>>Mai Dinh Toi, le phénomène musical
>>Giang Van Thân, un luthier de renommée internationale
>>Rchâm Tih, fabricant de xylophones en bambou
Y Mip Ayun a réussi à fabriquer différentes sortes d’instruments musicaux de son ethnie. |
Photo: Thanh Hà/CVN |
Né dans le village de Kô Sier, quartier de Tân Lâp, dans la ville de Buôn Mê Thuôt, province de Dak Lak, Y Mip Ayun a largement contribué, depuis un demi-siècle, à la préservation et la propagation des instruments de musique traditionnels de l’ethnie minoritaire d’Êdê.
Depuis son enfance, Y Mip Ayun s’est toujours passionné pour les instruments de musique de son ethnie. Il pouvait les écouter et les admirer pendant de longues heures sans éprouver aucun ennui. En grandissant, Y Mip Ayun a commencé à explorer les caractéristiques et la structure ainsi que le son de chaque type d’instrument. Ce fut, pour lui, une véritable fascination de constater combien la gamme des tonalités est riche. Tantôt le son est bas, tantôt il ressemble aux gazouillis des oiseaux, mais il peut aussi être puissant comme le bruit de la pluie et du vent.
Puis sa passion l’a amené à aller dans la forêt pour chercher et sélectionner des bambous et des cornes de buffle pour fabriquer les instruments. Aujourd’hui, il ne se souvient pas lui-même combien de fois il en a fabriqués à titre expérimental, mais il se rappelle le moment où, à l’âge de 20 ans, il a créé son premier ding puôt (une sorte de flûte de bambou). Sa passion est tellement forte qu’une fois, si absorbé par sa tâche, il a oublié de manger et de dormir. À bout de force, il a dû être hospitalisé.
Avec pour seul couteau pointu, ses mains habiles, son talent, sa minutie et son extraordinaire capacité auditive à percevoir les nuances de sons, Y Mip Ayun a réussi à fabriquer plusieurs sortes d’instruments différents comme ding puôt, ding nam (orgue à bouche), gong, etc.
Doué et généreux
D’après lui, chaque instrument de l’ethnie Êdê possède ses propres caractéristiques de structure, de forme et de son. Ainsi, avant de fabriquer, il est nécessaire pour les artisans de réfléchir méticuleusement à la musicalité recherchée afin de trouver les matières premières adaptées.
Y Mip Ayun (2e à gauche) et d’autres artisans lors d’une représentation de ding puôt dans son village. |
Quoi qu’il en soit, Y Mip Ayun n’a jamais perdu confiance, au cours de ces 50 dernières années. D’après lui, ce travail permet d’apporter de la joie, à lui-même d’abord, mais aussi aux habitants de son village. Il est bien conscient, également, qu’il contribue pour une part importante à maintenir et à faire connaître le plus largement possible le caractère particulier de sa région.
Non content de jouer de ces instruments pour les fêtes, les cérémonies de deuil et de mariage dans sa localité, le septuagénaire les présente aussi dans l’ensemble du pays et à l’étranger, lors de représentations musicales. Après chaque exécution, Y Mip Ayun offre ses instruments aux spectateurs, comme souvenir.
Dans le cadre du Festival international de la musique folklorique Sommelo 2011 en Finlande, l’interprétation de divers instruments de musique d’Y Mip Ayun a attiré l’attention particulière des spectateurs étrangers. À son habitude, Y Mip Ayun les a remis aux personnes intéressées, avec comme objectif de les présenter et faire connaître les instruments musicaux du Vietnam à l’étranger.
Bien qu’il soit âgé, Y Mip Ayun est prêt à partager avec les jeunes ses expériences et techniques de fabrication des instruments musicaux Êdê, lors des vacances d’été. Pour lui, c’est une bonne occasion de transmettre l’inspiration et la passion des instruments traditionnels de son ethnie à la génération suivante. Et, juste récompense de son investissement total dans cette action, ses contributions sont reconnues par les organismes compétents.
Récompenses remarquables • Titre honorifique d’"Artisan folklorique" de niveau national en 2007. • 2e Prix du concours de fabrication d’instruments de musique traditionnels en 2016. |