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Le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La communauté internationale a réaffirmé le 3 juin, lors d’une réunion internationale sur le Proche-Orient à Paris, son soutien à deux États, israélien et palestinien, et a promis de tenter de convaincre les deux parties de reprendre les discussions, malgré l'hostilité d'Israël à toute ingérence autre qu'américaine sur ce dossier.
"La perspective de deux États est en grave danger, nous approchons d'un point de non-retour au-delà duquel elle ne sera plus possible", a mis en garde le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault, à l'issue de la réunion internationale sur le Proche-Orient que Paris a tenu à organiser.
"Il faut agir en urgence pour préserver cette solution, la réanimer avant qu'il ne soit trop tard", a-t-il exhorté, répétant la volonté de la France d'organiser une conférence internationale, avec les Israéliens et les Palestiniens, d'ici la fin de l'année.
"Étape très importante" pour les Palestiniens
L'Organisation de libération de la Palestine (OLP) s'est empressée de saluer cette initiative, qualifiant la réunion "d'étape très importante". Pour Saëb Erakat, numéro deux de l'organisation, "le message qu'elle envoie est clair : si l'on permet à Israël de poursuivre ses politiques de colonisation et d'apartheid en Palestine occupée, l'avenir sera à plus d'extrémisme et de sang versé, plutôt qu'à la coexistence et à la paix".
Mais Israël a qualifié l'initiative française "d'occasion manquée". "La réunion de Paris restera dans l'histoire comme n'ayant d'autre effet que de durcir les positions palestiniennes et d'éloigner les perspectives de paix", a taclé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Emmanuel Nahshon.
Une trentaine de ministres et représentants de pays arabes et occidentaux, de l'ONU et de l'Union européenne ont participé à la réunion parisienne, où n'étaient pas conviés les deux principaux intéressés, dont les dernières négociations directes remontent au printemps 2014.
La sortie d'un tunnel du côté israélien le long de la frontière entre Israël et la bande de Gaza, le 6 mai 2015. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Statu quo" intenable
Dans leur communiqué final, les participants ont réitéré que "le statu quo n'était pas tenable" et se sont dit "alarmés" par la situation sur le terrain, citant "la poursuite des actes de violence et des activités de colonisation".
Ils ont cité les textes internationaux de référence, particulièrement les résolutions de l'ONU, comme bases de négociations. À ce sujet, l'initiative arabe de 2002 envisageant la normalisation des relations avec Israël et un retrait israélien des Territoires palestiniens reste la meilleure base pour aboutir à la paix, a estimé le chef de la diplomatie saoudienne Adel Al-Jubeir.
Annonces concrètes limitées
Les annonces concrètes ont toutefois été très limitées, M. Ayrault ayant proposé de "lancer un travail" sur les incitations possibles en matière économique, de coopération et de sécurité régionale, pour convaincre les parties de revenir à la table des pourparlers.
En économie, l'Europe, "premier partenaire commercial d'Israël et premier bailleur de fonds de l'Autorité palestinienne", a un rôle crucial à jouer, a souligné la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini.
Les groupes de travail devraient se réunir "avant la fin du mois", a promis M. Ayrault, ajoutant qu'il s'entretiendrait "très rapidement" avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas pour leur proposer de "travailler étroitement avec eux".
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Toutefois, le travail de persuasion risque d'être difficile. Avant même sa tenue, la réunion de Paris avait été rejetée par Israël. "Elle échouera", avait prédit le directeur du ministère israélien des Affaires étrangères, Dore Gold.
"Il ne s'agit pas de se substituer aux parties concernées", avait tenté de rassurer le président français François Hollande en ouvrant la réunion. Mais la communauté internationale doit agir car "dans le contexte régional au Proche-Orient et au Moyen-Orient, le vide sera forcément rempli par les extrémistes et les terroristes pourront en tirer avantage".
L'autre inconnue est la volonté des États-Unis, acteurs historiques et incontournables dans le dossier, de s'impliquer dans la démarche française. Le secrétaire d'État américain John Kerry, médiateur malheureux de négociations israélo-palestiniennes en 2013 et 2014, était à la réunion de Paris. Interrogé par quelques journalistes sur l'appui qu'il apporterait à la conférence à la fin 2016, il a répondu : "Je n'en ai encore aucune idée (...), je crois qu'il est bien de laisser des options ouvertes".
Très réservé sur le principe d'internationaliser le règlement du conflit, M. Kerry a affirmé que "nous ne pouvons pas imposer une solution de l'extérieur, nous devons avoir des négociations directes et je vais continuer à encourager cela", vantant ses contacts "réguliers" avec MM. Netanyahu et Abbas.
AFP/VNA/CVN