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Lekima Hùng et une photo prise en décembre 2018 à Nam Dinh (Nord). |
Photo: LKM/CVN |
Un après-midi d’été dans son petit café récemment ouvert à Hanoï pour les férus de photographie, Lekima Hùng, de son vrai nom Nguyên Viêt Hùng, n’arrête pas les coups de téléphone. "Je suis en train d’arranger mon exposition privée consacrée aux déchets qui se tiendra dans la capitale à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement (5 juin), confie le Hanoïen de 42 ans, à la peau bien bronzée d’un voyageur. Sélectionner 80 photos est vraiment difficile car ma collection est très riche".
En effet, Lekima Hùng possède environ 10.000 photos et vidéos prises lors d’un parcours transnational inédit entre août 2018 et janvier 2019. Il est devenu le premier Vietnamien à parcourir le pays à moto pour photographier… les sites pollués. D’où son surnom de "chasseur-photographe de déchets".
Près de 6.900 km en 43 jours
"On m’a jugé un peu fou de vouloir interrompre mon travail pour voyager seul à moto sur un itinéraire long et potentiellement dangereux. Mes amis m’ont aussi demandé pourquoi choisir de visiter les lieux empuantis par les ordures au lieu de beaux paysages naturels". Le rejet par la plupart des habitants côtiers d’ordures ménagères dans la nature. La situation alarmante de la pollution plastique dans les océans. Et, surtout, les impacts des emballages plastiques sur la santé humaine qu’il a découverts après le cancer de sa mère en 2016. Toutes ces raisons ont poussé Lekima Hùng à agir. Pour réveiller les consciences et changer les mentalités.
Lekima Hùng lors d’une escale à Thanh Hoa (Centre). |
Lekima Hùng a donc décidé de voyager pour glaner des images fortes de la pollution. Deux itinéraires ont été choisis. Le premier, de 5.879 km, a été réalisé pendant 33 jours depuis août 2018 au départ de Hanoï à destination de Hô Chi Minh-Ville, en passant par le Centre. Après une escale dans la mégapole du Sud, il est revenu dans la capitale pour le deuxième itinéraire fin décembre 2018. Au total, 43 jours et 6.879 km parcourus, 39 villes et provinces dont 28 littorales traversées.
Pour une révolution des consciences
Durant son voyage, Lekima Hùng a agi comme un militant écologiste. Il a aidé des habitants à ramasser des ordures sur les plages, le long de rivières, à draguer des canaux... Ce périple lui a permis d’avoir une vision globale sur la pollution plastique en mer. "J’ai pu réaliser que la nature, notamment les zones maritimes, est gravement polluée. En cause l’inconscience et l’irresponsabilité des locaux".
Son album "Save our seas" (Sauvez nos mers), créé à partir de ses photos et vidéos et posté sur son compte Facebook, a eu un large écho et fait le buzz. "Je n’ai pas pu imaginer qu’il y ait des régions littorales du pays gravement polluées par les déchets plastiques”, commente Bùi Van Tuê, un ingénieur informatique, sur une photo d’une montagne d’ordures dans le port de pêche Lach Bang du district de Tinh Gia, province de Thanh Hoa (Centre).
Une décharge prise à Thai Binh (Nord) par le photographe. |
Le photographe est devenu une source d’inspiration pour bon nombre de localités et de membres de l’Union de la jeunesse communiste de Hô Chi Minh, qui se sont lancés dans des campagnes contre les déchets. Ses photos ont même été présentées par l’ambassade du Canada au Vietnam lors du colloque international "Consultation pour l’élaboration d’un plan d’action national sur la gestion des déchets plastiques dans les océans", tenu le 10 décembre 2018 à Hanoï.
Quant à ses projets d’avenir, Lekima Hùng dévoile qu’après son exposition à Hanoï, puis à Hô Chi Minh-Ville, il souhaite présenter ses clichés dans les villes et provinces côtières en vue de changer l’attitude des habitants. Il programme aussi un périple sur les îles vietnamiennes. "Je veux non seulement rapporter des images de sites pollués et d’activités de ramassage, mais aussi sensibiliser touristes, voyagistes et habitants à l’urgence de protéger la nature".
Avec son énorme trésor de photos et vidéos en main, Lekima Hùng a également l’intention de sortir prochainement un livre photo, à son retour de son prochain voyage.
Bùi Phuong/CVN