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Shell avait réussi à obtenir un soutien très majoritaire de ses actionnaires en mai en faveur de sa stratégie "verte" consistant à réduire sa dépendance au pétrole et au gaz. |
Ce verdict, dont le groupe prévoit de faire appel, "ne signifie pas un changement, mais plutôt une accélération de notre stratégie", écrit le directeur général Ben van Beurden dans un texte publié sur le site internet du groupe anglo-néerlandais. "Désormais, nous allons chercher les moyens de réduire davantage encore nos émissions d'une manière réfléchie et rentable", complète le dirigeant.
Il précise que "cela signifiera probablement qu'ils prendraient des mesures ambitieuses, mais dosées dans les années à venir", sans donner aucun détail. Fin mai, le tribunal de La Haye, saisi par des ONG, avait ordonné à Shell plus d'efforts pour abaisser ses "énormes" émissions de CO2, en lui demandant de les réduire de 45% en net d'ici fin 2030 par rapport à 2019.
Le groupe avait annoncé en février qu'il prévoyait de réduire - comparé à 2016 puisque c'est la première année où Shell a publié l'indicateur - son intensité carbone nette de 20% d'ici 2030, 45% d'ici 2035 et totalement (100%) d'ici 2050. Shell avait annoncé alors qu'il s'attendait à faire appel, ce qu'a confirmé son patron mercredi 9 juin. "Deux semaines après, je suis toujours déçu" par la décision du tribiunal, souligne M. van Beurden, rappelant qu'elle s'appliquait "immédiatement" et ne serait pas pas suspendue pendant l'appel.
"Nous sommes heureux que pour la première fois le directeur général de Shell reconnaisse la décision du tribunal et y réponde", a déclaré pour sa part Andy Palmen, de Greenpeace aux Pays-Bas. "Mais nous n'avons pas besoin de promesses vides (...) Shell doit réduire ses émissions de CO2 dans toute sa chaîne d'approvisionnement de 45% d'ici 2030 (...) Il faut montrer la voie et ne pas se contenter de suivre", selon lui.
Mais pour le patron de Shell, il n'est pas pas question d'abandonner les hydrocarbures, pétrole et gaz, qui représentent l'écrasante majorité des profits du groupe, et doivent financer la transition énergétique. "Pour une longue période, nous nous attendons à continuer à fournir de l'énergie sous forme de produits pétroliers et gaziers pour répondre à la demande des clients et pour maintenir la solidité financière de l'entreprise", écrit le dirigeant.
Il se justifie en expliquant que si Shell arrêtait de vendre de l'essence ou du gazole, "cela réduirait certainement les émissions", mais "la demande pour le carburant ne changerait pas". "Les gens feraient le plein de leurs voitures ou des camions dans d'autres stations-service", selon lui.
Shell avait réussi à obtenir un soutien très majoritaire de ses actionnaires en mai en faveur de sa stratégie "verte" consistant à réduire sa dépendance au pétrole et au gaz et à devenir neutre en carbone d'ici 2050. Mais une proposition dissidente par des défenseurs de l'environnement poussant Shell à en faire plus avait reçu un soutien important, de près de 21% des votes, signe de la pression accrue des actionnaires sur les groupes pétroliers.
AFP/VNA/CVN