>> Climat : les émissions de méthane largement sous-estimées, alerte l'AIE
>> Un nouvel instrument aide à détecter les "super-émetteurs" de méthane depuis l'espace
Image satellite d'un panache de méthane de trois kilomètres détecté au sud-est de Carlsbad, au Nouveau-Mexique, depuis l'espace par la mission de la NASA EMIT. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'Organisation météorologique mondiale (OMM) note que la raison de cette augmentation exceptionnelle par rapport à 2020 du taux de méthane, qui a un effet beaucoup plus puissant que le CO2 mais moins durable, "n'est pas claire, mais semble être le résultat de processus à la fois biologiques et induits par l'homme", dans un communiqué à l'occasion de la publication de son Bulletin des gaz à effet de serre.
Ces chiffres soulignent "une fois de plus, l'énorme défi - et la nécessité vitale - d'une action urgente pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et empêcher que les températures ne grimpent encore plus à l'avenir au niveau mondial", a déclaré le secrétaire général de l'OMM, Petteri Taalas.
Le même jour, l'agence de l'ONU pour le climat a prévenu que les derniers engagements internationaux en date sont "très loin" de répondre à l'objectif de l'accord de Paris de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C.
"Nous allons dans la mauvaise direction", a renchéri M. Taalas.
En 2020 et 2021, la concentration de méthane - deuxième plus important contributeur au réchauffement climatique - a augmenté de respectivement 15 et 18 parties par milliard (PPB). L'origine des émissions est difficile à établir parce que les sources d'émissions et les "puits" qui absorbent le gaz peuvent se confondre, explique l'OMM.
"Il existe des stratégies rentables pour lutter contre les émissions de méthane, en particulier dans le secteur des énergies fossiles et nous devons les mettre en œuvre sans tarder", a souligné Petteri Taalas.
Pourquoi ?
Il a été beaucoup question de méthane ces derniers temps avec le sabotage du gazoduc Nord Stream, ou le projet de taxer les rots et pets du bétail en Nouvelle Zélande. Mardi 25 octobre, la NASA a révélé qu'elle avait détecté depuis l'espace des dizaines de "super-émetteurs" de méthane.
Des sites généralement liés aux secteurs des énergies fossiles, du traitement des déchets ou encore de l'agriculture.
Graphiques sur les émissions de méthane et comparaison avec CO2, principal gaz à effet de serre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Pour ce qui est de la progression continue du taux de méthane dans l'atmosphère depuis 2007, les scientifiques n'ont pas encore de certitude, mais ils estiment qu'elle "provient en grande partie de sources biogènes, telles que les zones humides ou les rizières".
Il est trop tôt pour dire si les bonds enregistrés en 2020 et l'année dernière sont dus à la décomposition plus rapide de la matière organique dans l'eau sous l'effet d'une chaleur accrue où aux épisodes de la Nina, qui créé des conditions favorables à l'émission de méthane en faisant augmenter les précipitations dans les régions tropicales.
CO2 toujours
Mais M. Taalas rappelle aussi que l'ennemi à abattre avant tout est le dioxyde de carbone.
"La priorité absolue est de réduire drastiquement et de toute urgence les émissions de dioxyde de carbone, qui sont les principales responsables du changement climatique et des phénomènes météorologiques extrêmes qui y sont associés", a mis en garde le patron de l'OMM, ajoutant que ces émissions auront une répercussion sur le climat pendant des milliers d’années via la fonte des glaces aux pôles, le réchauffement des océans et l’élévation du niveau de la mer.
En 2021, la concentration de l'atmosphère en dioxyde de carbone s’élevait à 415,7 parties par million (ppm), celle de méthane à 1.908 parties par milliard (ppb) et celle de protoxyde d’azote à 334,5 ppb, soit une progression de 149%, 262% et 124%, respectivement, par rapport à l’époque préindustrielle.
Les émissions mondiales de CO2 ont recommencé à augmenter depuis la fin des confinements liés à la pandémie de COVID-19 en 2020.
Entre 2011 et 2020, environ 48% des émissions totales de CO2 dues aux activités humaines s'étaient accumulées dans l’atmosphère, 26% dans les océans et 29% dans la biosphère terrestre.
"Il est à craindre que les écosystèmes terrestres et les océans soient moins efficaces dans leur fonction de +puits+, ce qui réduirait leur capacité d’absorber le dioxyde de carbone et de prévenir une élévation plus marquée de la température", souligne l'OMM, qui constate que dans certaines régions du monde les puits à CO2 se transforment en source du gaz.
AFP/VNA/CVN