>>Cinquante femmes d’influence au Vietnam
La Dr Pham Thi Phuong Thùy. |
Photo: Dang Dat/CVN |
Pham Thi Phuong Thùy est actuellement enseignante à l’Université des industries agroalimentaires de Hô Chi Minh-Ville. Passionnée par la recherche scientifique. Intelligente et studieuse. Pas étonnant qu’elle soit l’une des deux femmes parmi les dix chercheurs qui se sont vu décer-ner le prix Globe d’or 2018. Une des récompenses prestigieuses de l’Union de la jeunesse communiste Hô Chi Minh, honorant les jeunes talents issus du milieu technoscientifique.
Née en 1983, la Docteur a l’air plus jeune que son âge. "Quelle chance! Heureusement qu’on fait des recherches scientifiques sans vieillir", s’amuse-t-elle. Quelqu’un l’a appelée "la fleur perdue au milieu des bouteilles", du fait de son travail attaché quotidiennement aux bocaux dans le laboratoire… Or, il y a une vingtaine d’années, Phuong Thùy était une fille active et extravertie. Après avoir obtenu son diplôme d’études secondaires, elle souhaitait faire ses études en administration des affaires puis travailler dans le secteur économique. Mais, suivant les conseils de son père, un fonctionnaire au tribunal, elle s’est tournée vers la science.
"À l’époque, mon père m’a dit qu’il vaut mieux que les femmes ne travaillent pas dans les domaines en rapport avec l’économie. Ayant l’opportunité d’avoir accès quotidiennement à la justice des problèmes économiques, il comprenait mieux les difficultés et les tentations de ce milieu. Ainsi, je pensais qu’il avait raison", se souvient-elle.
Des succès qui se succèdent
Après le baccalauréat, Pham Thi Phuong Thùy a réussi aux concours d’entrée à l’École polytechnique et à l’École normale supérieure de Hô Chi Minh-Ville. Finalement, elle a choisi la première, à la Faculté des industries alimentaires. Là où elle a consacré tout son temps aux livres et aux études. "Sans échanges à l’extérieur avec des amis. Je suis devenue de plus en plus une jeune fille renfermée à l’encontre de mon air dynamique auparavant. Ainsi, j’ai vu ma jeunesse s’enfuir pendant ces quatre années d’études universitaires", regrette-t-elle.
Après sa sortie de l’École polytechnique de Hô Chi Minh-Ville, grâce à sa bonne maîtrise de langues étrangères, Phuong Thùy a obtenu une bourse d’études d’agrégation à la technique de l’environnement à l’Université nationale Chonbuk de République de Corée. Elle y a ensuite soutenu sa thèse de doctorat. Avec ses qualifications, la jeune Vietnamienne a rapidement trouvé un bon travail à l’Université nationale de Singapour, avec un salaire de plusieurs centaines de millions de dôngs.
"Pendant que je travaillais à Singapour, j’ai été enceinte de mon deuxième bébé. Mais, en raison des caractéristiques des recherches, je me suis plongée dans mes travaux jusqu’au jour de la naissance. Et j’ai continué à travailler après seulement un mois de congé de maternité. C’est mon mari et la femme de ménage qui m’aidaient à soigner mon bébé", se rappelle-t-elle.
Pendant son temps d’études et de travail à l’étranger, Pham Thi Phuong Thùy a réalisé 17 rapports scientifiques qui ont été publiés dans des revues internationales. Cette Docteur de la génération 8X était également l’auteure principale d’un chapitre d’une monographie spéciale au niveau international. En outre, elle s’est vu décerner le prix de l’article le plus cité en cinq ans (2009-2013) du magazine Water Research.
La Dr Pham Thi Phuong Thùy (2e à droite) et ses étudiants dans un cours pratique. |
Photo: Dang Dat/CVN |
Ses recherches portent toutes sur le traitement des polluants de l’eau et de la toxicologie environnementale. D’après elle, le domaine de l’environnement est la préoccupation du monde entier et aussi sa passion. Grâce à la recherche scientifique, elle espère pouvoir contribuer à la protection de la santé de l’homme dans sa vie quotidienne.
Retour au pays pour devenir enseignante
Après 11 ans à l’étranger, la Dr Pham Thi Phuong Thùy a décidé de renoncer à son travail bien rémunéré pour retourner dans la mégapole du Sud. Elle est devenue enseignante à la Faculté de la biotechnologie de l’Université des industries agroalimentaires de Hô Chi Minh-Ville, une école publique relevant du ministère de l’Industrie et du Commerce.
"Après de longues études à l’étranger, je pensais que c’est l’heure pour moi de me tourner vers mon pays et d’inspirer les jeunes de ma ville natale, leur transmettant la passion de la recherche scientifique", explique-t-elle. Avec toute cette expérience acquise à l’étranger, Phuong Thùy encourage toujours les étudiants à perfectionner leur langue étrangère afin de favoriser leurs études et leurs recherches scientifiques. "La langue étrangère nous aide à avoir rapidement accès aux élites de la science dans le monde", partage-t-elle.
Sans oublier de les inciter à apprendre la persévérance, qualité indispensable face à de nombreuses difficultés dans la recherche scientifique. "Aucune recherche n’échoue, car, du fait qu’elle n’a pas encore abouti, cet échec devrait ouvrir une nouvelle direction dans les études scientifiques", ajoute-t-elle.
À l’heure actuelle, Pham Thi Phuong Thùy, en coopération avec son mari, poursuit un projet de recherche scientifique au niveau ministériel portant sur "La situation actuelle de la résistance aux antibiotiques dans le pays". Il s’agit d’étudier leur utilisation déraisonnable au Vietnam, ce qui entraînerait la dispersion excessive dans l’environnement, cause de la nette augmentation du nombre de bactéries résistantes aux antibiotiques dans la nature. "Cette étude devrait aider les organismes compétents à proposer à temps des mesures efficaces afin de réduire et de contrôler la résistance aux antibiotiques dans l’environnement", souhaite-t-elle.
Jusqu’à ce jour, la Docteur de 36 ans a consacré 12 ans à la recherche scientifique et l’enseignement. Et elle ne répugne jamais à ce travail intellectuel.
Câm Sa/CVN