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Le Japonais Honna Tetsuji a posé ses valises à Hanoi il y a 15 ans. |
Photo : CTV/CVN |
Le chef d’orchestre japonais Honna Tetsuji se souvient très bien de sa première venue au Vietnam. «Lorsque je suis arrivé à Hanoi, il y a 15 ans, j’ai trouvé que la ville ressemblait à une œuvre impressionniste», dévoile l’intéressé dans un sourire, en désignant la peinture accrochée au mur de l’établissement où nous l’avons rencontré - Terrasse du café le soir de l’artiste néerlandais Vincent Van Gogh, réalisée à Arles (France) en septembre 1888.
Et de s’épancher : «Je me rappelle de ces petits magasins, agglutinés les uns aux autres dans des maisons étroites à quelques étages, de ces petits balcons arqués, de la lumière blafarde se reflétant sur les pavés de la rue, de ce vieux poteau électrique en fer...».
Avant de prendre ses quartiers au Vietnam, le Japonais est déjà connu et reconnu. Il a dirigé plusieurs orchestres prestigieux dont le Philarmonica della Scala de Milan (Italie), le Hungarian State Philharmonic (Hongrie), le Prague Radio Symphony Orchestra (République tchèque), le Romanian Radio Orchestra (Roumanie), etc. Au Japon, il dirige souvent les orchestres d’Osaka et de Nagoya, qui sont parmi les plus réputés d’Asie.
Passion pour la peinture, la musique symphonique
Honna Tetsuji est arrivé au Vietnam pour la première fois en 2000, à l’occasion d’une tournée dans huit pays asiatiques dans le cadre du programme «Toyota classic» de l’Orchestre Philharmonique de Nagoya. Invité par l’ancien directeur de l’Orchestre philharmonique du Vietnam, Ngô Hoàng Quân, il est resté pour enseigner et est devenu conseiller de cet orchestre en 2001.
Honna Tetsuji a donné un nouveau souffle à la musique symphoniqueau Vietnam. |
Photo : Thanh Tùng/VNA/CVN |
Dans la vie, deux passions l’animent : la peinture et la musique symphonique. «Cependant, je n’ai pas de temps à consacrer à la première. Je suis trop occupé par mon travail à Hanoi», explique-t-il, toujours le sourire aux lèvres. Ce qui ne l’empêche pas de poser un regard avisé sur les œuvres de ses amis vietnamiens.
Le bonheur d’Honna Tetsuji pour la musique est contagieux. La capitale semble de plus en plus avoir succombé à ce merveilleux virus. Jusqu’aux enfants, qui s’intéressent aussi à la «grande musique» et sont fous de joie lorsque le chef d’orchestre leur transmet - l’espace de quelques instants - la baguette lors de certains de ses concerts.
Le chef d’orchestre japonais a aussi convaincu de grands musiciens étrangers de venir au Vietnam pour enseigner. À l’instar de Truls Sanaker, conseiller norvégien : «J’ai vraiment été impressionné par ses méthodes de travail ainsi que par la sensibilité des musiciens vietnamiens», dit-il.
Des contributions qui ont permis à l’Orchestre philharmonique du Vietnam d’interpréter des œuvres célèbres et difficiles, notamment les symphonies de Beethoven (de la N°1 à la N°9), de Brahms (1 à 4), de Schubert (1 à 8). Inimaginable auparavant !
«Les membres de l’Orchestre national progressent de plus en plus. Ils sont plus ouverts et commencent à travailler en groupe. Même s’ils ne sont pas rémunérés à la hauteur de leur talent, ce sont de vrais passionnés. Il y a quelque chose de très particulier dans leur musique», confie Honna Tetsuji.
«Hanoi couledans mes veines»
Mois après mois, année après année, concert après concert, les efforts du Japonais ont été récompensés. En témoigne une affluence croissante. «Nous changeons ensemble la musique, la vie. Peu à peu», partage Honna Tetsuji. Il est très heureux de voir les amateurs de musique symphonique venir de plus en plus nombreux. «Le plus important, c’est le changement des habitudes des gens. Au lieu d’aller au concert exclusivement sur invitation, le public achète aujourd’hui les billets», explique-t-il.
Interrogé sur les raisons qui l’ont poussé à rester au Vietnam depuis 15 ans, il répond, du tac au tac : «Les gens, la cuisine et les paysages !». Au Vietnam, il s’est toujours senti chez lui. «Je rencontre souvent le public. Mes voisins sont aussi mon public. Ils sont de charmante humeur et m’interrogent souvent lorsque nous nous rencontrons dans l’escalier», se réjouit le Japonais. Quant à la gastronomie, son pêcher mignon, Honna Tetsuji aime le mam tôm (salaison de crevettes), le cà phao (morelle à petits fruits ronds), le nuoc mam (saumure de poisson), etc. Mais le plat qu’il préfère est sans conteste le pho (soupe de nouilles de riz au bœuf ou au poulet), en particulier le pho gà (au poulet) vendu dans une boutique rue Lê Van Huu.
Si rien ne change, Honna Tetsuji restera longtemps à Hanoi. Car cette ville, qui ressemble à la peinture de Van Gogh, coule dans ses veines.