Trân Lâm, de l’audace et du talent

Né et ayant grandi à Paris, le jeune Français d’origine vietnamienne Trân Lâm s’intéresse depuis son plus jeune âge à la culture du pays de ses ancêtres. Il n’a pas hésité à renoncer à des postes rémunérateurs à l’étranger pour développer sa carrière au Vietnam.

Trân Lâm a inauguré le service Vice.cool au Vietnam.

En juin dernier, le Viêt kiêu Trân Lâm a inauguré le service Vice.cool au Vietnam, une application qui permet à ses abonnés de faire des achats via leur smartphone. Il n’en est pas à son premier coup d’essai dans les affaires, avec à son actif plusieurs aventures dans différents pays, en dépit de son jeune âge.

Titulaire d’un diplôme universitaire en commerce à Paris depuis 2005, Trân Lâm est recruté par le groupe de publicité TheMedias, à New York. Embauché en tant que simple stagiaire avec un salaire mensuel de 300 dollars, il devient en trois ans seulement le meilleur spécialiste de vente de cette société et perçoit 20.000 dollars par mois.

«À cette époque, l’e-marketing commençait à se développer. J’ai eu la chance d’exploiter le modèle CPC (cost-per-click : le prix payé par l’annonceur aux moteurs de recherche pour chaque clic sur votre annonce dans un résultat de recherche qui amène un visiteur vers votre site internet, ndlr)», se souvient Trân Lâm. Et d’ajouter que grâce à sa maîtrise des techniques de vente et des langues étrangères, il a réussi à attirer plusieurs clients de marchés hors des États-Unis dont la France, l’Italie, l’Allemagne et l’Espagne.

Le goût du risque et de l’aventure

Pourtant, Trân Lâm en veut toujours plus. Audacieux, il quitte TheMedias pour fonder la société Solidity Trade fin 2007. Une entreprise qu’il crée après s’être aperçu de la difficulté pour les groupes cosmétiques américains et suédois de s’approvisionner en avocat Shea - une variété utilisée comme matière première pour la fabrication de produits de beauté. Le but était d’importer ces avocats puis de les distribuer sur le marché américain. Trân Lâm s’est rendu au Ghana, en Afrique, pour prendre directement contact avec les fournisseurs locaux. «Il m’a fallu un an pour trouver les fournisseurs les plus crédibles, se rappelle Trân Lâm. J’ai vécu de ma propre foi en attendant avec anxiété ma première cargaison. J’ai investi tout ce que j’avais dans cette affaire en misant seulement sur la confiance des fournisseurs ghanéens».

Trân Lâm s’est fixé comme objectif d’étendre Vice.cool à d’autres pays d’Asie-Pacifique dans les 18 mois à venir.

Une première cargaison de 20 tonnes d’avocats Shea est distribuée dans différents États américains. Pendant deux ans, les affaires de Solidity Trade marchent fort, la société écoulant 60 tonnes de fruits chaque année. Pour élargir l’envergure de la société, Trân Lâm compte recourir à des emprunts bancaires. Mais on est en 2008 et la crise financière des «subprimes» et ses répercussions économiques passent par là. Solidity Trade en subit de plein fouet les conséquences, doublement pénalisée par le refus des banques de l’aider à s’agrandir et par la récession qui frappe le monde. En 2011, Trân Lâm décide de vendre. Et de faire la réflexion suivante : «Je devrais distinguer la vente en ligne et la vente directe. La croissance rapide est un succès. Pourtant, le volume de marchandises en entrepôt fait courir des risques en termes de circulation des fonds et d’administration».

Vice.cool, premier modèle O2O au Vietnam

Après l’échec de Solidity Trade, Trân Lâm s’inscrit à la succursale de Google à Paris, puis s’établit au Vietnam et travaille pour des start-up comme NhomMUA.com et Tiki.vn. Fort des expériences professionnelles acquises auprès de ces sociétés, il dresse le constat que le modèle O2O (Online to Offline) n’est pas exploité de façon efficace sur le marché vietnamien. Les modèles répandus sont alors le B2C (Business to Customer) et le C2C (Customer to Customer) où les marchandises sont sélectionnées sur la toile, emballées et distribuées aux acheteurs. «Sur le marché de détail vietnamien, les utilisateurs des services B2C et C2C représentent seulement 2% des consommateurs, observe Trân Lâm. Le reste garde l’habitude d’aller directement dans les boutiques pour faire leurs achats». Le modèle O2O s’adresse à cette clientèle. Il permet de trouver des clients sur la toile et de les diriger vers des boutiques physiques en proposant souvent des bons de réduction.

Selon les statistiques de Nielsen, le Vietnam comptait en 2014 quelque 22 millions d’utilisateurs de smartphones, soit une augmentation de 34% par rapport à 2013. Et leur nombre connaîtra une hausse de 50% cette année. Surfant sur cette tendance, Trân Lâm décide alors de lancer Vice.cool, la première application de shopping au Vietnam sur Smartphone exploitant le modèle O2O. «Nos clients sont pour la plupart des femmes. Vice.cool est facile d’utilisation et les étapes de paiement sont simplifiées», précise Trân Lâm.

Vice.cool compte aujourd’hui 2.500 abonnés. Leur nombre quintuple presque chaque mois. L’application présente quelque 500 produits d’une vingtaine de grandes marques dont L’Oréal, Christian Dior, Gap, Yves Rocher, Chill Sky Bar ou encore Hard Rock Cafe. Grâce à son développement fulgurant, Vice.cool a été évaluée à un million de dollars par un fonds d’investissement. Trân Lâm s’est fixé comme objectif d’étendre son application à d’autres pays d’Asie-Pacifique dans les 18 mois à venir.

«Je ne sais pas à partir de quand le Vietnam est devenu ma demeure», confie Trân Lâm. Dans tous les cas, c’est bien ici qu’il compte s’établir définitivement. «Le Vietnam est différent des autres pays où j’ai passé une partie de ma vie. Chacune de mes mésaventures m’a donné des envies d’ailleurs. Mais quand je suis arrivé au Vietnam, j’ai rapidement compris que j’avais trouvé la dernière destination dans mon itinéraire».

Vân Anh/CVN

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