Sculpture sur pierre à Dà Nang. |
Les rejets polluants de ces villages de métier affectent directement l’eau, l’air et les sols des régions alentours, densément peuplées. Même si la plupart des villages sont de petite taille, les technologies de fabrication, complètement dépassées, engendrent une grave pollution.
Selon les rapports du ministère des Ressources humaines et de l’Environnement, la pollution de l’eau (cours d’eau et nappes phréatiques) est préoccupante dans ces villages. Les secteurs agroalimentaire, l’élevage et/ou l’abattage, le textile, la métallurgie sont très gourmands en eau et rejettent une grande quantité d’eaux usées sans traitement préalable.
La pollution de l’air concerne davantage les villages de céramique, de fabrication des matériaux de construction et d’exploitation des pierres. La raison : l’utilisation massive et quasi-exclusive de charbon dans le processus de fabrication. S’ajoute à cela l’accumulation des déchets solides, qui ne sont ni ramassés ni traités dans leur très large majorité.
Dans les villages spécialisés dans la métallurgie, 60% de la population est atteinte de maladies diverses et variées : problèmes auditifs, respiratoires, cutanés, cancers... De plus, 8-30% de la population des villages de métier souffrent de maladies de l’appareil digestif, 4,5-23% de dermatoses, 6-18% de maladies respiratoires, 9-15% de maladies ophtalmologiques...
Gros investissements pour le traitement des déchets
Face à ce problème grandissant de santé publique, le gouvernement a approuvé le programme national de lutte contre la pollution et d’amélioration de l’environnement pour la période 2012-2015. Ce programme a pour objet la décontamination de 100 zones lourdement polluées par les produits chimiques et la mise en œuvre de projets de traitement des eaux usées des centres urbains rejetées dans les bassins des rivières Nhuê, Day et Câu au Nord, ainsi que dans le réseau du fleuve Dông Nai, au Sud.
Son budget total, de 5.863 milliards de dôngs, sera utilisé pour construire un système de collecte et de traitement des déchets, stopper la pollution causée par les produits chimiques, créer des zones dites de sécurité de sorte que les habitants ne soient plus exposés à pareille pollution, ainsi qu’inciter les artisans à exercer des métiers moins polluants.
Mais ce n’est pas tout, puisque des enquêtes servant à évaluer la pollution dans ces villages seront menées afin de chercher des mesures susceptibles d’améliorer l’environnement. Les villages dont la production est indélocalisable percevront des subventions pour construire leurs propres systèmes de ramassage et de traitement des déchets. Ces subventions serviront également à moderniser les infrastructures de production et à les mettre aux normes environnementales. Le programme national octroiera aussi une partie de son budget à décontaminer les zones polluées des villages dont la production a été délocalisée dans les zones industrielles.
Barème de pollution des villages de métier
Le Docteur Huynh Trung Hai, de l’Institut des sciences et des technologies environnementales relevant de l’École polytechnique de Hanoi, propose aux services responsables de mettre au point et de publier un barème de pollution des villages de métier. Le but étant de réaliser un classement précis et ainsi de trouver, d’appliquer des solutions en fonction de la situation de chaque village. Sans oublier la création de services d’inspection pour contrôler les avancées opérées.
Au village de la soie de Van Phuc (Hanoi). |
Selon Nguyên Xuân Ly, chef du Département de police de l’environnement, la solution passe avant tout par la sensibilisation des habitants sur ce problème, par le biais de campagnes de communication. Les forces de police dont il a la charge partiront à la chasse aux contrevenants, avec des amendes revues à la hausse pour un effet plus dissuasif.
Le Docteur Bùi Cach Tuyên, vice-ministre des Ressources naturelles et de l’Environnement, aussi chef du Département général de l’environnement, informe que le ministère consacrera 1.400 milliards de dôngs pour l’expérimentation des projets de lutte contre la pollution. L’objectif est de donner la priorité à la prévention plutôt qu’à la lutte contre la pollution.
Dans cette optique, des technologies de production propres seront aussi appliquées, ce qui, selon le ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement, constitue la mesure la plus efficace. De toute façon, il faut agir, et vite, tant l’on sent déjà souffler le vent du boulet...
Hà Minh/CVN