Forces de gestion du marché saisissant une contrebande de cigarettes dans le 3e arrondissement de Hô Chi Minh-Ville. |
Hô Chi Minh-Ville demeure, malgré les nombreuses mesures prises pour lutter contre le tabac, l’une des villes du pays où l’on consomme le plus de cigarettes. Cet état de fait a plusieurs causes.
Il est extrêmement facile de trouver des produits du tabac, à commencer par les cigarettes, qu’elles soient ordinaires ou de luxe. Les marques nationales et internationales sont vendues partout. Bref, il est presque plus aisé de trouver des cigarettes que du pain.
La route Hoc Lac, dans le 5e arrondissement, surnommée la «route des cigarettes» et qui existait déjà en 1975, demeure très animée. Selon les vendeurs, on y trouve de tout, produits légaux comme illégaux.
Une contrebande florissante
Selon Lê Minh Nga, vendeuse de cigarettes de la rue Truong Chinh dans l’arrondissement de Tân Binh, les bénéfices qui peuvent être retirés de la vente de tabac encourage la multiplication des buralistes. Chaque jour, un marchand peut gagner près de 100.000 dôngs, ce qui permet de payer les dépenses courantes.
La contrebande est aussi l’un des facteurs de l’augmentation du nombre de vendeurs au détail. Nguyên Van Bach, vice-directeur de la gestion du marché, explique que les cigarettes de contrebande traversent les frontières via les provinces de Long An et de Tây Ninh. Ces dernières années, des véhicules de plus en plus nombreux, mais aussi de plus en plus divers ont été utilisés pour ce trafic, acheminant des milliers de paquets de cigarettes chaque jour.
Ces cigarettes de contrebande sont stockées dans des entrepôts au bord de l’autoroute 22, des routes provinciales des districts de Cu Chi, Binh Chanh et de Hoc Môn, ou encore dans les zones de Dong Chua et Phuoc Thanh, et même dans la station d’autobus de Cu Chi. Un marché au développement dynamique devant lequel les gestionnaires ne peuvent rien faire, compte tenu de l’ampleur de la tâche et faute d’être suffisamment nombreux.
La loi de lutte contre le tabagisme, entrée en vigueur le 1er mai 2013, n’est pas appliquée au quotidien. Aux environs de l’hôpital Cho Rây, malgré les panneaux d’interdiction de fumer situés à l’entrée, devant la zone administrative et l’entrée des patients, on voit des gens fumer. Selon M. Trân Cu, responsable des gardiens de l’hôpital, ses équipes constatent quotidiennement de 30 à 40 fumeurs en infraction, et beaucoup d’entre eux ne se comportent pas correctement lorsqu’on leur demande d’arrêter.
De fait, il n’y a pas de sanctions claires prévues dans la Loi de lutte contre le tabagisme, la plupart des contrevenants ne se voyant infliger qu’une légère remontrance. De même, nombre de policiers locaux n’ont pas reçu d’instructions pour la sanction de ces infractions, tandis que d’autres considèrent que les infractions qui n’entraînent pas de graves conséquences ne sont pas graves
Pour résoudre ce problème, il ne faut pas seulement intensifier la coopération entre les forces officielles, sanctionner les infractions et lutter plus rigoureusement contre la contrebande, il faut aussi communiquer sur les conséquences néfastes du tabac.
Concernant la contrebande, il est prévu, entre autres, un plan de coordination approfondie avec les provinces frontalières, en vue de contrôler les trafics. Trinh Van Hiêp, chef du comité de pilotage du programme de lutte conter le tabac du Service de la santé de Hô Chi Minh-Ville-Ville, souligne qu’au Vietnam, le tabagisme est depuis toujours une affaire majoritairement d’hommes. De plus, qu’ils soient fumeurs ou non, les citoyens considèrent que fumer est normal. Arrêter est trop difficile pour une majorité des fumeurs. Des mesures doivent être prises pour les soutenir durant le sevrage.
Accompagner le sevrage des fumeurs
Pour dissuader les fumeurs, certains hôpitaux, comme celui d’obstétrique Mêkong, ont installé des caméras de surveillance. L’établissement applique des sanctions telles que réprimandes et report de paiement du salaire pour son personnel. À l’extérieur, il collabore avec les forces de police pour disperser les vendeurs de cigarettes. Le service de restauration collective de l’établissement a décidé ne pas vendre de tabac.
Sevrage des fumeurs dans l'hôpital Nhân Dân 115, à Hô Chi Minh-Ville. |
Certains quartiers et communes ont mis sur pied des communautés sans fumée, comme les quartiers 6 et 28 de l’arrondissement de Binh Thanh, la commune Nhi Binh du district de Hoc Môn, le 11e quartier du 5e arrondissement. Depuis 2014, certains ont édicté des sanctions administratives en cas de non-respect des espaces non-fumeurs, notamment une amende de 200.000 dôngs par infraction.
Par ailleurs, pour traiter l’addiction au tabac, Hô Chi Minh-Ville a créé deux salles de consultation et de thérapie au sein des hôpitaux Pham Ngoc Thach et Gia Dinh. En 2015, elle en créera deux autres dans l’Hôpital général de Hoc Mon et celui de médecine traditionnelle. De même, le secteur municipal de la santé travaille à la création d’une salle de traitement sans médicaments pour les cas lourds, dans le Centre municipal de propagande et d’éducation à la santé.
Trân Lam Lan Huong, directrice du Centre municipal de la propagande et de l’éducation à la santé, souligne qu’«au fond, les fumeurs ont conscience des effets nocifs du tabac, plus particulièrement lorsqu’ils deviennent parents. La meilleure preuve, c’est qu’autour de l’Hôpital de Pédiatrie et des hôpitaux ayant un service pédiatrique, le nombre de fumeurs est très faible, voire nul. Des mesures doivent être prises pour réduire le nombre de fumeurs. C’est essentiel».
Quang Châu/CVN