Hanoi devrait prévoir la construction de 6 routes surélevées, soit une longueur totale de 34 km. Ces projets, selon le Service municipal des transports et des communications, nécessiteront un investissement à hauteur de plus de 32.000 milliards de dôngs.
En raison de la forte hausse des moyens de transport individuels et de la lenteur de la construction des infrastructures, les embouteillages se produisent de plus en plus fréquemment, surtout aux heures de pointe. La construction de routes de ce genre et la réorganisation des noeuds de communication sont considérées par les experts comme des mesures faisables, ce pour réduire les embouteillages.
Ledit service a soumis aux autorités municipales le projet de 6 routes de ce genre. La première route, dotée de 4 voies, suivrait la digue Huu Hông, reliant le boulevard périphérique Lac Long Quân à la rue Yên Phu (arrondissement de Tây Hô). Le 2e ouvrage se situerait au-dessus de la route périphérique 2, entre Nga Tu So, la rue Minh Khai et le pont Vinh Tuy (arrondissement de Hoàng Mai). Cette route comprendrait des toboggans de 3 étages. Avec 4 voies, la 3e route suivant la route périphérique 3 relierait l'aéroport de Nôi Bài, la rue Mai Dich, Linh Dàm à Phap Vân (au sud de la capitale). Selon le comité de gestion des projets Thang Long (relevant du ministère des Transports et des Communications), en ce mois-ci, le tronçon de Mai Dich à Phap Vân, de 10,8 km de long, premier de ce genre, entrerait en chantier. Selon le plan, cet ouvrage serait terminé en 30 mois. Pour sa part, le tronçon Nôi Bài-Mai Dich devrait démarrer sa construction après 2020.
Le 4e axe routier, dotée également de 4 voies, partirait de la gare de Hanoi pour suivre les rues Xa Dàn, Pham Ngoc Thach, Tôn Thât Tùng, Kim Giang jusqu'à la route 70. Le 5e traverserait les rues Trân Duy Hung, Liêu Giai jusqu'au Lac de l'Ouest. La construction de cet ouvrage devra intégrer la ligne ferroviaire surélevée de la rue Kim Ma à Hoà Lac. La dernière route relierait la rue Giang Vo à Thanh Xuân, en traversant la rue Lang Ha.
Parallèlement, la construction des noeuds de communication (Ô Cho Dua, Daewoo et dans les routes périphériques 2 et 3) devrait être privilégiée d'ici à 2015.
Lors d'une récente séance de travail avec le ministre des Transports et des Communications, Hô Nghia Dung, le maire adjoint de Hanoi, Nguyên Thê Khôi, dit que les questions concernant les susdits ouvrages devraient être résolues synchroniquement. "Le Service municipal des transports et des communications est chargé de collaborer avec les organismes concernés afin d'assurer le succès des projets", ajoute-il.
Opinions d'experts
Bien que Hanoi construise un réseau de routes plus denses, la forte croissance des moyens de transport individuels provoque des embou- teillages de plus en plus graves. "C'est pourquoi, la construction d'ouvrages de communication surélevé et souterrains est indispensable", dit l'architecte Trân Trong Hanh, ex-recteur de l'Université d'architecture de Hanoi. D'après lui, la construction des ouvrages de ce genre est déjà "trop tardive".
Cet architecte indique qu'avec les inondations fréquentes à Hanoi, la construction de routes surélevées est logique. "De plus, le prix des ouvrages de ce genre est moins cher que celui des autres souterrains, parce que les frais de maintenance des ouvrages souterrains sont très élevés", explique-t-il.
Selon M. Hanh, dans les 5 ou 10 années, la circulation à Hanoi sera une question brûlante. "Hanoi devrait se doter d'une vision à long terme en la matière pour son développement durable", précise-t-il. D'après lui, la construction de routes surélevées devrait aller de pair avec celle des ouvrages de communication publics et s'intégrer avec le paysage et l'architecture de la capitale.
"En principe, nous demanderons à Hanoi de ne pas construire de routes de ce genre ni celles à 2 étages dans la zone des anciens quartiers ainsi que sur l'axe du périphérique 1", affirme pour sa part La Thi Kim Ngân, directrice de l'Institut d'urbanisme et de construction de Hanoi. Ledit institut est chargé d'étudier la faisabilité des projets de routes surélevées.
D'après Mme Ngân, il ne faut pas bâtir des ouvrages de ce genre autour de l'ancienne cité impériale de Thang Long et l'ancien quartier français. Récemment, la municipalité a annoncé une étude concernant la construction de ces routes entre Hoàng Quôc Viêt-Buoi-Hoàng Hoa Tham ou Hoàng Quôc Viêt-Buoi-Hoàng Hoa Tham et la route en bordure du Lac de l'Ouest. "D'après moi, il ne faut pas construire ces ouvrages autour du quartier politique de l'arrondissement de Ba Dinh et du Lac de l'Ouest", dit-elle.
L'architecte Dào Ngoc Nghiêm, ex-directeur du Service municipal de l'urbanisme et de l'architecture, s'inquiète pour sa part de la construction des tronçons Nga Tu So-Nga Tu Vong-Minh Khai-Vinh Tuy. "Il s'agit d'une région à forte densité de population et de moyens de transport nombreux. Comment connecter la route surélevées et la route terrestre sera tout un problème. Ce noeud de communication pourrait devenir une zone d'embouteillage fréquent", souligne M. Nghiêm.
Il montre que la construction de la route au-dessus la digue Huu Hông (route surélevée N°1) est problématique. Si la route est construite en dehors de la digue, elle se trouvera dans une zone dont la planification n'a pas été approuvée. Si c'est en dedans, cette construction influera sur des sites historiques dont la maison communale de Yên Phu -un ouvrage réputé de Hanoi. De plus, celle-ci pourrait affecter la solidité de la digue Huu Hông. La construction de la route reliant la rue Liêu Giai-Lac de l'Ouest pourrait beaucoup gâcher le paysage, surtout autour du Lac de l'Ouest, ajoute M. Nghiêm.
Le coût de la construction des routes surélevées est de 1,5 à 2 fois supérieur à celui des ouvrages ordinaires, selon les experts. Avec son élargissement, le parc foncier de Hanoi a considérablement augmenté. "Il faudrait calculer minutieusement le coût de chaque ouvrage, de dédommagement concernant les terrains expropriés, etc.", affirme l'ex-directeur du Service municipal de l'urbanisme et de l'architecture.
D'après Iwata Shizuo, délégué en chef des chercheurs de l'Agence japonaise de coopération internationale (JICA) au Vietnam, la question primordiale pour la lutte contre les embouteillages à Hanoi est de construire un réseau de routes ordinaires de très bonne qualité. "Dans l'immédiat, JICA a proposé à la municipalité de perfectionner le réseau des routes actuelles. De plus, le rythme de beaucoup de projets reste lent comme le pont Thanh Tri. Dans 10 ans seulement, Hanoi aura besoin de routes surélevées", explique M. Shizuo.
JICA a également aidé à améliorer la circulation à Hô Chi Minh-Ville en proposant de construire une route aérienne. "C'est plus logique de construire des ouvrages de ce genre dans la mégapole du Sud, parce que cette ville est plus large que Hanoi qui, de plus, possède des ouvrages historiques à protéger", dit Iwata Shizuo. Toujours selon lui, Hanoi pourrait appliquer un plan de taxation pour les moyens de transport venant intra-muros, ou augmenter les frais de stationnement, surtout ceux des voitures, dans le centre-ville. Ce qui permettrait d'augmenter le budget municipal ainsi que limiter le nombre des moyens de transports entrant dans le centre-ville, conseille-t-il.
Hoàng Phuong/CVN