce point ainsi que sur la nécessité de préserver le système de recrutement des athlètes par les universités, pour éviter que les futurs étudiants ne soient guidés dans leurs choix par des intérêts financiers.
Un procès retentissant à New York a mis au jour, en 2018, les sombres coulisses du basket universitaire, où certains lycéens ou leurs familles reçoivent parfois des pots-de-vin pour s'engager avec tel ou tel établissement.
"En tant qu'organe de gouvernance national, la NCAA dispose d'une position unique pour modifier ses règlements et s'assurer d'un système juste et égalitaire pour les athlètes universitaires", a commenté le président de la NCAA, Mark Emmert.
C'est une rupture totale dans le discours de l'instance dirigeante, qui avait toujours été officiellement opposée jusqu'ici au principe de la rémunération des sportifs universitaires.
La NCAA tente ainsi de reprendre la main alors qu'elle menaçait d'être débordée par l'évolution de la législation américaine.
"C'est une belle journée pour l'avenir des athlètes universitaires", a tweeté le basketteur professionnel LeBron James, qui a soutenu activement le vote de la loi californienne. "Pas une victoire, mais un début !"
La Floride et New York
Plusieurs dirigeants et spécialistes se montraient néanmoins prudents sur les conséquences réelles de cette ouverture historique.
"Nous devons nous assurer que la NCAA agit effectivement", a prévenu, via Twitter, Mark Walker, élu républicain à la Chambre des représentants et en pointe sur le sujet.
Si les déclarations d'aujourd'hui sont "prometteuses", a-t-il ajouté, "ils en ont faites d'autres par le passé pour priver les athlètes universitaires de leurs droits fondamentaux et d'un traitement équitable."
L'économie du sport universitaire américain dépasse la plupart des ligues professionnelles du monde par son poids financier, tirée par des contrats de diffusion télévisée gigantesques.
En 2012, le réseau de chaînes sportives ESPN a notamment conclu avec la NCAA un accord portant sur la diffusion des phases finales du championnat universitaire de football américain sur 12 ans, moyennant 7,3 milliards d'USD.
Quant au basket, en 2016, la chaîne CBS et le réseau Turner se sont engagés sur 8 ans et 8,8 milliards d'USD pour s'assurer les droits de retransmission du tournoi final annuel.
Le sport universitaire américain est très suivi aux États-Unis : des dizaines de millions d'anciens étudiants restent fidèles à leur ancienne faculté et soutiennent les équipes sportives de leur "alma mater", l'établissement dans lequel ils ont fait leurs études supérieures.
Avant même la décision de la NCAA mardi 29 octobre, d'autres États que la Californie songeaient à légiférer à leur tour, notamment la Floride et New York. Une proposition de loi a été présentée en ce sens à la Chambre des représentants de l'État d'Illinois.
Plusieurs personnalités politiques s'étaient montrées favorables au paiement des athlètes, dont des candidats à l'investiture démocrate pour la présidentielle 2020 tels Bernie Sanders et Cory Booker, ou encore le gouverneur républicain de Floride, Ron DeSantis.