>>COVID-19 : le point sur la pandémie dans le monde
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L'Odyssey, navire du Royal Caribbean arrive à Fort Lauderdale, en Floride, le 10 juin. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Deux individus ont été testés positifs au COVID-19 jeudi 10 juin à bord du Celebrity Millennium, un des premiers bateaux de croisière à voguer depuis le début de la pandémie, et ce, malgré un équipage et des passagers vaccinés.
La situation se cristallise particulièrement en Floride, capitale mondiale des croisières.
Pour l'instant, la principale agence américaine de santé publique, les CDC, exige que 95% des passagers et de l'équipage d'une croisière soient vaccinés afin de pouvoir opérer.
Mais le gouverneur républicain de Floride, Ron DeSantis, s'y oppose.
Il a ratifié le mois dernier une loi interdisant aux entreprises et commerces de cet État très touristique de mettre en place des "passeports vaccinaux" pour leurs clients comme pour leurs employés - avec des amendes qui pourraient s'élever à 5.000 USD par passager de croisière.
La mesure doit entrer en vigueur le 1er juillet, au moment même où les croisiéristes espèrent reprendre leurs opérations au départ des États-Unis, après plus d'un an d'interruption.
Les détracteurs du gouverneur y voient une décision politique, visant à s'attirer les louanges des supporters de l'ancien président Donald Trump - nombre d'entre eux étant réticents à une vaccination obligatoire, jugée liberticide.
Les croisiéristes pèsent pourtant massivement dans l'économie de Floride, générant chaque année 9 milliards d'USD en revenus et 160.000 emplois, selon la Cruise Lines International Association (CLIA). Et risquent de partir à la recherche de nouveau ports d'attache.
Depuis l'interruption de ces voyages maritimes en mars 2020, le manque à gagner de la Floride est estimé à 5,6 milliards d'USD.
Les deux parties ont chacune "beaucoup à perdre", juge Doug Parker, du site Cruise Radio.
Les trois croisiéristes, trois solutions
Les trois géants du secteur étant tous basés à Miami, les prochains mois promettent de livrer leur dose de confusion - ou de conflits.
Carnival Cruise Line exigera que soient vaccinées les personnes montant à bord de ses navires partant du Texas - un autre État républicain qui a rapidement abandonné ses mesures anti-COVID - mais n'a pas encore rendu publiques ses exigences pour une croisière dont le départ depuis Miami est prévu le 4 juillet.
Lundi 31 mai, Norwegian Cruise Line - qui avait menacé d'abandonner la Floride comme port d'attache - a défié le gouverneur de l'État en annonçant qu'elle demanderait des preuves de vaccination sur toutes ses croisières.
"Nous sommes actuellement en communication avec l'équipe (du gouverneur) et des avocats, pour s'assurer que nous pouvons proposer les croisières les plus sûres qui soit, pour les passagers en partance de la capitale mondiale des croisières", a annoncé son PDG, Frank Del Rio.
Le troisième poids-lourd du secteur, Royal Carribean, confronté jeudi 10 juin à des cas de COVID-19, avait quant à lui rétro-pédalé, annonçant des consignes quelque peu vagues : après avoir initialement déclaré qu'une preuve de vaccination serait nécessaire pour leurs croisières, le groupe a fait savoir la semaine dernière que passagers et membres de l'équipage n'étaient que "fortement encouragés" à se faire vacciner, et que quiconque ne le serait pas, serait exposé à "d'autres protocoles".
Ces différentes règles prêtent à confusion, alors même que les passagers sont, d'après les sondages, majoritairement en faveur de preuves de vaccination, estime auprès de l'AFP l'avocat maritime Jim Walker.
Auteur du blog Cruise Law News, il craint aussi que des croisières transportant des personnes non-vaccinées ne fassent escale dans des ports des Caraïbes où l'accès au vaccin est beaucoup plus restreint.
Mais "très peu de croisiéristes semblent exprimer de préoccupation sur la question", assure l'avocat.
Et les amateurs de croisières "ne paraissent pas très inquiets à l'idée d'infecter du monde dans les Bahamas ou les Caraïbes", déplore-t-il.
"C'est dangereux et irresponsable".
AFP/VNA/CVN