>>Italie: les consultations démarrent pour former une nouvelle coalition gouvernementale
>>Italie: Salvini presse pour des élections au plus vite
Matteo Salvini arrive pour une réunion au Parlement, le 21 août à Rome. |
Photo: AFP/VN/ACVN |
Le président Sergio Mattarella qui, détient les clefs du dénouement de la crise politique déclenchée le 8 août par le chef de la Ligue (extrême droite), a entamé à 14h00 GMT ses traditionnelles "consultations", destinées à chercher une nouvelle majorité.
Le chef de l'État a discuté avec son prédécesseur Giorgio Napolitano (2006-2015) puis avec les présidents des deux chambres. Aucun élément n'a filtré sur leurs discussions. Il a enchaîné par les groupes parlementaires mais verra les principaux jeudi 22 août.
Avant le coup d'envoi de ces entretiens très protocolaires, la principale force de gauche, le PD a donné pour mandat à son chef Nicola Zingaretti de proposer à Mattarella "un gouvernement de changement" avec le M5S (anti-système).
Le PD veut s'entendre avec les Cinq Etoiles sur "un programme réalisable et partagé par une large majorité parlementaire", a expliqué à la presse M. Zingaretti.
Ce parti a posé cinq conditions précises au M5S, formation née de la dénonciation du vieux système politique et de la corruption mais aux multiples courants dont une forte tendance eurosceptique.
"Appartenance loyale à l'Europe, pleine reconnaissance de la démocratie représentative et de la centralité du parlement, développement basé sur le respect de l'environnement, changement de cap dans la gestion des flux migratoires, virage dans la politique économique et sociale vers davantage de redistribution et d'investissements".
En guise de réponse, le M5S a dit vouloir "attendre la fin des consultations" jeudi après-midi, tout en rappelant qu'il est "le premier parti au parlement, avec sa propre majorité relative".
Car même si les rapports de force se sont inversés depuis, le M5S avait recueilli, aux législatives du printemps 2018, 32% des suffrages contre seulement 17% pour la Ligue. Aujourd'hui, les sondages les créditent respectivement de 16/17% et 36/38%.
Sûr de sa bonne étoile et de la "protection du cœur immaculé de Marie", M. Salvini a maintenu sa ligne: il réclamera au président "la voie royale" du retour aux urnes. Pour lui, "quel que soit le gouvernement qui naîtra, son but est d'être contre la Ligue".
L'idée d'une alliance M5S-PD avait été lancée par l'ancien Premier ministre PD Matteo Renzi, ennemi juré de la Ligue et d'une bonne portion du M5S, après la mise à mort de la coalition Ligue-M5S par Salvini. Pour M. Renzi, "l'accord entre le M5S et le PD peut être une solution", en dépit des fortes inimitiés du passé.
Conte ou pas Conte?
M. Mattarella "ne perdra pas de temps et surtout ne permettra pas qu'on lui en fasse perdre", a estimé dans La Stampa, l'expert Ugo Magri qui suit en permanence le Quirinal.
Pour dénouer la crise, le président Mattarella dispose d'un éventail d'options, y compris un scrutin dès l'automne.
Mais il est notoirement réticent à cette idée car les élections tomberaient au moment où la troisième économie de la zone euro, en panne et très endettée, devra présenter à la Commission européenne son projet de budget pour 2020.
Les marchés ont salué la fin de l'instable gouvernement populiste et la proposition du PD au M5S par une détente du marché obligataire (à 1,327% contre 1,367%) et une forte hausse de la bourse de Milan (+1,77%).
Outre la réponse du M5S, la grande inconnue sera le choix du futur Premier ministre.
Les Cinq Étoiles poussent à une reconduction de Giuseppe Conte, que leur chef Luigi di Maio a qualifié de "serviteur de la Nation dont l'Italie ne peut pas se passer".
Mais M. Zingaretti a refusé, mercredi 21 août sur la télévision La 7, "l'idée d'un Conte Bis, la poursuite d'un gouvernement que nous avons combattu". À ses yeux, le mandat du Premier ministre sortant est entaché de concessions permanentes aux diktats anti-migrants de Salvini.
M. Mattarella pourrait examiner aussi l'hypothèse de l'ancien Premier ministre et ex-président de la Commission européenne Romano Prodi: une grande coalition gauche-droite et pro-européenne à l'allemande.
Faute d'accord, il ne lui resterait que deux possibilités: un gouvernement de techniciens pour adopter le budget et préparer des élections au printemps 2020, ou un "gouvernement du président" pour organiser un scrutin anticipé fin octobre.
AFP/VNA/CVN